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Détournements à la Coop : Yves Zehr à nouveau devant le tribunal

Après un report en juin, Yves Zehr, ancien PDG de Coop Alsace, doit à nouveau comparaître devant le tribunal de Strasbourg aujourd’hui et demain. L’audience accueillera également six témoins qui expliqueront s’ils ont vu passer les quelques 1,4 millions d’euros que la justice accuse Yves Zehr d’avoir détournés en utilisant des bons d’achats. Rue89 Strasbourg vous livre tous les détails, et vous invite à suivre le procès en direct.

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Yves Zehr ce matin devant le tribunal correctionnel (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Yves Zehr ce matin devant le tribunal correctionnel (Photo PF / Rue89 Strasbourg)
Yves Zehr le 6 juin devant le tribunal correctionnel (Photo PF / Rue89 Strasbourg / CC)

Pour la justice, l’affaire a commencé le 24 mai 2012, lorsque le Parquet de Strasbourg est saisi d’une plainte du comité central d’entreprise (CCE) de la Coop selon laquelle 800 bons d’achats de 100€ auraient été remis à Yves Zehr, PDG de la Coop entre 1999 et 2011. Le lendemain, le Parquet reçoit une plainte similaire de la direction de Coop Alsace dans laquelle la Coop fournit les résultats d’un audit comptable, révélant qu’un mécanisme de détournements de ces bons d’achats actif depuis 2007 au moins aurait lésé l’entreprise d’au moins 1,4 million d’euros.

Le mécanisme décrit par un audit de la Coop

Selon cet audit, des bons d’achats gratuits ont été émis par un salarié à la caisse du siège de la Coop au Port-du-Rhin, sur instruction du secrétariat d’Yves Zehr. Le secrétariat remettait au caissier la matrice de tirage, signée par Yves Zehr. Les bons édités étaient ensuite remis à la secrétaire d’Yves Zehr, Michèle Heitz, puis présentés, par l’ancien PDG lui-même, à la caisse centrale de l’hypermarché Leclerc de Geispolsheim, géré par la Coop à cette date. Les bons étaient échangés contre des espèces, prélevés sur les recettes du magasin avec pour seul justificatif une indication du montant des bons comptabilisés en « frais de publicité ».

A la suite de ces plaintes, le Parquet a ordonné une enquête préliminaire qui a abouti à la garde à vue puis à la mise en examen et au placement en détention d’Yves Zehr le 16 novembre 2012 pour abus de biens sociaux et blanchiment à titre habituel. Le 3 mai 2013, le juge Jean-Baptiste Poli rend son ordonnance de renvoi. Yves Zehr, 66 ans, et son épouse Marie-Louise sont présentés une première fois le 6 juin devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. Mais l’audience est reportée au 2 et 3 juillet, sur la demande de la défense d’Yves Zehr, souhaitant faire intervenir six témoins supplémentaires.

Six témoins supplémentaires

Ces auditions vont peut-être permettre aux salariés de la Coop de mieux comprendre ce qui s’est passé au sein de leur entreprise car, depuis que Rue89 Strasbourg a révélé l’affaire, ils vivent au rythme de la restructuration de la Coop et des plans sociaux. L’entreprise est passée de 3 400 salariés à moins de mille en deux ans, 1 700 ayant été transférés à Leclerc.

Neuf témoins seront appelés à l’audience :

  • Serge Lorentz, ancien secrétaire général de la Coop,
  • Michèle Heitz, ancinne secrétaire d’Yves Zehr,
  • Christian Duvillet, actuel PDG de Coop Alsace,

Et la défense d’Yves Zehr a demandé et obtenu les auditions de :

  • Denis Fischer, ancien directeur général de Coop Alsace,
  • Joseph Fleck, ancien administrateur de Coop Alsace,
  • Léon Gengenvin, ancien administrateur de Coop Alsace,
  • Paulette Starcke, secrétaire à la Coop,
  • Fabienne Wrege, secrétaire de direction à la Coop,
  • et Robert Dirr, ancien chef comptable de la Coop.

Le tribunal de Strasbourg les interrogera sur les mouvements des bons d’achat dont l’instruction a retrouvé la trace.

A cette liste, il faut ajouter les 800 bons de 100€ émis le 19 mars 2012, soit un montant total de bons émis de 1 437 000€ (doc Rue89 Strasbourg)
A cette liste, il faut ajouter les 800 bons de 100€ émis le 19 mars 2012, soit un montant total de bons émis de 1 437 000€ (doc Rue89 Strasbourg)

Selon certains témoignages relevés par l’instruction, Yves Zehr se servait dans la caisse de l’hypermarché de Geispolsheim depuis 1997, alors qu’il n’était que directeur commercial et ce, au vu et au su des directeurs successifs du magasin. Ces derniers admettent ces transferts du bout des lèvres, pointant qu’ « il s’agissait du patron » ou nient.

Le mécanisme d’échange était bien rôdé. Dans les écritures comptables, le compte 532 « Coffre » était crédité du montant des bons et le compte 488 « pub commune » était débité du même montant. Le service comptable du siège compensait alors depuis le compte 623 « charges de publicité », ligne qui était dédiée aux six hypermarchés que le groupe détenait alors. Selon l’audit commandé par Coop, cette fraude « par détournement d’actif » était difficilement décelable, chaque employé à la comptabilité traitant les opérations séparément et les frais de publicité du groupe s’élevant de 7 à 9 millions d’euros par an.

Où est allé l’argent des bons d’achats ?

Autre question qui sera récurrente pendant ce procès, la destination des sommes ainsi détournées des coffres de la Coop. Car si Yves Zehr ne conteste pas les détournements, il réfute en revanche les accusations d’enrichissement personnel. Selon sa défense, l’argent détourné est allé à des « relais d’opinion », dans l’intérêt de la Coop. Mais la justice a épluché ses comptes, qui font apparaître de réguliers dépôts d’espèces :

Versements d'espèces sur le compte d'Yves Zehr de 2007 à 2012 (doc Rue89 Strasbourg)
Sommes annuelles des versements d’espèces sur le compte d’Yves Zehr de 2007 à 2012 (doc Rue89 Strasbourg)

Yves Zehr devra expliquer d’où vient tout cet argent liquide d’autant que son salaire lui était versé  de la Coop Alsace par virement bancaire. Selon son avocat Me Bernard Alexandre, ces versements proviennent de la vente d’œuvres d’art, dont Yves Zehr fait la collection au grand dam de son épouse. Les enquêteurs notent toutefois que ces mouvements d’argent ne sont pas corrélés avec les retraits de bons d’achats.

