Je me suis lancée un défi : assister à tous les vernissages strasbourgeois de la soirée de jeudi. Avant de partir, il m’a fallu établir un planning. D’abord le Syndicat Potentiel, ensuite le Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines, puis pour terminer Stimultania.
Le timing est serré. J’arrive au Syndicat Potentiel à 18 heures tapantes. Axel Claes, l’artiste exposé, est déjà là pour accueillir les premiers visiteurs. Comme je suis la seule, je n’ose m’approcher du buffet, quelques bretzels et du jus d’orange dans des verres en plastique. Je me réserve. En attendant que la salle se remplisse j’en profite pour regarder l’exposition.
Dans la première pièce les œuvres sont disposées au sol. On ne sait pas vraiment dans quel sens les regarder. Des objets, personnages et animaux du quotidien sont collés dans tous les sens. Et autour, du coloriage « comme les gamins », ironise l’artiste lui-même.
Dans la salle voisine, les œuvres vont du sol au plafond. Debout, face à ces dessins, on se sent minuscule. C’est certainement ce que souhaite l’artiste. Pourtant, il explique avec un accent belge prononcé, que dans les deux pièces sa démarche n’est pas différente :
« Je les ai disposées volontairement comme cela mais ces œuvres sont dans la même veine. Ce sont des rapports à la réalité quotidienne. A cette réalité et à ce monde parfois incompréhensible. Le but de tout cela est simple : c’est de vous surprendre ! »
Et ça marche ! Je regarde tous ces tableaux, lis toutes ces phrases et je dois dire que je ne comprends pas toujours. Je suis étonnée, je m’interroge. Pourquoi écrire, « Le pouvoir du tambour sur la poubelle », sur du papier peint, et dessiner un tambour dans une poubelle ? C’est, comme le dit l’artiste, incompréhensible, mais en même temps ça m’amuse.
De Bruxelles à Berlin
18h10, 18h20. Le temps passe et les visiteurs sont toujours en train d’arriver. Tant pis pour le discours et la performance de Risographie. Il faut encore que je me rende au CEAAC. Le vernissage commence dans 10 minutes. Sous la pluie je quitte donc l’univers bruxellois pour me rendre chez les amoureux de la capitale allemande. Me voilà arrivée, avec un peu de retard. Plusieurs visiteurs sont déjà en train d’observer les œuvres. Cette fois deux expositions sont visibles. Les deux jeunes artistes, Guillaume Alimoussa et Anil Eraslan, sont partis en résidence à Berlin pour réaliser leurs productions.
Je parcours la première pièce rapidement. J’apprendrais ensuite que l’artiste a réaliser des photographies de personnes importantes pour lui, accompagnées de ses sculptures.
En haut, l’exposition me parle plus. Forêt, immeuble, lit, horloge, musiciens, toutes ses photographies me plaisent et me donnent à la fois une sensation étrange. Le flou des photos et les sons qui accompagnent l’exposition sont presque angoissants.
Dans une petite salle à côté est projetée une video de répétition de concert. Le tout toujours dans le même concept de flou travaillé que les photographies. Je jette un oeil au buffet, les mêmes bretzels apéritifs et jus d’orange. Je passe mon tour.
Un mélange d’art et de culture
19h10, le discours des artistes touche à sa fin. Je m’éclipse discrétement. Cette fois je suis vraiment en retard. Il est 19h passées, le versnissage à Stimultania a débuté depuis plus d’une heure. Je saute dans un tramway et me voilà arrivée à la galerie de photographie. Le vernissage bat toujours son plein. Je commence à avoir un peu faim mais tous les bretzels ont été boulottés.
Quelques visiteurs sont rassemblés autour d’une femme vêtue d’une robe africaine. Ils semblent absorbés par son discours. Je comprends vite qu’il s’agit de l’artiste.
Cette exposition est la plus fascinante de la soirée. Des personnages noirs sont photographiés avec des costumes étonnants. Un trait blanc traverse leur visage. Maïmouna Guerresi, explique comment elle a conçu ses œuvres :
« Je fais tout moi-même. Les décors, la peinture sur les murs, les costumes, les chapeaux… Je mélange plusieurs cultures parce que j’aime beaucoup la diversité. Et j’aime surtout montrer la beauté de la diversité ».
Et l’artiste sait de quoi elle parle. Cette Italienne vit aujourd’hui au Sénégal et s’est convertie à l’Islam soufi. Elle expose dans différents pays du monde de l’Inde aux Etats-Unis en passant par la Belgique et l’Afrique bien sûr.
Au boût d’une heure de visite je quitte l’exposition. Maïmouna Guerresi est toujours en train de discuter de ses œuvres avec les visiteurs. Elle pourrait en parler toute la nuit.
A 20h30 je rentre chez moi, affamée mais avec des images et des couleurs plein à la tête. Finalement une soirée vernissage à Strasbourg ce n’est pas si mal. Assez agité mais faisable après tout !
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