C’est plus fort que lui. Comme un réflexe musculaire, André lève toujours le poing devant l’objectif. Pendant qu’il prend la pose, toute l’usine se vide pour la fin du service ; les voitures filent les premières du parking, puis les cars remplis de salariés, dont l’un s’assoupit déjà dans son siège. Bientôt, l’usine elle-même pourrait s’en aller.
Discutant avec André sur le perron de l’entreprise, marquée des lettres de la société « Dumarey », patiente un autre vétéran de l’usine de boites de vitesses, Malek Kirouane. Les deux syndicalistes CGT affichent respectivement 34 et 33 ans dans l’entreprise. À l’attention de chaque collègue qui passe, une pique, une vanne ou un sourire complice. Mais la bonne humeur s’efface dès que l’on évoque le racisme dans l’usine et les bons scores du Rassemblement national chez les ouvriers : « Dans mon atelier, à la fonderie, ils te disent ouvertement qu’ils vont voter Rassemblement national », commence André avec un rictus :
« Dans le temps c’était différent. Les gens qui votaient pour Jean-Marie Le Pen avaient honte. Même s’il y avait déjà des électeurs d’extrême droite parmi les ouvriers, ils n’en parlaient pas ouvertement. »
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