L’histoire du faux partenariat avec la SIG

Parmi les bénéficiaires probables de la générosité d’Yves Zehr, les enquêteurs ont trouvé la SIG, le club de basket strasbourgeois. L’ancien PDG de la Coop y est très attaché. Membre du directoire jusqu’en 2009, le dirigeant assistait régulièrement aux matchs en payant, vraiment, un abonnement VIP pour lui et son épouse, qui devait être ravie décidément. La Coop Alsace versait 180 000€ ainsi que des paires de knacks au club de basket en échange d’un logo sur toute la largeur du maillot des joueurs.

Problème : ce contrat de partenariat n’était pas signé lorsque Yves Zehr a dû quitter la Coop en avril 2011, et l’actuel PDG, Christian Duvillet, l’a dénoncé lorsqu’il en a eu connaissance. Yves Zehr a donc créé un faux contrat, antidaté au 18 février 2011, période durant laquelle il était encore PDG de la Coop, ce qui lui vaut d’être également mis en examen pour faux en écriture. Surpris par l’apparition inopinée de ce contrat, la Coop et Casino ont finalement payé chacun 90 000€ à la SIG. (Voir cet article pour les détails de ce contrat fantôme)

Yves Zehr a réfuté l’idée que l’argent des bons d’achat ait pu aller à la SIG, sauf pour quelques menus produits destinés aux vestiaires. Néanmoins, il a cité aux enquêteurs quelques organismes destinataires d’une aide de la Coop : l’aviron-club du pays d’Erstein (1 000€ en espèces), le football-club de Dinsheim-sur-Bruche (chèques de 2 000€, 1 000€ de bons d’achats), le club de basket de Gries (50 000€ dont 30 en virement et 20 en bons d’achats)…

On est encore loin du compte. Malgré six mois de détention, Yves Zehr n’a pas dévoilé le reste de ses bénéficiaires. Le juge a deux jours pour le faire changer d’avis.

