Tout commence en 1974. Bernard Heidsieck, un des pionniers de la « poésie sonore » est invité à composer un poème pour l’inauguration d’un centre d’art à Vaduz. Peu inspiré par ce village-capitale perdu dans les Alpes, il tourne longtemps autour du sujet jusqu’à ce qu’une idée géniale jaillisse.
Il va faire de Vaduz le point de départ d’un voyage en spirale autour de la terre en énumérant, au fur et à mesure, tous les peuples et ethnies qui l’habitent. Un inventaire simplissime et grandiose dit à deux voix, deux fois la sienne, légèrement décalées et ponctuées par un refrain lancinant : « Autour de Vaduz il y a…»
Généralités
La principauté du Liechtenstein, coincée entre la Suisse et l’Autriche, est l’un des plus petits états du monde (160 km²). D’après la documentation de l’office de tourisme, il est organisé selon un système politique assez original : « une monarchie constitutionnelle héréditaire sur base démocratique et parlementaire ».
Le pays, peuplé de 22 000 habitants dont un quart vit à Vaduz abrite environ 100 000 entreprises ou sociétés « boite aux lettres ». Autant dire qu’ici on naît businessman. L’argent coule à flot (monnaies locales : le franc suisse et l’euro), le taux de chômage est très bas (2,5%) et la délinquance quasi inexistante.
Si le pays est équipé d’une prison construite, paraît-il, selon les principes du feng shui, seule une petite dizaine de ses 24 cellules est en général occupée. La langue officielle est l’Allemand et les Liechtensteinois qui vous croisent dans les rues vous gratifient volontiers d’un amical « grüezi » (« grue oeufs de scie ») auquel il convient de répondre pareillement en roulant légèrement le « r ».
S’y rendre
En avion : le Liechtenstein, est l’un des rares états du monde à n’être desservi ni par le train ni par l’avion. Les aéroports les plus proches sont ceux de Bâle et Zurich si l’on voyage en transport en commun, Saint-Gall si l’on dispose de son propre avion ou d’un hélicoptère.
Par le train, on peut aller jusqu’aux gares suisses de Buchs ou Sargans et de là prendre un bus jusqu’à Vaduz à environ 20 minutes.
A vélo : Vaduz, baigné par le Rhin, est une étape du Rheinradweg (véloroute du Rhin), l’un des plus longs itinéraires cyclables d’Europe qui part de la source du fleuve près d’Andermatt en Suisse et le longe jusqu’à son embouchure à Rotterdam.
A pied, par la Via Alpina. Ce parcours pédestre, spécial « slow tourism », traverse les Alpes de Monaco à Trieste.
Visiter
Étonnant mélange d’immeubles de bureaux ultramodernes, boutiques de luxe, somptueuses villas et fermes viticoles, Vaduz est un peu un mélange de Riquewihr et de Los Angeles. Son exploration à pied est une expérience insolite assez amusante.
Pour les amateurs de sculpture c’est un vrai bonheur tant il y a d’oeuvres à voir dans le domaine public et les jardins privés. Il y a aussi une quantité incroyable de fontaines d’eau potable, la seule ressource gratuite à Vaduz.
Le monument le plus célèbre est le château, haut perché au dessus de la ville. Mais comme c’est la résidence principale du prince et sa famille il ne se visite pas. En revanche, il y a quatre musées thématiques ouverts au public.
Le musée de la poste pour les philatélistes amateurs de timbres du Liechtenstein.
Le musée du ski, créé par un ancien champion local qui a assemblé une fabuleuse collection d’objets liée à l’histoire des sports d’hiver depuis le néolithique. Beaucoup de reliques de stars du ski suisses et autrichiennes (dossards et combinaisons dédicacés) mais aussi des skis, patins à glaces, bobsleighs, matériel d’escalade et tenues de montagne de toutes les époques. Et même quelques prototypes rares comme ces bâtons de ski à poignée dévissable pour y loger un petit flacon de schnaps.
Le Landesmuseum où l’on trouve aussi bien des animaux empaillés que la couronne princière, des photos des inondations de Vaduz en 1927 et toute la brocante habituelle d’un musée d’arts et traditions populaires.
Le Kunstmuseum, le musée d’art contemporain, gros cube de marbre noir qui consacre cet été (jusqu’au 15 septembre) ses cimaises à une vaste rétrospective de l’artiste André Thomkins (1930-1985). Il fut poète et musicien concret, artiste « Fluxus », grand amateur de palindromes et anagrammes, compagnon de route de Beuys, Filliou ou Spoerri avec qui il pratiqua beaucoup l’Eat-Art. Une bien chouette expo !
Se restaurer
Les Liechtensteinois ont beau avoir le pouvoir d’achat le plus élevé du monde (en moyenne 10 000€ par mois et par habitant), ils sont fiers de dire qu’ils ont été très pauvres au XIXe siècle. Vestige de ces temps de vaches maigres : le « Tüarka-Rebel » (ou « Rebel » tout court), le plat national, une sorte de polenta servie avec de la compote de sureau. À déguster avec des vins locaux, blancs le plus souvent, très honnêtes mais excessivement dispendieux.
Sinon, pour satisfaire une clientèle internationale, les auberges traditionnelles (Engel, Adler, Löwen, Vaduz Hof, etc) proposent toutes une carte pan-exotique, best of de spécialités italiennes, japonaises, thaï et tex-mex.
Se loger
Il y a pas mal de possibilités d’hébergement à Vaduz et tout autour mais en général hors de prix. Difficile de trouver une chambre double à moins de 200 euros la nuit. Même l’Auberge de Jeunesse affiche les tarifs d’un hôtel 3 étoiles français et le couchage à la belle étoile ne semble pas encouragé. Il y a en revanche un petit camping très sympa et relativement abordable à Triesen, à une dizaine de kilomètres de Vaduz ( accessible en bus) avec une jolie vue sur les Alpes suisses.
Vie nocturne
Autant le dire tout de suite, question fiesta, Vaduz c’est pas Ibiza. On dîne très tôt vers 18h – 18h30 . Conséquence, les rues de la ville sont désertes à partir de 20h. La vie de porteur de valises, c’est pas folichon tous les soirs ! Surtout qu’il n’y a pas beaucoup de distractions nocturnes. Pas la moindre boite de nuit ni même de cinéma. En revanche, un Filmfest est organisé pendant la seconde quinzaine de juillet avec projections en plein air tous les soirs sur la Rathausplatz, la place principale
Que rapporter ?
Montres de luxe, voitures de sport, pierres précieuses et bijoux… Tout ce qui est follement cher se vend à Vaduz mais si l’on veut juste rapporter un petit objet souvenir, on trouve à la poste de très jolis blocs de papier à lettre aux armes du Liechtenstein (2 €). Idéal pour toute correspondance avec l’administration fiscale.
Grüzi !
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