Jonathan, Dylan et Alban sont des millenials de Strasbourg. Pour s’informer, ils utilisent Facebook depuis longtemps. C’est donc tout naturellement qu’ils ont choisi de lancer un média utilisant en utilisant les services automatiques de Messenger, la messagerie du réseau social mondial. Le principe de « Yo News » est simple : les informations sont découpées en phrases courtes, bardées d’émoticônes et de GIF animés, et envoyées directement aux utilisateurs via la messagerie à intervalles réguliers.
Cofondateur de Yo News et responsable technique de la plate-forme, Jonathan Giamporcaro, 26 ans, détaille :
« On avait tous des groupes d’amis de 30 ou 40 personnes sur Facebook, où on s’échangeait les infos. Et on s’est aperçus que c’était notre première source et celle qu’on appréciait le plus. Donc on a décidé de professionnaliser la démarche. Yo News, c’est un peu comme si ton pote t’envoyait des infos par messagerie, sur le mode de la confidence, du conseil ou du bon plan. »
Une fois par jour, six jours sur sept, les trois cofondateurs envoient leurs infos sur trois thèmes : les jeux vidéos, le rap et le foot, leurs trois passions respectives. Le ton est volontairement décalé, confident avec un tutoiement de rigueur. La start-up espère rapidement pouvoir être en mesure de proposer d’autres thématiques, avec toujours le même principe : des relais, des conseils, des bons plans et jamais rien de négatif.
Pas de politique
Car Jonathan trace une ligne infranchissable entre Yo News et l’actualité générale et politique :
« L’actualité politique, économique ou les enquêtes de société, c’est trop sérieux, trop complexe et ça ne colle pas avec notre style. Donc pour l’instant, on ne le propose pas. On préfère se développer autour des passions, des loisirs et du sport. On veut que nos lecteurs puissent se sentir en confiance et en affinité avec les rédacteurs. »
L’objectif de Yo News est de créer des communautés de lecteurs fidèles et nombreux, afin de proposer cette audience à des annonceurs. Pour Alban Fauchon, 21 ans, en charge du développement commercial, Yo News n’aura pas les mêmes problèmes que les autres médias pour trouver des annonceurs et subsister avec ce modèle économique :
« Nous sommes les seuls à proposer un accès direct aux internautes, puisqu’ils accordent à Yo News la possibilité d’envoyer des messages privés. Ce qu’on proposera aux marques, ce sera des “partenariats intelligents” qui ne seront pas perçus par nos lecteurs comme de la publicité. Seules les personnes directement concernées recevront ces propositions, qui seront filtrées grâce aux grilles âge, sexe, préférences, etc. de Facebook. »
Le modèle économique est encore un peu brumeux. Pour l’instant, les trois cofondateurs sont surtout animés par une féroce envie de proposer un service cool et branché à un maximum d’abonnés à leurs services de messageries. Fin janvier, Yo News s’adressait à 667 abonnés. Les cofondateurs prévoient de créer une société, une SAS à parts égales entre eux. Les premières embauches sont prévues avant l’été pour une levée de fonds en 2019.
Jonathan s’enthousiasme :
« Nos chiffres sont excellents et notre progression constante. Plus de 84% de nos titres sont vus et la moitié sont cliqués, alors que dans les newsletters, les titres ne sont lus que par 30% des destinataires, au mieux, et cliqués par 5% ! En outre, Messenger est une application très largement installée dans les téléphones portables, il n’y a pas besoin d’en installer une autre… Tous nos messages ont la même force que les messages privés, c’est un sacré avantage par rapport aux autres médias ! »
En fait, Yo News veut être le média de la passion, un shoot quotidien sur une thématique qui plaît tellement à ses destinataires qu’ils acceptent de recevoir ces informations invasives et tonitruantes, à un moment où les propriétaires de smartphones cherchent plutôt à réduire les notifications et les injonctions de ces appareils.
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