Le compte-rendu de l’audience en direct

Fin de l’audience aujourd’hui. Merci d’avoir suivi ce compte rendu avec nous et nous vous donnons rendez-vous demain, dès 8h30.
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « M. Zehr, je ne comprends pas pourquoi vous ne l’avez pas mentionné auparavant ! Il semble qu’il y ait une montagne de petites magouilles, qui se dévoilent aujourd’hui alors que vous êtes acculé. »
Yves Zehr : « M. Aeschelmann m’avait indiqué qu’il fallait vendre les alcools de M. Christ, qui a été un excellent basketteur et membre du cercle catholique. Cet alcool arrivait directement à Geispolsheim et M. Christ était rémunéré en bons d’achats ou en numéraire. » La présidente s’énerve que ces éléments n’aient pas été versés au dossier plus tôt.
Yves Zehr est appelé à la barre pour expliquer cette histoire de whisky parallèle…
Jacques Fournier explique qu’il recevait parfois du whisky, directement par un certain Jérôme Christ (administrateur à la SIG et directeur de Sovedi, entreprise de liqueurs) et que M. Christ était payé directement par le siège. Jérôme Christ était appelé comme témoin par la défense mais il a fait valoir un certificat médical pour ne pas se présenter aujourd’hui à l’audience.
Me Alexandre, qui a fait citer ce temoin, lui pose une question sur les contrôles effectués. M. Jacques Fournier confirme qu’il était surveillé de près par la direction centrale.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Donc quand le PDG vient dans votre magasin, vous ne savez pas ce qu’il est venu faire dans votre magasin et ça ne vous intéressait pas ? Eh ben il faut y croire. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « M. Fournier, vous avez déclaré que lorsque Yves Zehr venait, il allait souvent au coffre, quand vous n’étiez pas là. »
La présidente lui explique qu’un autre directeur savait très bien que M. Zehr venait se servir dans la caisse du magasin de Geispolsheim.
Jacques Fournier : « L’échange de bons d’achats en numéraire était interdit, c’était pour les achats dans la Coop. »
Jacques Fournier : « J’avais 300 personnes à gérer, je n’étais pas là pour gérer ce que faisait mon PDG quand il venait dans mon magasin. »
M. Fournier : « Les bons d’achats ? Quoi les bons d’achats ? Moi je n’ai rien vu. »
Jacques Fournier s’avance, il a été directeur de supermarché et de l’hypermarché de Geispolsheim pendant 8 ans. Il ne s’est pas entendu avec M. Bruno Vincent Genod, et a démissionné. M. Fournier met en avant ses performances en termes d’inventaire et de progression du chiffre.
Joseph Fleck s’en va, en silence, en claudiquant, sans que le procureur ne lui pose aucune question.
Joseph Fleck : « L’argent venait d’un compte en Suisse, une ristourne en provenance d’une entreprise qui nous fabriquait les meules pour l’emmental. Enfin, c’est ce que j’ai entendu dire… »
Joseph Fleck : « Nous avons reçu 70€ par réunion pour les frais, soit 210€ pour l’année, plus une indemnité kilométrique. Ces frais étaient payés en liquide. On nous a dit qu’il n’était pas nécessaire de les déclarer au fisc. Il en était ainsi depuis 1976. »
C’est le témoin de Me Alexandre, qui lui demande : « Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur les modalités de rémunération des administrateurs ? »
Joseph Fleck avait déjà des bons d’achat en 1989, mais c’était pour dédommager les clients insatisfaits. (on progresse)
Joseph Fleck a fait toute sa carrière à la Coop, depuis chef de magasin. Il est devenu chef de la logistique et de la production en 1975. En 1987, il s’est occupé des Maxi Coop. Puis il a été directeur général adjoint, en charge de la direction commerciale en 1988… La présidente le coupe parce qu’il était lancé dans les problèmes de déficits structurels de la Coop en 1989.
Apparaît Joseph Fleck, 85 ans, ancien administrateur de la Coop.
Mme Heitz : « Pour moi, c’était pour les animations commerciales des hypermarchés, les clients pouvaient gagner ces bons lors de jeux concours par exemple… »
A l’invitation de Me Alexandre, Christian Duvillet précise : « M. Zehr est intervenu en tant qu’administrateur, il n’était plus salarié, il n’avait plus de fonction hiérarchique. » Mais Mme Heitz répond que M. Zehr « était encore le patron, il travaillait avec nous ». Me Alexandre : « Est-ce qu’il dirigeait ce groupe de travail ? » Mme Heitz : « Il nous conseillait, c’est lui qui connaissait mieux la distribution. »
Me Bernard Alexandre commence à poser quelques questions à Mme Heitz. Appelé par la présidente, Christian Duvillet, l’actuel PDG de Coop, précise qu’il avait effectivement placé Mme Heitz à la cellule Casino : « Elle était effectivement en roue libre. M. Zehr assistait aussi dans cette cellule, mais elle répondait à la direction. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet demande comment ça s’est passé pour les 800 derniers bons : « comment avez-vous pu imprimer pour 80 000€ de bons avec votre imprimante alors que vous avez dit qu’Yves Zehr était indésirable à la Coop ? » Michèle Heitz : « Je ne sais pas ce que M. Zehr faisait avec ces bons, je suis tombé des nues quand j’ai appris. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Vous éditez ces bons, vous les lui donnez et vous ne savez pas ce qu’il en fait ? » Mme Heitz : « Non, je suis une simple secrétaire. »
Michèle Heitz peine à indiquer à qui elle donnait ces fameux bons…
Brice Raymondeau-Castanet : « Ok, on va passer au reste… Ces bons d’achat… vous émettiez pour 1,3 M€ en cinq années pour YZ, c’était la même chose pour les autres directeurs ? »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Dans ce courrier à la SIG daté du 18 février 2011, YZ indique l’avoir dicté en septembre 2011 et vous avoir dit de le dater au 18 février 2011. Et vous nous dites l’inverse, vous allez vous entêter longtemps là dessus ? » Elle répond de manière évasive… Le procureur s’énerve un peu : « Seule l’habitude d’antidater des courriers peut justifier qu’on oublie de l’avoir fait ! »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet prend la parole. Il demande à Mme Heitz si elle a revu Yves Zehr depuis son départ. Elle répond que « non ».
Mme Heitz : « Moi j’éditais des bons, je les remettais à un directeur, mais ça pouvait être quelqu’un d’autre qu’Yves Zehr. ça pouvait être Serge Lorentz ou même un directeur de magasin. »
Me Michaël Plançon, conseil du CCE de la Coop, demande à Mme Heitz si elle savait à qui étaient destinés ces bons d’achats. Elle répond que non.
Michèle Heitz : « Je datais du jour tous mes courriers, je ne me souviens pas avoir antidaté ce courrier. »
