Le président de l’Université de Strasbourg, Michel Deneken, a annoncé lundi 19 septembre une série de mesures pour économiser l’énergie. Dans une vidéo destinée aux étudiants (voir ci-dessous), M. Deneken indique que le chauffage sera activé « le plus tard possible » pour un objectif de 19°C dans les locaux mais surtout que les bâtiments seront fermés deux semaines supplémentaires.
La fermeture des bâtiments accessibles aux quelques 57 000 étudiants de Strasbourg sera donc étendue jusqu’au 9 janvier 2023 (soit une semaine de plus que prévue, la rentrée était prévue le 3 janvier); tandis qu’en février, ils seront fermés une semaine supplémentaire avec des cours qui n’auront lieu qu’en distanciel. Dans une interview à France Info, le président de l’Université indique que « les gestes écologiques sont réclamés très fortement par nos étudiants. »
Une « démocratie interne piétinée » selon l’Afges
Mais l’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges), qui avait soutenu Michel Deneken lors de son élection à la présidence de l’Université, fustige une « démocratie interne piétinée » avec cette annonce « dans les médias et sur les réseaux sociaux » et prévient qu’elle se positionnera contre cette mesure. L’Afges, qui siège au conseil d’administration de l’Unistra, a critiqué ses choix dans un communiqué publié le 20 septembre :
« Bien que l’intention soit louable face à la crise climatique, ces mesures vont durement toucher les conditions d’études et rompre gravement l’égalité entre les étudiants. Cette fermeture fait peser sur la population étudiante le poids de l’augmentation du prix de l’énergie puisque leurs dépenses de chauffages augmenteront mécaniquement lorsqu’ils étudieront chez eux. »
Tous les syndicats étudiants opposés à la fermeture
Avec cette décision sans concertation, le président de l’Unistra a réalisé le tour de force de mettre d’accord une Afges d’ordinaire plutôt conciliante avec la présidence de l’université et des syndicats plus radicaux, comme Solidaires Etudiant·e·s et Sud éducation Alsace. Ces deux formations syndicales bien ancrées à gauche ont publié un communiqué dans la soirée du 19 septembre. Le texte dénonce l’enseignement à distance provoqué par la fermeture de l’Université pendant la semaine des examens :
« Nous connaissons les conséquences de l’enseignement à distance : rupture d’égalité pendant la période d’examens, dégradation des conditions d’études et de travail, et isolement des étudiants et étudiantes et du personnel dans une situation critique et précaire. »
« Ce sont encore une fois les étudiants qui payent la crise »
Présidente de la section strasbourgeoise de l’union syndicat et associative Alternative, Éléonore Schmitt réagit à cette mesure découverte en cours, à 13 heures, grâce à une enseignante. L’étudiante en deuxième année de master à l’Institut d’Étude Politique (IEP) de Strasbourg souligne les contradictions du président d’université Michel Deneken :
« La décision de passer une semaine de cours en visio, c’est assez marrant sachant que le président de l’Université, pendant le confinement, avait fait des lettres ouvertes pour demander la réouverture des facs. Maintenant c’est le premier président qui annonce qu’il ferme ses locaux. »
Pour la responsable syndicale, « ce sont encore une fois les étudiants qui payent la crise. La précarité étudiante a déjà augmenté à la rentrée avec l’inflation et le refus du gouvernement de revaloriser nos bourses à la hauteur de cette inflation. En plus maintenant on porte encore atteinte à nos conditions d’étude, c’est difficile à avaler… »
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