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Triangulaire à Strasbourg : la gauche doit convaincre les abstentionnistes

Coup dur hier soir pour le maire sortant Roland Ries. Le candidat PS arrive derrière Fabienne Keller (UMP) au premier tour (31,24% contre 32,92%) dans une triangulaire à prévoir dimanche 30 mars avec Jean-Luc Schaffhauser (RBM-FN). Le PS perd environ 10 000 voix par rapport à 2008, avec une abstention record de 50,31% des inscrits. Tout l’enjeu pour la gauche sera de mobiliser ces abstentionnistes pour espérer conserver Strasbourg.

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Roland Ries, maire (PS) candidat à sa réélection, n'est pas parvenu à rester en tête des suffrages au soir du premier tour (Photo PB)

Roland Ries, maire (PS) candidat à sa réélection, n'est pas parvenu à rester en tête des suffrages au soir du premier tour (Photo PB)
Roland Ries, maire (PS) candidat à sa réélection, n’est pas parvenu à rester en tête des suffrages au soir du premier tour (Photo Adrien Valjean)

Le suspense reste entier. Au second tour de l’élection municipale à Strasbourg dimanche 30 mars, trois candidats s’affronteront : Fabienne Keller (UMP), qui a pris la tête de la course hier soir avec 32,4% des suffrages exprimés (23 434 voix), suivie de près par le maire PS sortant Roland Ries (31,4%, 22 120 voix). Jean-Luc Schaffhauser (RBM-FN) passe de peu la barre des 10% et se maintiendra au second tour, ce qui entraînera une élection triangulaire. Derrière, viennent Alain Jund (EELV) avec 8,52% des voix, François Loos (UDI) avec 7,55%, Jean-Claude Val (FG) avec 3,94%, Tuncer Saglamer (MCS) avec 2,63%, Armand Tenesso avec 1,08%, Pierrette Morinaud (LO) avec 0,73% et Elisabeth Del Grande (POI) avec 0,39%.

François Loos, candidat UDI, n'a pas attendu très longtemps avant de rejoindre Fabienne Keller, candidate UMP. Il a diffusé un communiqué en ce sens dès 23h30.
François Loos, candidat UDI, n’a pas attendu très longtemps avant de rejoindre Fabienne Keller, candidate UMP. Il a diffusé un communiqué en ce sens dès 23h30 (Photo Adrien Valjean)

François Loos rallié à Fabienne Keller dès hier soir

Dans cette configuration, Fabienne Keller comme Roland Ries peuvent encore l’emporter. La candidate UMP peut d’ores et déjà compter sur une part des voix de l’UDI, puisque François Loos a annoncé dès hier soir qu’il se ralliait à l’UMP. Dans un communiqué, il précise :

« Avec Fabienne Keller, nous réaliserons de grandes choses. Notre approche des citoyens au cours de nos campagnes respectives a porté ses fruits. Nous pouvons envisager avec confiance une campagne équilibrée. Pour que le projet de gouvernance municipale commun que nous allons présenter soit une synthèse judicieuse et pertinente de visions et de talents, nous allons donc conclure un accord en vue du second tour des élections. Cet accord prendra largement en compte les propositions et les valeurs que nous avons portées. »

Plus de réserves de voix à gauche qu’à droite

Seulement voilà, même avec les deux tiers des soutiens de François Loos, un bon quart de ceux de Jean-Luc Schaffhauser, dont le score devrait se tasser au second tour, Fabienne Keller a peu de réserves de voix, son score de 1er tour hier soir étant à peu de choses près identique à celui de 2008. Roland Ries, en revanche, qui n’a pas pu surfer cette fois-ci sur le rejet de l’équipe Keller-Grossmann comme en 2008, a perdu environ 10 000 voix. C’est beaucoup.

