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Tribune : Jeunes de gauche, voici pourquoi nous nous opposons à la réforme du bac

Pour les organisations « jeunes » de quatre partis et mouvements politiques de gauche à Strasbourg, la réforme du bac, couplée à la sélection à l’entrée de l’Université, va accroître les inégalités entre lycéens.

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Tribune : Jeunes de gauche, voici pourquoi nous nous opposons à la réforme du bac

Diplôme de la maturité, ou “couronne de lauriers”, le baccalauréat a connu maintes réformes, des dénominations A, B, C, D, E, T, aux noms de filières que l’on connait jusqu’alors (L, ES, S). Il s’est aussi démocratisé. Longtemps réservé à une élite (moins de 10% de bacheliers en 1950), il sert aujourd’hui de passe-droit pour un accès à l’enseignement supérieur et surtout à l’université.

Pour la majorité en place, cette démocratisation du baccalauréat est le symbole d’un nivellement par le bas. En réalité, elle constitue un progrès : elle est synonyme de meilleures aptitudes de la part des jeunes générations.

Des inégalités déjà là

Cependant, des inégalités subsistent. Aujourd’hui encore, on compte deux fois plus de bacheliers et bachelières chez les enfants de cadres que ceux d’ouvriers. De même, on observe que les jeunes issus de milieux favorisés réussissent mieux en filières générales que ceux venant d’un milieu modeste, qui se retrouvent en conséquence souvent cantonnés aux filières professionnelles, malheureusement non valorisées en France.

Avec la réforme en cours, il est donc bien question de supprimer les filières actuelles au profit d’un tronc commun à partir de l’année de première, auquel est ajouté le choix de trois spécialités, dont une devra être abandonnée pour l’année de terminale. Nous notons des aspects positifs avec la volonté d’entreprendre des changements nécessaires dans un système à bout de souffle.

Le Baccalauréat va être profondément remanié.

Plus d’accès garanti dans le supérieur

L’obtention du bac ne garantira plus l’entrée dans le supérieur : il faudra désormais présenter un dossier. Les universités devront alors scruter des critères parfois obscurs, allant des activités extra-scolaires aux voyages linguistiques des candidats. Ces derniers devront également rédiger plusieurs lettres de motivation, ainsi qu’un véritable petit CV.

C’est précisément là où le bât blesse, là où les inégalités sociales se feront le plus sentir : ce qui peut n’être qu’une formalité pour ceux disposant d’un accompagnement extra-scolaire, s’avérera bien plus complexe pour ceux étant moins favorisés.

Comment mettre en place les onze spécialités ?

Déjà voit-on poindre des offres de formations monétisant l’accompagnement des lycéens dans l’élaboration de leurs dossiers. C’est enfin là que les inégalités socio-économiques entre élèves exploseront. Tous ne disposent pas des mêmes opportunités d’apprendre en dehors du temps scolaire.

Une telle réforme, ambitieuse en apparence, restera inapplicable dans les faits par le manque de moyens alloués aux lycées. Les établissements les plus défavorisés n’auront pas la possibilité matérielle de proposer les onze spécialités prévues. Visiblement, le « Nouveau Monde » ignore encore tout du la réalité du terrain.

Contrôle continu, la fausse bonne idée

En outre, l’idée du contrôle continu constitue une fausse bonne idée. En l’espèce, sans aucun autre dispositif, ceci aura pour conséquence de creuser les inégalités entres les établissements intensifiant le phénomène déjà présent d’établissements de « seconde zone », qui mèneront eux-même à des universités de « seconde zone », ayant des prérequis plus bas.

Le baccalauréat souffre déjà d’un manque d’égalité avec seulement 50% des enfants d’ouvriers qui l’obtiennent contre la quasi-totalité des enfants de cadres passant cet examen. La création d’établissements accessibles seulement à une élite avec un large choix de spécialités et d’options ne fera qu’accentuer le problème, sans y apporter de solution.

Nous demandons donc à ce que de véritables solutions face aux inégalités qui minent notre système soient mises en place :

  • Avant toute chose, augmenter de manière conséquente les moyens alloués à l’Éducation et ce dès l’école élémentaire, lieu où naissent les inégalités scolaires.
  • Garantir l’égalité de tous les élèves à l’école, notamment en assurant une tarification sociale et solidaire des cantines scolaires, des transports, mais également des manuels scolaires.
  • Redonner à l’orientation les moyens de sa mission, en rétablissant et développant des centres d’insertion et d’orientation, ainsi que les psychologues de l’éducation nationale présent dans les lycéens,
  • Proposer des travaux en groupe aux élèves afin que ces derniers apprennent le travail collaboratif et puissent partager leurs connaissances et leurs atouts. Le mythe de la méritocratie ne doit plus être brandi pour justifier la mise en place d’une pédagogie de la compétition, n’ayant d’autres conséquences qu’une reproduction sociale décomplexée.
  • Quant à cet « oral de maturité », il favorise encore une fois les élèves disposant d’une verve et d’une culture héritées d’un milieu social plus favorisé. Alors que ces derniers brilleront face à leurs enseignants, celles et ceux issus de milieux populaires avec un accès à la culture parfois plus restreint, seront une fois de plus défavorisés.

Non, nous ne prétendons pas que l’école pourrait dès demain permettre à chaque élève de s’affranchir de son carcan social, mais elle doit y prendre sa part. Là où le diplôme offrait un socle commun, cette réforme accentuera l’inégalité de chances, scellant un peu plus le destin social des lycéens et des lycéennes.

Mouvement des Jeunes Socialistes du Bas-Rhin

Jeunes Insoumis Bas-Rhin

Jeunes Ecologistes Alsace

Génération.S Strasbourg Campus


#baccalauréat

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