La présidente du tribunal s’énerve : « On vous demande de mettre une date qui n’est pas celle de la création du courrier et ça ne vous étonne pas ? »
La présidente demande comment s’est passé la rédaction du courrier antidaté pour la SIG. Michèle Heitz : « Pour la date, je ne sais pas… Je n’ai jamais falsifié une date. »
Michèle Heitz : « On ne m’avait pas donné d’ordres pour me dire que je ne devais plus travailler avec M. Zehr, il était président d’honneur… »
Michèle Heitz : « ça fait plus de 20 ans que je fais des bons… On me donne le nombre, je descends à la caisse centrale et puis voilà. »
Michèle Heitz : « Quand M. Duvillet m’a convoquée pour parler des derniers bons, j’ai trouvé ses manières pas correctes, me mettre dans une pièces fermées, à cogiter… J’aurais préféré être accompagnée pendant cet entretien. »
Michèle Heitz : « Sur les derniers bons, j’ai fait la même chose même si M. Zehr n’était plus PDG. Pour moi, il n’avait jamais vraiment quitté l’entreprise, il était toujours mon patron. J’étais dans le groupe de travail pour le projet Casino, dans lequel était Yves Zehr. »
Michèle Heitz : « Je descendais à la caisse centrale, je prenais des bons et je signais un bordereau. Puis je les éditais et je les remettais à M. Zehr. »
Michèle Heitz : « Yves Zehr est un homme respectable, honorable et j’ai toujours travaillé en toute confiance avec lui. J’ai édité les bons d’achats, dont les derniers lorsqu’il était président d’honneur. » Elle hésite sur les dates : « en mars 2012, avant qu’il ne quitte l’entreprise. »
Le tribunal va entendre Michèle Heitz, assistante de Yves Zehr à Coop Alsace. Elle est aujourd’hui « manager clientèle » sur « sa feuille de paie », en congés sabbatique pour trois mois.
L’audience reprend.
Le tribunal ordonne une pause d’une dizaine de minutes.
Pour la 3e ou 4e fois, M. Dulieu répond qu’il faisait « aveuglément confiance à M. Zehr sur ce dossier. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet prend la parole, interroge M. Dulieu sur les modifications qu’il a apporté au contrat de partenariat entre la SIG et la Coop. Il s’étonne que M. Dulieu n’ait pas tiqué quand on lui remet en septembre un document daté de février. Le procureur s’étonne aussi que M. Dulieu ait suivi aussi aveuglément les ordres d’Yves Zehr : « il vous arrive de vous poser des questions ? »
Philippe Dulieu : « On a eu une confirmation verbale, et j’ai fait imprimer les maillots. Le contrat ensuite a été normalement exécuté. »
Philippe Dulieu : « Il m’a été remis une lettre d’engagement de M. Zehr, pour préparer un dossier pour la DNCG. Cette lettre m’a été remise en septembre 2012 par M. Zehr, quelque jours avant la date butoir. J’ai envoyé un projet de contrat de partenariat à M. Lorentz, sec général de la Coop, pour qu’il soit validé par la direction de la Coop. Comme je n’avais pas de réponse, j’ai demandé à YZ une lettre d’engagement, précisant le montant. »
M. Philippe Dulieu, responsable marketing de la SIG, est appelé à la barre.
Me Bernard Alexandre : « Est-ce que vous confirmez qu’YZ avait pris un engagement de sponsoring vis à vis de la Coop en 2011 ? » Martial Bellon : « Oui, oralement. » Me Bernard Alexandre : « Racontez-nous votre version de votre entretient avec M. Vincent Genod. Est-ce qu’il vous a interdit d’utiliser la Coop pour vos maillots ? » Martial Bellon : « Si M. Vincent Genod était opposé à ce que la SIG soit sponsorisée par la Coop, nous aurions eu une instruction pour retirer le logo des maillots ! La Coop n’aurait pas continué à livrer des knacks et ses cadres auraient cessé d’occuper les places VIP ! »
Me Bernard Alexandre, conseil d’Yves Zehr, prend la parole : « Pensez-vous qu’il y a eu un enrichissement personnel d’Yves Zehr pendant son engagement  à la SIG ? Martial Bellon : « Non, être administrateur à la SIG apporte plus d’ennuis que d’avantages. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Quand vous produisez cette lettre en juin, vous savez très bien qu’elle a été antidatée. Et le problème, c’est que vous ne répondez pas… Vous nous dites juste que vous vous posez des questions. Et vous en avez posé à Yves Zehr ? » Martial Bellon : « oui » Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Ah, et alors ? » Martial Bellon : « YZ m’a dit que cette lettre correspondait à son engagement d’alors. »
Le procureur et Martial Bellon s’écharpent sur la conduite tenue pas la SIG vis à vis des atermoiements de la Coop. POur le procureur, Martial Bellon a manqué à son devoir de vigilance. Pour ce dernier, la parole d’Yves Zehr suffisait, malgré les incohérences.
BRC : « Vous êtes dans la nuance sans arrêt, vous refusez de vous exprimez sur M. Zehr… administrateur de la SIG et de la Coop, c’est pratique, on parle aux deux en même temps quand on lui parle… et à propos de la lettre du 18 février transmise en mai, « vous vous posez juste la question »… Les choses sont claires : rien n’est signé, les documents sont faux. »
BRC : « Vous nous expliquez que vous renouvellez un contrat de 180 000€ sur une discussion, vous ne vous inquiétez pas que le contrat en septembre ne soit pas signé. Puis vous rencontrez M. Vincent Genod, PDG après Yves Zehr, qui vous dit qu’il ne paiera pas mais que si Casino s’en occupe, ça ne le regarde pas. Vous envoyez des factures à Casino, qui ne paie pas… »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet prend la parole : « M. Bellon, je suis désolé, mais il y a une apparence de légèreté. »
Martial Bellon : « Il n’y a jamais eu de rentrées d’argent en provenance de la Coop à la SIG depuis que je suis président. Il n’y a eu aucun paiement en espèces de joueurs à la SIG non plus. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « YZ n’est plus PDG, M. Vincent-Genod vous dit que c’est « non », vous voyez une lettre antidatée, vous lisez les difficultés financières de la Coop… et ça ne vous inquiète pas suffisamment pour ne pas réclamer le paiement des factures en octobre et décembre ? » Martial Bellon : « nous avions confiance en Yves Zehr, ça nous suffisait. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « Pourquoi n’êtes vous pas allés voir le PDG M. Duvillet, plutôt que de faire confiance à Yves Zehr ? » Martial Bellon : « M. Zehr était dans le basket depuis plus longtemps que moi, je ne me voyais pas lui dire que nous n’avions pas confiance en lui. »
La présidente cherche à savoir l’étendue de ce que Martial Bellon avait compris, sur les pouvoirs réels d’Yves Zehr quand au partenariat avec la SIG.
