Un rock brut et intense entre ombres et lumière. A partir de ces quelques mots extraits de la bio officielle de Vaudou Joséphine, on imagine alors la puissance d’un trio guitare-basse-batterie, porté par un chant tout aussi enlevé, cheminant hors des sentiers battus. Dans ce périple aventureux nimbé de mystère, entre chien et loup sur une lande vierge de toute présence humaine, les quatre acolytes nous conteraient des parcours de vies cabossées, des histoires sordides sans échappatoire ou, au contraire, de lourdes confessions que seule une once d’espérance pourrait un tant soit peu alléger.
La recette parfaite de l’ambivalence
Sur fond de guitare bluesy et de rock écorché, c’est l’univers noir des frères Coen qui prend vie, précisément celui de No Country for Old Men. On y accollerait bien aussi J’ai toujours rêvé d’être un gangster de Samuel Benchetrit. Car chez l’un comme chez l’autre s’installe une atmosphère particulière et diffuse où s’imbriquent ces sentiments universels que sont l’amour, la haine ou l’amitié.
Vaudou Joséphine met également en lumière ce creuset d’influences où Johnny Cash croise Alain Bashung tandis que John Lee Hooker, Jim Morrison ou Bob Dylan s’associent à Brel ou Gainsbourg ou que Jack White et Seasick Steve rivalisent d’inventivité pour électrifier plus encore leur blues déjà bien incendiaire. Réunis, tous ces ingrédients s’avèrent parfaits dans la recette de l’ambivalence.
Vaudou Joséphine, c’est donc le mariage d’un côté sombre et mystique à une part plus lumineuse (et très féminine). Illustration sonore avec ces cinq compositions des Strasbourgeois.
Cinq morceaux sur une vingtaine de compositions originales déjà existantes, sans omettre deux inédits qui seront proposés mardi prochain sur la scène du Mudd Club. Vaudou Joséphine mise en tout cas énormément sur la scène et l’expérience du live pour exprimer son propos – son tout premier concert remonte au 21 juin 2015 sur la grande scène de la fête de la musique de Haguenau.
« Vivre sans loi ni dieu »
Son set électrique s’échelonne sur deux bonnes heures de concert, un petit peu moins en acoustique, et pour l’heure, le groupe n’a publié aucun disque ni mini-album. Les Strasbourgeois préfèrent travailler le live, Franck Sbinne (chant, guitare et harmonica), Jean-Baptiste Coudert (guitare), Romain Lepage (basse) et Jonathan Leroy (batterie) ayant déjà bien roulé leur bosse dans plusieurs autres formations.
Avec leur rock bluesy écrit en français, les quatre acolytes restent bien fidèles à l’identité artistique qu’ils ont su construire et qu’ils entendent consolider. Leurs cinq compositions – Ma tête, Street on Fire, Antidouleur, Lucie, Tout seul – plaident entièrement en leur faveur, accrocheuses et bien groovy, flirtant par moments avec la jouissance rageuse d’un blues électrique crasseux susceptible de déclencher un séisme. Mais plutôt que la violence d’un « règlement de compte à coups de chaîne », Vaudou Joséphine se fait anar et philosophe, pour « vivre sans loi ni dieu » et « partir sans adieu ».
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