Où sont-elles ? Chez les écologistes d’abord, qui ont gagné un bon millier de suffrages par rapport à 2008, chez François Loos peut-être, mais surtout chez les abstentionnistes, déçus de la politique menée par François Hollande au niveau national et peu enthousiastes quant au projet ou à la personnalité du maire sortant. C’est eux d’abord que n’a pas su mobiliser le PS hier, reconnaissent plusieurs colistiers de Roland Ries, parmi lesquels Alain Fontanel, co-directeur de campagne de Roland Ries, et Syamak Agha Babaei. Ce dernier ne se lance pas pour autant dans une autocritique de son camp et en profite pour taper sur la concurrence :

« Les électeurs de gauche ne se sont pas mobilisés, on le voit dans certains bureaux où le PS est très haut d’habitude, par exemple dans les quartiers, où se cristallise un vote Front national. Finalement, dans le climat de défiance actuel, notre score est un bon score, notre bilan est reconnu. Celui de l’UMP par contre est décevant, alors que Fabienne Keller a reçu tous les pontes de l’UMP et fait une campagne sur le terrain. D’ailleurs, si le score du FN est aussi haut, c’est l’UMP qui en porte la responsabilité, avec ses discours transgressifs, notamment sur l’immigration. »

Entre les deux tours, redevenir de « vrais socialistes »

Philippe Bies, député du Bas-Rhin et colistier du maire sortant, assume d’avantage le désaveu de la politique du gouvernement :

« Je suis absolument désolé que le Front national arrive à ce niveau, même si on résiste bien par rapport à d’autres villes. Je l’explique par le contexte national. On le voit bien dans plusieurs communes du sud de la France, dont un certain nombre va être emporté par le FN. Ce résultat s’explique par le quotidien difficile que vivent les classes moyennes et populaires, et l’échec des politiques menées par les uns et les autres [ndlr, gouvernement compris]. C’est clairement un vote sanction. Ce que nous allons dire cette semaine aux électeurs de gauche, c’est qu’ils ne doivent pas se tromper de combat, qu’il y a un risque de retour en arrière pour Strasbourg qui les pénalisera eux-mêmes. »

Sur la stratégie à adopter entre les deux tours, Eric Schultz, colistier d’Alain Jund (EELV), est catégorique : « Il faut donner un nouveau souffle à la campagne, rassembler à gauche et ne plus ouvrir au centre » (cf. la place donnée à Chantal Cutajar, tête de liste MoDem en 2008, sur la liste de Roland Ries au 1er tour). Pour lui, il faut que le PS « s’affirme comme socialiste, notamment dans les quartiers ». Avec 5 points d’abstention de plus qu’en 2008, 7000 voix seraient selon lui dans la nature, « en grande partie des électeurs de Roland Ries ». L’écologiste s’interroge également sur le report des 2 000 voix de Tuncer Saglamer, qui tient peut-être une clé du scrutin entre ses mains.

Jean-Luc Schaffhauser, tête d'une liste "Rassemblement Bleu Marine" (FN), pourra se maintenir au second tour (Photo PB)
Jean-Luc Schaffhauser, tête d’une liste « Rassemblement Bleu Marine » (FN), pourra se maintenir au second tour (Photo Adrien Valjean)

« Les électeurs accompagnent le candidat arrivé en tête »

Bien sûr, à droite, on espère très fort. Avec l’arrivée de Fabienne Keller en tête du 1er tour, tout est encore possible, malgré la triangulaire. Geoffroy Lebold et Elsa Schalck, deux colistiers de la candidate UMP, martèlent :

« Notre victoire dépendra du report des voix de François Loos, mais la dynamique est de notre côté. La tradition veut que les électeurs accompagnent le candidat arrivé en tête. Le PS fait une chute vertigineuse, qui correspond à ce que les Strasbourgeois nous disent sur le terrain. La rupture entre Roland Ries, son équipe et les habitants est consommée. Ils n’ont pas su les entendre et les écouter. Fabienne Keller, elle, a su renouer le fil. »

Ce n’est pas l’avis d’Andrea Didelot, colistier de Jean-Luc Schaffhauser, chargé de porter la parole du Rassemblement bleu marine au centre administratif hier soir. Pour lui, « les gens ont compris que Ries et Keller c’était la même chose, que leurs bilans sont semblables et que le RBM est la vraie alternative ». Quel que soit le résultat du vote de dimanche prochain, trois élus d’extrême droite feront leur entrée au conseil municipal à partir du mois d’avril 2014.

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#élections municipales 2014

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