Martial Bellon : « J’ai été surpris évidemment lorsqu’en juin, Christian Duvillet, PDG de la Coop, déclare dans la presse qu’il n’y a pas de trace de partenariat avec la SIG. TOut ça s’est finalement réglé dans une journée, après une entrevue. »
Martial Bellon : « J’ai été surpris évidemment lorsqu’en juin, Christian Duvillet, PDG de la Coop, déclare dans la presse qu’il n’y a pas de trace de partenariat avec la SIG. TOut ça s’est finalement réglé dans une journée, après une entrevue. »
Martial Bellon : « Yves Zehr me dit plus tard que le contrat oral qu’il avait passé avec une personne chez Casino ne tenait plus parce que cette personne était partie de chez Casino. Je lui ai demandé : « comment on va faire ? » Il m’a dit « t’inquiète pas je m’en occupe ». Je n’avais pas d’inquiétude, le contrat était partiellement exécuté : maillots, places VIP, places sèches… »
Martial Bellon : « La DNCG ne nous a finalement pas demandé cette lettre. Je n’ai découvert cette lettre qu’en mai 2012. Lorsque j’ai rencontré M. Vincent Genod, je lui ai demandé si je pouvais mettre le nom de la Coop sur les maillots. Il m’a dit qu’il n’y voyait pas d’inconvénient, dans la mesure où ce partenariat serait pris en charge par Casino. »
Martial Bellon : « On s’attendait à ce que la DNCG nous demande des garanties sur nos revenus à venir, aussi nous avons demandé à tous nos partenaires de nous fournir une lettre confirmant leurs intentions. A l’époque, Yves Zehr était le président de Coop et membre du directoire de la SIG. Yves Zehr nous a dit qu’il n’y avait aucun problème. Plus tard, il nous a dit que ce serait Casino qui paierait. »
Martial Bellon : « J’ai été appelé en 2010 par la mairie d’Illkirch et de Strasbourg pour redresser la SIG. Je me suis retrouvé avec un conseil d’administration dans lequel figurait Yves Zehr. On m’a expliqué assez rapidement que le partenariat entre la SIG et la Coop remontait à longtemps. »
Martial Bellon, président de la SIG, est appelé par la présidente du tribunal : « Expliquez nous comment vous vous êtes retrouvés dans cette affaire ? »
Une amie du couple est appelée comme témoin, elle confirme que MLZ ne s’occupait de rien d’autre que de son foyer.
La présidente du tribunal appelle  : « Vous ne savez rien, vous n’avez rien vu, je résume correctement ? » MLZ : « Je suis désolé, je viens d’un milieu modeste. J’ai perdu mon père à 24 ans, j’en ai été très touchée et j’ai trouvé en mon mari un pilier auquel je me suis raccrochée. »
Me Arnaud Friederich, conseil de MLZ, demande à MLZ de préciser qui a réalisé les travaux dans leur maison de Dinsheim, achetée en 1974. Elle répond que c’est son mari qui s’occupait du jardinage et des travaux.
MLZ : « Non, on n’a pas changé de vie, on n’a pas eu de dépenses supplémentaires. »
Me Arnaud Friederich, conseil de MLZ : « Est-ce que votre niveau de vie a évolué au cours de ces années ? »
Me Arnaud Friederich, avocat de Mme Zehr : « Vous savez qui est Robert Combas ? » ML Zehr : « Non ». Me Arnaud Friederich : « C’est le peintre d’une renommée internationale qui a signé le tableau dans la chambre de votre fille. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet est atterré : « Je n’ai pas d’autre question Mme la présidente. » Il se rasseoit dans son siège.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet ne lâche pas : « Vous n’avez pas des amis autour de vous ? Votre fille, vous en avez parlé avec elle ? Aux magasins que vous fréquentez, personne n’est venu vous en parler ? » Marie-Louise Zehr : « Non, non. Avec ma fille oui, elle a dit qu’il fallait se battre. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « La situation de votre mari, qui se décrit lui-même comme au ban de la société, poursuivi par les autres, victime d’une cabale, ses amis qui s’évapore et vous n’échangez rien avec lui ? Vous n’en parlez pas ? Vous ne cherchez pas à comprendre pourquoi il est ainsi mis en cause ? » Marie-Louise Zehr : « Moralement, on était abattus. Je lui faisais confiance. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Alors l’épouse qui lit des journaux alarmants sur la situation de son mari, qui l’entend évoquer le suicide… Elle s’est contentée de « t’inquiète pas je peux me regarder en face » ? C’est pas cohérent madame, vous ne pouvez pas avoir cette posture d’épouse aimante et nous dire que vous n’avez pas plus entourer que ça votre mari… »
Marie-Louise Zehr semble complètement perdue face aux questions du procureur : « Mais qu’est-ce que vous voulez savoir M. le procureur ? »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Vous avez appris beaucoup de choses depuis ce matin ? » Marie-Louise Zehr : « Oui, je ne savais rien de la Coopé ni de la SIG. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet n’en revient pas : « Vous avez participé aux conversations, notamment l’imposant tableau que vous avez installé sur le berceau de votre petit enfant lorsqu’elle est née ? » Marie-Louise Zehr : Non.
Marie-Louise Zehr : « Même si je voulais m’acheter quelque chose pour moi même, je lui demandais si je pouvais l’acheter. C’était lui qui gagnait l’argent. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Vous n’avez jamais regardé le prix d’une armoire ? Vous ne vous êtes jamais souciés des revenus de votre foyer ? Vous n’avez jamais regardé la feuille de déclaration d’impôts que vous contresignez ? » Marie-Louis Zehr : « non, rien, c’était mon mari ».
Marie-Louise Zehr répond qu’elle vient d’un milieu modeste et qu’elle « n’a pas son intelligence. Il a son monde et j’ai le mien, je fais de la reliure de petits livres, pour lui plaire. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet pose une question difficile à Mme Zehr : « Qu’est-ce que vous partagez avec votre mari ? »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Comment ça se passait pour le ménage de ces oeuvres d’art, avant votre accident ? » Marie-Louis Zehr : « Je ne le faisais pas, c’est lui qui s’en occupait. »
La présidente du tribunal détaille les comptes à l’usage de Mme Zehr, et cherche à savoir si elle disposait de fonds propres. Selon la prévenue, ce n’est pas le cas.
Marie-Louise Zehr participait à un club d’épargne à Gresswiller, dont les participations étaient parfois abondées par de l’argent d’Yves Zehr.
Marie-Louise Zehr : « Quand j’ai lu les articles de presse, je lui ai demandé ce qu’il en était. Il m’a répondu qu’il avait sa conscience pour lui et qu’il pouvait se regarder dans la glace. Et ça me suffisait, on est mariés depuis 42 ans, il ne m’a jamais déçu. »
