« A l’heure où tout le monde est équipé de téléphone, la police est filmée comme jamais. Or, la police a tendance à masquer son action », estime le sociologue Jérémie Gauthier. Ainsi, ce spécialiste de la police française ne s’étonne pas des dispositions prévues par l’article 24 du projet de loi de sécurité globale. S’il est adopté, la loi pourrait punir d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la diffusion d’images d’un policier « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique. »
Mercredi 18 novembre à 18 heures, Rue89 Strasbourg et l’Université en campagne contre les idées reçues ont donc invité le sociologue Jérémie Gauthier et le politologue Fabien Jobard à discuter de plusieurs préjugés concernant la police, notamment le suivant : « Interdire de diffuser des images de policiers, c’est protéger les policiers des campagnes de haine. »
Jérémie Gauthier : « L’attaque de Magnanville n’a pas grand chose à voir avec la diffusion d’images »
Au sujet de ce préjugé, Jérémie Gauthier esquisse une première critique :
« Interdire de diffuser des images de policiers, c’est un vieux serpent de mer de la droite et de l’extrême-droite, justifié par les syndicats grâce à l’attentat de Magnanville (un assassinat d’un couple de policiers, ndlr), un événement qui a traumatisé dans les rangs policiers et bien au-delà. Sauf que ce djihadiste ne les a pas tués parce qu’il les a vus sur Youtube. Le djihadiste avait une liste. Il les connaissait parce que c’étaient des policiers locaux, donc cette attaque n’a pas grand chose à voir avec des questions de diffusion d’images. À ma connaissance, aucun policier ne s’est fait agressé parce que filmé par des gens en manif. Il y a un détournement de l’émotion causé par cet attentat de Magnanville. »
Dans une première partie, le sociologue Jérémie Gauthier et le politologue Fabien Jobard puiseront dans leurs recherches, entretiens et autres études pour répondre à d’autres « idées reçues » sur la police, dont :
- « La police est raciste »,
- « Les Français n’ont plus confiance en la police »,
- « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit », Emmanuel Macron lors d’une réunion du Grand Débat, le 7 mars 2019
Les spectateurs du Facebook Live sont invités à poser leurs questions par écrit, les deux universitaires leur répondront à l’antenne.
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