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Et soudain, le tram sur pneus a été enterré à Koenigshoffen

Les aménagements qui ont fait débat (6). La municipalité et la CTS voulaient un tram sur pneus pour desservir le nord et l’ouest de l’agglomération strasbourgeoise. Mais une exceptionnelle mobilisation a forcé le maire Roland Ries à renoncer à cette idée, et à proposer aux habitants de Koenigshoffen un tramway sur fer. Le bras de fer s’engage à présent sur le tracé.

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Tram #1 (Photo Vidame / FlickR / CC)

Tram #1 (Photo Vidame / FlickR / CC)
Tram #1 (Photo Vidame / FlickR / CC)

La scène se déroule samedi 22 juin sur le plateau du journal régional de France3 Alsace. Roland Ries, maire de Strasbourg, confirme  qu’il sera candidat à sa succession, mais la vraie surprise est l’annonce à la fin de l’interview qu’il renonce au tramway sur pneus pour la desserte des quartiers ouest en faveur du tramway sur fer, utilisé dans le reste de l’agglomération. Roland Ries bafouille un peu, entoure sa réponse de circonvolutions… C’est assez normal, après plus de deux ans passés à pousser le tramway sur pneus en s’impliquant personnellement, Roland Ries a du mal à jeter l’éponge.

De l’autre côté du poste de télévision, à Koenigshoffen, Pierre Ozenne n’en croit pas ses oreilles. Animateur du collectif « Pour un tram fer à Koenigshoffen » créé en novembre 2011, Pierre Ozenne s’est vu rétorquer à de multiples reprises que les arguments du collectif contre le tramway sur pneus ne tenaient pas la route, qu’il n’était pas représentatif ni sérieux, etc. Reçu par le maire en février 2012, le collectif s’était vu confirmer par Roland Ries qu’il passerait outre leur opposition.

Oui mais voilà, la bataille pour les élections municipales de mars 2014 sera plus serrée qu’en 2008 et Roland Ries a fini par reconsidérer le coût politique que lui vaudrait un passage en force à Koenigshoffen. Débutée en novembre 2011, la première concertation a bénéficié du soutien de tous les élus de la Ville (lire cette tribune parue dans les DNA) mais le premier couac est apparu très vite, avec une autre tribune publiée le 16 novembre par l’association Apek (Association pour la préservation de l’environnement à Koenigshoffen) qui demandait un « vrai tram » pour l’ouest strasbourgeois.

Avec un « tram au rabais », pas de concertation possible

Les mots sont lâchés, le tram sur pneus serait un « tram au rabais ». Eric Elkouby, adjoint de quartier pour Koenigshoffen, regrette que le débat se soit polarisé aussi vite :

« Lors d’une réunion publique en juin 2011, la CTS a expliqué que le tramway sur pneus serait moins cher. Dès lors, les habitants ont eu l’impression qu’il ne s’agissait pas d’un vrai tramway et c’était plié. J’ai senti monter une vive opposition dans le quartier, qui s’exprimait à chaque réunion publique, sur les marchés, dans mes rencontres avec les citoyens… J’ai organisé une trentaine de réunions et le discours exprimait à chaque fois une unanimité contre le tramway sur pneus. J’ai prévenu le maire et je regrette qu’il y ait eu un entêtement sur ce dossier. »

Cette opposition qu’Eric Elkouby a senti monter, elle doit un peu à l’activisme du collectif « Pour un tram fer », qui n’a cessé de multiplier les interventions et les alertes contre le tramway sur pneus depuis deux ans. Pierre Ozenne se souvient :

« Lorsqu’on a appris que la Ville prévoyait un tramway pour Koenigshoffen, on a très vite commencé à en parler avec les associations de quartier. Ça a commencé avec des stammtichs au Bistrot des Romains. Il y avait de plus en plus de monde à nos réunions. On a fondé le collectif à l’automne 2011 pour coordonner nos actions et on a publié notre première plaquette. On a organisé des réunions publiques en réponse à celles organisées par la CUS, on a répondu point par point aux arguments avancés par la CTS en faveur du tramway sur pneus, on s’est déplacé dans les villes qui l’utilisent, on est même allé à Duppigheim visiter l’usine où le Translohr est fabriqué. »

Le collectif a publié plusieurs tribunes (dont une sur Rue89 Strasbourg), envoyé deux mémoires au cours de la première concertation et se déclarait prêt à saisir les tribunaux en cas de « passage en force » de la CUS sur le mode de roulement. Le dialogue est si difficile que la CUS décide finalement de repousser la procédure légale et d’entamer une seconde concertation, en avril 2013, toujours pilotée par la CTS. La vidéo officielle recommande à nouveau de choisir le pneu, mais c’est trop tard.

Le levier politique, le seul qui fonctionne

Ancien candidat EELV aux élections cantonales, Pierre Ozenne reconnaît qu’il a utilisé le levier politique très tôt :

« J’ai constaté que, quelle que soit la validité des arguments techniques, quelles que soient nos raisons, elles sont toujours balayées dans les réunions. Donc on a travaillé à mobiliser les habitants pour que Roland Ries comprenne bien le risque politique qu’il prendrait. C’est dommage d’en arriver là, mais c’est ainsi que la démocratie locale fonctionne. On a fait de la politique au sens noble, celui de la chose publique. Et le résultat montre que lorsque la mobilisation des citoyens est totale, sur la durée, on peut changer le cours des choses. Au départ, beaucoup n’y croyaient pas et nous disaient que tout était déjà décidé et qu’on n’y changerait rien. »

De son côté Roland Ries revendique désormais le changement à Koenigshoffen : « Tenir compte de ce que pensent les Strasbourgeois, c’est important, sinon ce n’est pas la peine de concerter », a-t-il déclaré à la presse. La concertation doit-elle pour autant se terminer systématiquement par une clé de bras pour qu’un exécutif change d’avis ? La démocratie locale a encore des progrès à faire, d’autant que les batailles ne sont pas terminées à Koenigshoffen.

Le collectif reste mobilisé sur le tracé du tramway cette fois et demande « une vraie concertation » sur ce sujet, et non la poursuite de la procédure telle qu’elle a été votée en conseil de CUS le 12 juillet. Eric Elkouby est à la manœuvre et reçoit depuis le début de l’été, plans sur son bureau, les représentants des associations de résidents. Route des Romains, l’Allée des Comtes… L’élu de quartier doit rendre une synthèse de ces avis à Roland Ries fin septembre. La solution retenue sera connue début octobre.


#concertation

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