Elle allait elle même remettre des espèces à la banque à l’occasion, sans poser de question sur l’origine des fonds.
Marie-Louise Zehr indique qu’elle ne savait rien des finances, ni des achats et ventes d’oeuvres d’art de son mari.
L’audience reprend, avec l’audition de Mme Zehr, prévenue de recel de blanchiment à titre habituel.
Nous reprendrons le compte-rendu de ce procès dès cet instant. Merci à tous de nous suivre.
LA présidente du tribunal suspend l’audience jusqu’à 14h20.
Yves Zehr indique qu’il a transporté des fonds de Bâle à Strasbourg depuis ses comptes, pour le compte de l’ancien PDG M. Aeschelmann.
Yves Zehr : « Ce compte en Suisse remonte à mon avis à la nuit des temps. J’ai donné des documents signés par M. Tsagel (?), le prédécesseur de M. Aeschelmann à la Coop. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « Quelles étaient la destination de ces fonds sur ces comptes suisses ? »
On passe aux comptes bancaires en Suisse. Pour les détails sur ces comptes, voir cet article.
Yves Zehr : « La direction était certes contre, mais il m’a dit aussi que si je réglais le problème avec Casino, ce serait bon. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Je m’excuse mais ce que vous dites n’a guère de sens. Qu’est-ce qui légitime cette lettre antidatée ? Le PDG et le secrétaire général d’alors vous indiquent clairement qu’il n’est pas question de sponsoring. »
Yves Zehr : « Il restait la part Coop et moi j’ai proposé à M. Duvillet, s’il ne voulait pas que ça apparaisse pour des questions sociales, de le faire par les bons d’achats. Et puis ça s’est emballé. »
Yves Zehr : « Bruno Vincent-Genod a une vision, il décide de faire seul la proximité et de rompre les négociations avec Casino. Or, Casino m’avait confirmé être d’accord pour s’engager à hauteur de 180 000€ à la SIG. Puis, Bruno Vincent-Genod est débarqué, M. Duvillet arrive… Mon contact à Casino est remercié aussi… et finalement, on arrive à une solution mitoyenne à 50 / 50. »
On repasse au contrat de partenariat avec la SIG.
Le procureur : « reste à savoir qui les a fait disparaître ! » YZ : « Eh bien c’est moi évidemment ! Je précise que lorsqu’elles ont disparu, je n’avais plus accès à la COop. »
YZ prétend que ses boites d’archives à la Coop ont disparu.
Yves Zehr est très combatif. Interrogé assez fermement par le procureur, l’ancien PDG ne se laisse pas démonter et dispose d’une réponse à chaque question, même si elles sont parfois vagues ou évasives.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet demande de préciser comment YZ a dicté sa lettre antidatée. YZ répond que la date correspondait à celle de son engagement.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Donc si je vous comprends bien, vous financiez des clubs de façon purement gratuite, par économie ? Parce que ça vous évitait d’en financer quinze ? Est-ce que vous pensez que ça a une quelconque pertinence vos propos ? »
Yves Zehr : « Pour éviter que d’autres ne viennent demander… On demandait aux clubs de ne pas mettre notre logo pour éviter que d’autres viennent demander. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Les participations ici ou là, je connais y compris à des pots de gendarmes. Mais ce sont des bons d’achats échangeables en cacahuètes dans le magasin, pas en espèces ! Et vous m’expliquerez en quoi verser de l’argent à un club sans lui demander d’être sur le maillot sert en quoi que ce soit la cause de Coop Alsace. »
Yves Zehr : « Pourquoi des espèces ? Allez voir tous les clubs de la LAFA au dessus de l’excellence, et tous les joueurs de ces clubs reçoivent de l’argent liquide à la fin du mois. »
Yves Zehr indique qu’il y a certains versements qui étaient « suggérés » par telle ou telle personne, faute de quoi on irait voir le concurrent, etc.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « Vous étiez PDG de la Coop, pas second, vous décidiez seul. »
Yves Zehr : « A M. Gengenvin aussi, et à M. Lorentz. » Le procureur répond que ces deux personnes nient.
Yves Zehr : « A mon prédécesseur, M. Aeschelmann (orthographe incertaine). » Rires dans la salle car cet ancien PDG de la Coop est décédé.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « A qui rendiez-vous compte ? »
Yves Zehr répond qu’à cause de la conjoncture, la Coop a changé de centrale d’achat pour aller chez Cora vers Leclerc, ce qui permettait de rebondir selon lui. La présidente met fin au débat économique.
Me Bouchez El Ghozi rappelle que l’entreprise perdait déjà 18 M€ lorsque Yves Zehr a quitté la direction générale en 2009.
Yves Zehr : « Quand j’ai quitté Coop Alsace, l’entreprise gagnait de l’argent. On prend aujourd’hui de mauvaises décisions et on continue à en prendre. »
Dominique Lehn : « Aucune libéralités à la banque alimentaire du Bas-Rhin où vous avez été administrateurs. »
Le club de basket de Gries et d’autres ont démenti avoir reçu des fonds.
Yves Zehr : « Je suis persuadé que les quelques personnes qui ont reçu des sommes n’avaient pas vus les documents, ils auraient nié comme les autres. »
Yves Zehr : « Coop Alsace est une entreprise éclatée sur 250 sites. On est sollicités en permanence pour le pétanque club, pour les rallyes d’un délégué syndical… En rentrant menotté de la cour d’appel de Colmar, un gendarme m’avoue que j’ai aussi payé pour beaucoup de pots de départs et d’arrivées à la gendarmerie. » Rires dans la salle.
Yves Zehr : « Je ne peux pas répondre aujourd’hui ».
La présidente du tribunal répond : « Vous indiquez que les bons d’achats existaient avant vous… Alors est-ce que vous vous rendez compte ce que ça fait comme montant total si on reprend les montants repérés sur cinq ans seulement ? Où est passé tout cet argent ? »
Dominique Lehn : « ça vous arrangeait bien ? » Yves Zehr : « ça arrangeait l’entreprise. » Rires dans la salle.
Yves Zehr : « L’histoire des bons d’achat était bien antérieur à moi… »
La présidente du tribunal interroge YZ : « Vous avez une apparence de légalité, vous refusez de prendre part à des votes à la SIG lorsqu’un membre de votre famille est impliqué, etc. et vous vous rendez coupables d’un tel détournement portant sur plus d’un million d’euros ! Pourquoi ? »
L’audience dérive sur l’acquisition d’un masque Kolima d’Amérique du sud, en or, acheté 10000F et sortis du pays d’origine sans les formalités douanières…
Yves Zehr indique qu’il achète des pièces en terre cuite de Chine, qui n’intéressent pas les Chinois…
(désolé, petits soucis de connexion)
