Mardi matin dans la salle du restaurant L’Atelier, avenue des Vosges, la droite strasbourgeoise et métropolitaine, ainsi que la socialiste Catherine Trautmann, a lancé devant la presse sa campagne contre l’extension du tramway vers le nord de l’agglomération. L’objectif est de mobiliser les habitants pour qu’ils expriment également leur opposition au projet défendu par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, lors de l’enquête publique, qui se déroule depuis lundi et jusqu’au 18 octobre.
Parmi les élus présents, Jean-Luc Herzog, le maire (divers droite) de Niederhausbergen a introduit le discours :
« En supprimant des axes importants de circulation comme l’avenue des Vosges à Strasbourg et la route de Bischwiller à Schiltigheim, ce projet va avoir des conséquences sur tous les habitants du nord de l’Eurométropole voire au-delà ! En supprimant le pont au dessus de la M35, comment vont se rendre au Wacken les nombreux salariés du nord de l’agglomération ? »
Pour Jean-Luc Herzog, la Ville de Strasbourg ne devrait pas avoir le droit de décider qui passe par son territoire. « Il y a 17 000 véhicules qui passent à Niederhausbergen, il se passe quoi si je décide de tout fermer ? » Et d’ailleurs, même l’Eurométropole ne devrait pas pouvoir décider de ces aménagements selon lui, puisque les écologistes « sont en minorité au conseil métropolitain. La coalition ne tient qu’avec quelques maires obligés, à 59 contre 56. »
Pas d’accès direct à la gare
Cette charge pour le droit de rouler chez les autres est approuvée par les autres membre du collectif d’opposition, dont Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg et la première à avoir déployé le tram dans l’agglomération… Elle a rappelé que selon son analyse, le tracé prévu par la municipalité et l’Eurométropole aurait plus d’impacts négatifs :
« Le tracé soumis à l’enquête publique ne passe pas par l’Homme-de-Fer, n’ajoute aucune nouvelle ligne de tram, ne relie pas directement les institutions européennes ni Schiltigheim à la gare centrale et provoquera des reports de circulation dans des secteurs densément peuplés, comme les boulevards de Dordogne ou d’Anvers. »
Elle en a profité pour rajouter un nouvel argument à sa panoplie essentiellement technique :
« Ce tracé est idéologique. En voulant supprimer la circulation, les écologistes vont assigner à résidence les habitants. On n’aura plus une ville en mouvement mais une ville décor. »
Embourgeoisement ou embolisation
Catherine Trautmann fait ainsi référence aux arguments de la municipalité qui prévoit de profiter des aménagements du tram pour piétonniser les abords et mettre en valeur le patrimoine architectural de la Neustadt, notamment sur le tronçon passant par l’avenue des Vosges.
Ces aménagements provoquent un embourgeoisement quasi-systématique des logements à proximité du tram, avec les augmentations des loyers et des coûts d’acquisitions qui en découlent. Et ce, dans une ville où l’accession au logement est déjà extrêmement difficile pour les familles, un sujet auquel la municipalité écologiste a été bien incapable de répondre depuis son accession aux affaires.
Thibaud Philipps, le maire (Les Républicains) d’Illkirch-Graffenstaden, a chiffré le coût total de l’extension du tramway vers le nord à 317 millions d’euros. Il ajoute aux 268 millions d’euros de la délibération métropolitaine 37 millions pour les « opérations connexes », les travaux pour supprimer ou modifier des ponts, et les 12 millions prévus pour le réaménagement du quartier des Halles. « Ce n’est pas soutenable pour la collectivité, dont l’endettement va plus que doubler, assure-t-il. Le taux de rentabilité interne du projet n’est que de 4,99% sur 120 ans, ce qui est inédit sur une durée aussi longue. »
En conclusion, Pierre Jakubowicz, conseiller municipal (Horizons) dans l’opposition municipale, a exhorté les habitants à utiliser ces « 40 jours d’enquête publique pour éviter 40 ans de conséquences néfastes » :
« Le tramway est un objet démocratique dont tous les Strasbourgeois peuvent être fiers et nous disons aux citoyens que l’enquête publique, c’est leur moment. La municipalité dit que le tracé n’est pas à débattre mais bien sûr que si ! Si un avis défavorable est rendu à l’issue de cette enquête publique, ce sera justement sur ce projet. Il sera toujours possible de proposer un autre tracé ensuite. »
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