Le Velhop est l’une des politiques marquantes du mandat 2008-2014 de Roland Ries (PS). Après une première année 2010-2011 discrète, le système de location de vélos a trouvé son public dès la deuxième en baissant ses tarifs. Les Strasbourgeois ont compris l’intérêt de ce système, qui pour 80 euros par an, permet d’avoir un vélo en parfait état, tout équipé et révisé tous les trois mois.
Il n’est malheureusement pas possible de chiffrer l’impact de cette politique sur les déplacements cyclistes à Strasbourg, puisque la dernière étude date de 2009 (8% des déplacements et 15% dans le centre élargi, première ville française à l’époque).
À l’automne, les interminables listes d’attente
Mais le succès des locations à l’année provoque des listes d’attente parfois longues de 2 à 3 mois à l’automne, lorsque les étudiants se ruent sur le service. Alors après 5 ans, il fallait faire quelque chose. Soit, doubler la flotte de 4 830 vélos en boutique, ce qui aurait fait bondir le comptable de l’Eurométropole, soit revoir la politique de prix. C’est pour cela que la convention de délégation avec Strasbourg Mobilités, une filiale de la CTS qui exploite le Velhop, a été revue avec une délibération adoptée le 18 décembre au conseil de l’Eurométropole.
Innovation majeure, les prix évoluent d’une année sur l’autre à partir du 1er juillet 2016. Pour une année complète en tarif plein, il faudra désormais compter 84 euros la première, 95 la deuxième et 110 la troisième, contre 80 auparavant. Le très-prisé tarif étudiant passe à 42, 48 puis 56 euros pour 10 mois. Des augmentations de 5%, « qui rattrapent à peine l’inflation » justifie Jean-Baptiste Gernet (PS), conseiller communautaire en charge des mobilités, puis de 13 à 14% et encore de 16 à 17% (voir le détail des prix ci-dessous). Au-delà, le prix de la troisième année sera maintenu. Les tarifs à la semaine et au mois augmentent, eux, de 20 et 15%.
Pour les locations dans l’une des 20 stations automatiques, au public plus restreint (1 128 vélos) notamment car il faut rapporter l’engin au même endroit, seul l’abonnement augmente d’un euro (de 35 à 36 euros), tandis que la tarification à l’heure est inchangée.
Le détails des futurs tarifs du Velhop, à partir du 1er juillet 2016
La droite préférerait une prime à l’achat
La droite a parfois critiqué cette politique car elle génère des coûts ponctuels (achat de vélo) et pérennes (service et entretien). Certains élus d’opposition préféreraient une prime à l’achat. La gauche et les écologistes pensent au contraire que cela ne serait qu’un « effet d’aubaine » c’est-à-dire que ceux qui pensaient de toute façon s’acheter un vélo profiterait de cette subvention, tandis que ceux qui n’y avaient pas songé resteraient à pied, en voiture ou en transports en commun.
Concernant la structure économique, Roland Ries a indiqué lors du conseil de l’Eurométropole du 18 décembre que le service « coûte » 1,6 millions d’euros, mais bénéficie comme les autres transports en commun d’un taux de couverture de 40%. Autrement dit, l’Eurométropole a versé 980 66 en 2013 et 926 367 euros en 2014 à Strasbourg Mobilités pour que le budget Velhop dégage un bénéfice (voir plus bas). À cela, il faut ajouter les investissements en matériel environ 400 000 euros par an.
Ces montants sont bien plus modestes que ceux des transports en commun. À titre de comparaison, la contribution à la CTS prévue pour 2016 est de 115,8 millions d’euros. Mais malgré ces augmentations significatives de tarifs, l’Eurométropole n’envisage pas de hausse notable des rentrées d’argent (+0,22%). La collectivité met aussi en avant un coûts par vélo 10x moins important que dans les villes comme Paris et Lyon qui ont préférer laisser les annonceurs publicitaires gérer le service en échange d’espaces gratuits.
Pousser à l’achat du vélo
Pour l’élu Jean-Baptiste Gernet (PS), cet avenant doit surtout permettre de toucher de nouveaux publics :
« Le but du Velhop est de s’adresser à ceux qui ne prennent pas le vélo. Le signal avec la hausse des prix au fil du temps, c’est qu’après 2 ou 3 ans, il est temps d’acheter son propre vélo pour laisser la place à d’autres personnes. »
En revanche, le déploiement de 5 boutiques et de 23 stations à l’horizon de 2018 est lui gelé. Si bien qu’entre ces investissements annulés et certains projets non réalisés en 2014 et 2015 (enquête de satisfaction et acquisition d’un logiciel de réservation) Strasbourg Mobilités va rembourser 484 000 euros à la collectivité. Un nouveau bilan est prévu pour 2018.
Les vélos usés sont donnés
Après 5 ans, certains vélos sont hors d’usage. L’Eurométropole et Strasbourg Mobilités se partageront l’achat de 850 à 1500 nouveaux vélos. La plupart ne serviront qu’à remplacer ceux usagés, bien qu’il y aura « une légère hausse » du nombre de vélos en circulation. Pour les vélos usagés, ils évitent la casse explique Jean-Baptiste Gernet :
« Lors du lancement il y a 5 ans, il n’était pas défini où iraient les vélos usagés. Pour favoriser l’économie circulaire, nous avons choisi de les donner à des associations qui réutilisent le matériel, car individuellement les pièces sont utilisables. »
Autre nouveauté, le service, déjà complété avec des vélos à assistance électrique et vélos cargo, achètera quelques vélos à bras, pour que des personnes handicapées puisse tester cet appareil avant un éventuel achat.
Enfin l’avenant de délégation, prévoit de plus que doubler les places pour vélos dans les parkings à Tanneurs et Sainte-Aurélie.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Le Vélhop plait un peu trop, la CUS dépassée et à court d’idée
Sur Le Monde : Le vélo en libre-service a dix ans mais toujours pas de modèle économique
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur le Velhop
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