Yves Zehr produit des documents indiquant qu’il vend des oeuvres d’art. La production de ces documents juste à l’audience, alors que les enquêteurs les ont cherchés pendant toute la procédure, fait bondir le procureur de la République.
(petits soucis de connexion)
Me Bernard Alexandre, conseil d’YZ : « Le commissaire aux comptes a indiqué aux enquêteurs que ces écritures étaient difficilement décelables, mais ce n’est guère étonnant, ce serait avouer qu’il n’a pas été en mesure de vérifier correctement les comptes qu’il a lui-même certifié. »
Yves Zehr : « En fin de mois, ces bons sont envoyés à la comptabilité générale, qui les recomptent. »
Yves Zehr : « si, les échanges étaient répertoriés par colonnes et ils étaient documentés. Il suffit de prendre l’inventaire journalier. » La présidente répond qu’on ne peut pas détecter l’échange en espèces.
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « Même un contrôle sur place à Geispolsheim n’aurait pas permis de détecter l’échange des bons contre des espèces, il aurait fallu que ce contrôle ait lieu le même jour que l’échange. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « On vous demande quels étaient les organismes bénéficiaires de ces bons… Vous ne répondez pas. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn indique qu’un ménage minutieux a été fait au domicile d’YZ avant la perquisition des enquêteurs : « On ne retrouvera rien, pas une facture d’entretien, pas un papier… »
Me Michaël Plançon, conseil du CCE : « POurquoi avoir fait un faux et l’antidater alors que vous étiez persuadé d’avoir la signature de la Coop ? »
Christian Duvillet répond : « J’avait la conviction que ce dossier se terminerait mal, c’est pourquoi j’ai cédé avec l’aide de Casino. »
Me Bernard Alexandre, conseil d’YZ : « Question de simple logique : les cadres de Coop allaient aux matchs de la SIG de 2011 à 2012, voient le maillot siglés Coop et le logo partout… Est-ce qu’ils n’étaient pas censés s’interroger de ne rien avoir à payer ? »
Christian Duvillet confirme qu’il a réagi sur cette question de la SIG après la révélation de l’affaire par les DNA.
La présidente détaille comment le courrier du 18 février 2011 est apparu dans les échanges entre la Coop et la SIG.
La présidente du tribunal Dominique Lehn cite Bruno Vincent-Genod, ancien PDG de la Coop : « YZ m’a expliqué que la Coop et la SIG étaient intimement liés. Je suis surpris de recevoir un courrier me demandant de valider le prochain maillot de la SIG. Je confirme que la Coop ne sera pas le sponsor de la SIG cette année et je m’étonne de ne recevoir aucune réaction de leur part… YZ me dit alors que je le mets dans une position très difficile, puis il organise une réunion dans mon bureau avec Martial Bellon, le DG de la SIG, où je confirme qu’il n’est pas question de partenariat, la société étant alors sous mandat ad-hoc. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « Deux ébauches de ce contrat ont été retrouvés, dont une indiquait que la Coop se réservait le droit de transférer le paiement à une autre société du groupe Coop. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « C’est là qu’apparaît cette lettre datée du 18 février 2011 envoyée à Martial Bellon, DG de la SIG. Elle a contraint le PDG de la Coop Christian Duvillet à céder et à payer les 180000€ avec Casino. »
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « La SIG a continué dans ses obligations habituelles, maillots, logos, etc. Mais la Coop ALsace refusait de payer, en l’absence de signature de ce contrat. »
La Coop versait 180 000€ en espèces à la SIG et quelques bons d’achats (500€ environ) pour les vestiaires.
La présidente du tribunal Dominique Lehn passe à l’affaire de la SIG et du contrat de partenariat fantôme.
La présidente du tribunal Dominique Lehn rappelle qu’il n’y a pas de corrélation possible entre ces dépôts d’espèces sur ses comptes et les retraits de bons d’achats.
La présidente du tribunal Dominique Lehn passe maintenant aux remises d’espèces sur les comptes d’Yves Zehr (voir ci-dessus).
La présidente du tribunal Dominique Lehn : « Vous avez indiqué que vous ne pouviez supporter que les associations qui attendaient ces bons ne puissent les avoir. » Yves Zehr : « tout à fait ».
Yves Zehr : « Pour que ces bons ne soient pas utilisés par lui ». Rires dans la salle.
La présidente du tribunal Dominique Lehn lui demande pourquoi avoir déchiré les bons remis à M. Rebhun, avant qu’ils soient rendus à Christian Duvillet.
Yves Zehr est très embêté que la présidente du tribunal rappelle qu’il a menacé de se suicider « si l’affaire sortait » auprès d’un syndicaliste, représentant du personnel. Il fait une grimace, indiquant qu’il refsue l’énoncé des faits tel qu’il est, sans pour autant pouvoir les réfuter.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet semble aussi remonté que lors de l’audience du 6 juin.
Sur une question précise du procureur, Yves Zehr doit admettre, en s’énervant, qu’il a indiqué lui-même à Christian Duvillet que l’affaire de la SIG aurait pu être réglée par des bons d’achats.
Yves Zehr rappelle qu’il était très impliqué dans la Coop, et dans d’autres associations, et qu’il vivait mal d’être traité comme un voyou. « Alors j’ai eu ces mots, mais ce n’était pas un chantage. »
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet demande à Yves Zehr de s’expliquer sur son chantage au suicide.
Le procureur Brice Raymondeau-Castanet : « La ligne comptable était précisée sur les bons d’achat… alors qu’on ne vienne pas nous dire que les employés ne savaient pas quoi en faire. »
Yves Zehr : « C’était une aide que j’apportais bénévolement. J’étais encore président d’honneur. » La présidente lui demande si il avait encore la signature de la Coop, YZ indique que oui, car c’était l’usage en temps que président d’honneur et qu’il n’a jamais reçu de révocation formelle.
Yves Zehr : « J’ai bien travaillé sur le dossier Casino, mais je n’ai pas travaillé sur les prix de vente. J’ai adapté l’assortiment Casino à ce qui existait en Alsace. J’ai aussi mis en comparaison les prix d’achats des deux centrales d’achat. »
Yves Zehr : « Ces mouvement n’étaient pas si indétectables que ça, la pratique de cette comptabilité se transmettait entre les employés. »
Yves Zehr rappelle qu’il a trouvé ce système en arrivant et qu’il l’a pérennisé.
Me Bernard Alexandre interroge Christian Duvillet sur la concomitance de faits, à savoir que la direction connaissait dès le jour de l’apparition des 800 bons le montant exact des restitutions.
