L’horloge qui orne la façade du bureau de Poste de la cathédrale indique 15 heures. Mardi 18 mai, le vent balaie la place du château, manquant de peu de faire s’envoler la tente de la FAPT-CGT du Bas-Rhin (Fédération des salariés du secteur des activités postales et de télécommunications). Le syndicat a appelé les salariés du bureau à se rassembler contre la probable fermeture définitive du bureau de poste voisin de la cathédrale. L’établissement doit fêter ses 150 ans cette année. La manifestation, organisée en parallèle d’une journée de mobilisation nationale chez les employés de la Poste, a réuni une vingtaine de personnes.
Aucune annonce officielle pour le moment
Aucune annonce officielle n’a été faite par la direction, mais « depuis une semaine, des bruits de couloirs courent sur le non-renouvellement du bail des locaux du bureau de la Cathédrale (le bâtiment appartient à la Ville, ndlr), et à la Poste, les rumeurs se vérifient souvent, comme avec la fermeture des bureaux de Krutenau et de la gare », gronde Patrick Leroy, délégué syndical de la FAPT-CGT, casquette noire et masque rouge sur le visage.
Une réunion est prévue mardi 25 mai avec la direction pour la présentation d’un plan de réorganisation. Contactée, la Poste élude la question de la fermeture du bureau Strasbourg Cathédrale tout en indiquant prévoir un « point début juin pour faire un bilan de l’évolution des offres de services à Strasbourg. »
« On compte sur le pouvoir des élus pour maintenir ce bureau, on aimerait que la maire se positionne. On va interpeller la ville dès que ce sera officiel « , assure Patrick Leroy, de la FATP-CGT. Le délégué syndical espère aussi une mobilisation des usagers dans un futur proche. Des usagers qui, selon lui, sont « perdants » dans cette tendance à la « désertification organisée » des bureaux de Poste, dans les zones rurales mais aussi dans les villes. Un phénomène qui entraîne par exemple un accès plus compliqué aux activités bancaires de l’entreprise, mais aussi une moins grande amplitude des horaires d’ouverture, explique Patrick Leroy.
« N’importe quel concurrent se battrait pour conserver cet emplacement »
En attendant l’officialisation de la décision, la vingtaine de personnes réunie tente de trouver une explication à la probable fermeture. « Depuis le confinement, avec les boutiques fermées et la disparition des touristes, le chiffre d’affaires doit être en chute libre », avance une employée de la Poste.
Mais parmi les salariés rassemblés, c’est l’incompréhension qui domine. « Ce bureau de poste est mythique, il existe depuis 1871. Je trouve ça un peu choquant de s’en débarrasser comme ça. N’importe quel concurrent se battrait pour garder cet emplacement », regrette Pierre, 62 ans, fraîchement retraité après plus de vingt ans passés au bureau de Strasbourg cathédrale.
Entre les commerçants, les touristes et les habitants, « ce bureau a toute sa raison d’être », assure Marie, 71 ans. La retraitée, qui habite depuis dix ans dans le quartier, est une habituée du bureau de poste. « On tisse des liens avec les employés, l’ambiance y était particulière, très chaleureuse. Je connais tous les employés », précise-t-elle en signant une pétition.
Un bloc de pétitions à la main et un gilet CGT sur le dos, une employée de la Poste accoste les clients qui, étonnés, trouvent porte close. Les quatre employés du bureau de Strasbourg Cathédrale ont fait grève, mardi 18 mai, dans le cadre de la journée nationale d’actions et de manifestations de la Poste. Les signatures se succèdent, tout comme les encouragements. « Bonne chance », lance une habitante du quartier en s’éloignant. Un peu plus tard, une habituée revient, un sachet de chocolats à la main pour les employés.
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