Christian Duvillet rappelle que lorsque Bruno Vincent-Genod a été nommé PDG, ce dernier s’est assuré que la révocation des signatures a été dûment faite. Les deux hommes entretenaient une inimitié tenace.
Me Alexandre demande si les révocations de signatures ont bien été notifiées à YZ.
Me Bernard Alexandre demande à M. Duvillet de confirmer qu’YZ avait un véhicule de fonction. Christian Duvillet indique qu’il n’en a jamais vu.
Me Michaël Plançon indique que M. Zehr a participé à l’élaboration du contrat de partenariat avec Casino. Yves Zehr a proposé son aide pour préparer le « tarifaire », un document technique de rapprochement des prix alors qu’il était président d’honneur. Christian Duvillet répond que YZ a effectivement apporté son aide, guère efficace selon lui.
Interrogé sur le contrat de partenariat avec la SIG, Christian Duvillet : « j’ai rappelé que les contrats devaient séparer celui qui payait de celui qui signait le contrat. »
Interrogé sur les fonctions de président d’honneur, Christian Duvillet : « c’était une fonction purement honorifique. Les administrateurs ont par ailleurs indiqué que M. Zehr ne devait plus avoir de signature au nom de la Coop Alsace. »
Christian Duvillet : « Il fallait un auditeur neutre, indépendant des organes de la société, car les premières investigations ont été rendues très difficiles. Yves Zehr m’a dit qu’il s’agissait d’une cabale contre lui mené par les syndicats, et que si je continuais, il mettrait fin à sa vie. J’ai pris ça comme une menace. »
Christian Duvillet rappelle qu’il a diligenté un audit à la suite de cette affaire, dont les conclusions ont été rendues le 11 juin. Lors de la conversation avec Yves Zehr, Christian Duvillet indique qu’il a demandé à Yves Zehr de mettre fin à tous ses mandats au sein de la Coop Alsace (YZ était président d’honneur).
Yves Zehr a alors restitué les bons, mais il a eu une conversation avec Christian Duvillet pour lui demander notamment pourquoi « il mettait en cause sa réputation » et « qu’il procédait toujours ainsi pour la publicité du groupe. »
Christian Duvillet, actuel PDG de Coop Alsace, est invité à confirmer ses déclarations par la présidente, au sujet des 800 bons. Il a été informé de l’existence de ces bons et en a exigé la restitution immédiate.
La présidente rappelle la découverte fortuite de comptes en Suisse, anciens. Pour les détails, lire à la fin de cet article.
La présidente insiste sur le côté « invisible » et « indétectable » de la pratique des échanges de bons d’achats contre des espèces, et leur suite comptable.
(petits soucis de connexion) La lecture de l’ordonnance de renvoi se poursuit, avec le détail du mécanisme des bons d’achats et de blanchiment (à lire au début de l’article ci-dessus).
La dernière série de bons d’achats, 800 de 100€, n’étaient pas comme les autres puisqu’ils étaient vierges, sans matrice de tirage ni signature d’Yves Zehr.
L’audience reprend.
La défense va citer trois témoins supplémentaires : Jacques Fournier, ancien directeur de l’hypermarché de Geispolsheim, Roland Eisenmann, ancien directeur informatique de la Coop et Jérôme Christ, ancien président de la SIG et négociant en alcool, mais ce dernier a fait valoir un problème de santé, l’empêchant de se rendre à l’audience.
La présidente devrait être de retour à l’audience, assure-t-on dans les couloirs.
La présidente du tribunal est partie chez le médecin pour régler son problème respiratoire… L’audience est suspendue jusqu’à nouvel ordre jusqu’à 10h30, au moins…
Il est possible que l’audience soit une nouvelle fois renvoyée…
La présidente invoque un problème respiratoire et quitte la salle. L’audience est suspendue…
13570 bons recensés pour une somme d’environ 1,37 million d’euros.
La présidente Dominique Lehn rappelle les différents bons d’achat en vigueur à la Coop, les roses, jaunes, bleus… et les fameux bons verts, dits « gratuits » qui ont une valeur faciale échangeable en fournitures dans les magasins de la Coop.
Yves Zehr rappelle qu’il est revenu aux affaires quelques mois du 6 novembre 2010 au 18 juin 2011.
Yves Zehr est devenu président à la suite de M. Aeschlemann, puis PDG ensuite. En 2009, M. Fischer est devenu DG en 2009, tandis qu’Yves Zehr restait président.
Yves Zehr explique qu’il est rentré à la Coop après son service militaire, comme stagiaire. Il est devenu chef de magasin, puis a dirigé le premier hypermarché à Colmar, puis en 1985 directeur de la branche hypermarchés de la Coop.
La présidente donne lecture de l’ordonnance de renvoi et rappelle l’origine de la procédure, avec les plaintes du CCE et de la direction de Coop Alsace.
Dominique Lehn résume les faits, les déclarations des prévenus et les auditions (lire ci-dessus et articles précédents).
« On vous reproche d’avoir à titre habituel pratiqué le blanchiment de biens sociaux… »
Invité à donner ses revenus, Yves Zehr indique moins de 8000€ en diverses pensions de retraites.
La présidente Dominique Lehn donne lecture de l’ordonnance de renvoi.
Les témoins, une douzaine, sont emmenés dans une salle à part, car ils ne peuvent assister aux débats.
Le président de la SIG, Martial Bellon, fait partie des témoins cités. Il est bien présent dans la salle.
L’audience d’Yves Zehr débute !
La salle attend à nouveau le retour de la présidente Dominique Lehn, cette fois ce devrait être le dernier aller-retour avant le début de l’audience d’Yves Zehr.
La présidente quitte à nouveau le tribunal, après avoir prononcé un délibéré et renvoyé d’autres affaires civiles.
La présidente du tribunal instruit une série de procédures en référés civils. La première est renvoyée, pour cause d’absence des mises en cause…
Fin de l’audience des référés civils… La présidente a quitté la salle.
Yves Zehr et son épouse, entouré de leurs conseils, Me Bernard Alexandre et Me Arnaud Friederich (Photo PF / Rue89 Strasbourg / CC)
Yves Zehr et son épouse, entouré de leurs conseils, Me Bernard Alexandre et Me Arnaud Friederich (Photo PF / Rue89 Strasbourg / CC)
Il y a d’abord une audience des référés civils. Une demi-douzaine d’avocats discutent des renvois de leurs procédures devant la présidente du tribunal… Ambiance surréaliste alors que tout le monde attend le procès d’Yves Zehr.
Yves Zehr vient d’arriver dans la salle d’audience, l’ancienne cour d’assises du tribunal de Strasbourg.
Les témoins viennent se présenter à l’huissier… (voir la liste ci-dessus)
La salle d’audience est nettement moins remplie que le 6 juin… Des salariés de la Coop sont néanmoins présents parmi le public.
Le début de l’audience est fixé à 8h30.

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