La question du tracé du tram est proche de son épilogue. Deux principaux tracés s’opposent : le premier est souhaité par la municipalité de Strasbourg, il part de l’actuelle ligne F à partir de la rue du Faubourg-National pour rejoindre les quartiers Ouest et en premier Koenigshoffen. Mais il existe un second tracé, porté par le « collectif pour le tram à Koenigshoffen. » Celui-ci prévoit de laisser la rue du Faubourg-National telle qu’elle est aujourd’hui pour passer devant la gare principale, en prolongeant la ligne C.
Du 20 mars au 28 avril, une enquête publique a permis aux citoyens de s’exprimer. Mais plutôt que de se prononcer pour ou contre l’extension, le débat a vite tourné sur quel tracé privilégier. Pour les futurs candidats aux élections législatives du mois de juin, hors de question de rester à l’écart de ce débat.
Tous en tout cas soutiennent… la solution alternative, du collectif pour le tram de Koenigshoffen, le tracé passant par la place de la Gare. Rue89 Strasbourg a récupéré les contributions de Guillaume d’Andlau (qui espère l’investiture « En Marche »), Laurence Vaton (qui espère aussi l’investiture « En Marche »), Elsa Schalck (LR-UDI), Éric Elkouby (PS) et Abdelkarim Ramdane (EELV).
Une consultation portant sur un seul tracé
Seul Andréa Didelot, secrétaire départemental adjoint du Front National (FN), n’a pas souhaité participer à l’enquête publique :
« Nous n’avons pas souhaité participer à cette mascarade de consultation, qui sera évidemment négligée par l’exécutif local. Nous sommes pour le tracé proposé par le collectif mais ça doit être aux Strasbourgeois de voter pour choisir entre les deux options. »
Tout d’abord, Elsa Schalck pour « Les Républicains » regrette que la consultation ne porte que sur le tracé prévu par l’Eurométropole, à savoir la déviation du tram F d’Elsau vers Koenigshoffen. Les autres tracés ne sont expliqués qu’à titre indicatif :
« L’Eurométropole nous demande de nous prononcer non pas sur plusieurs tracés mais sur un seul tracé. Le bon sens et la perpétuation de la tradition initiée lors des précédents prolongements auraient voulu que plusieurs tracés soient testés et mis au débat. »
L’arrêt Faubourg National, une station gare « low cost », selon Guillaume d’Andlau
Pour Guillaume d’Andlau, considérer l’arrêt prévu au Faubourg National comme un arrêt pour rejoindre la gare est une erreur :
« Prétendre que la station du Faubourg National serait une “station gare” n’est pas crédible : 350 mètres séparent la gare de cette station. Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, pour les voyageurs avec des bagages, c’est impraticable. Pire encore, pour les voyageurs qui débarquent du train, trouver cette station quand on n’est pas de la ville est une gageure. »
De plus, les trams circuleraient sur l’emplacement actuel du marché, lieu de vie du quartier. Guillaume d’Andlau, lui-même résident de la rue du Faubourg-National, est contre son déplacement :
« La partie centrale du faubourg accueille un marché deux fois par semaine, très fréquenté et lieu de vie et de lien entre les habitants du quartier et aussi ceux de l’Elsau qui ne disposent pas d’un marché. Le reste de la semaine, l’espace ouvert est utilisé pour toutes sortes d’événements de la vie du quartier. Le risque sur cet espace a fortement mobilisé les habitants. »
Alertes sur l’Elsau, quartier prioritaire qui perdrait 35% de sa fréquence de tram
Elsa Schalck, par ailleurs conseillère municipale d’opposition, regrette que la solution envisagée soit de dévier le réseau, et non de l’étendre :
« En déviant la ligne F, le quartier de l’Elsau, dont sa partie classée en Quartier Prioritaire de la Ville, serait fortement impacté par la diminution de près de 40% de son offre actuelle en tramway. »
Pour Abdelkarim Ramdane, conseiller municipal écologiste au sein de la majorité strasbourgeoise, l’Elsau doit « rester un quartier prioritaire » :
« Cette mesure consiste concrètement à réduire considérablement la desserte de quartier dont la population a cruellement besoin. Les populations des quartiers Ouest sont parmi les moins fortunées de l’agglomération : le recours aux transports en commun n’est pas un choix mais une nécessité pour pouvoir se déplacer. »
De même, le député depuis 2016 et ancien adjoint au maire de Strasbourg pour le quartier de Koenigshoffen, Éric Elkouby (PS), s’appuie en grande partie sur des décisions de justice et documents passés du dossier pour expliquer son raisonnement. Il condamne un projet « déshabillant » l’Elsau pour « habiller » Koenigshoffen.
« Les coûts d’exploitation de cette ligne sont minorés. La réduction des fréquences de la ligne F desservant l’Elsau compenserait le surcoût d’exploitation vers Koenigshoffen. Il semble difficilement imputable cette économie de desserte de l’Elsau. Celle ci, ce qui est inacceptable, aurait dût faire l’objet, dans le cadre d’une saine gestion du coût d’exploitation du niveau, d’une décision il y a un certain temps. Je ne peux pas accepter que l’on oppose un quartier à un autre. »
La municipalité prévoit également la construction d’un parking relais près du Parc du Glacis. Pour Abdelkarim Ramdane, cela supprimerait un espace vert pour une utilité contestable :
« Le projet prévoit en outre la création d’un parking relais supplémentaire à la liste de ceux existants à Strasbourg alors que bon nombre d’entre eux sont sous-utilisés. De plus, ce parking relais artificialise une partie du parc du Glacis sur le fossé au Rempart. Cet espace constitue la seule trame verte qui traverse l’agglomération Strasbourgeoise. »
Pour Laurence Vaton, conseillère municipale d’opposition (UDI) et qui sollicite une investiture « En Marche » pour les élections législatives, l’extension vers l’Ouest manque surtout de cohérence :
« Depuis 2011, les étapes de concertation se sont révélées en contradiction les unes avec les autres, leurs seules caractéristiques communes étant le refus de plus en plus marqué des responsables et services de l’Eurométropole et de la CTS de prêter la moindre attention aux craintes, aux préoccupations et aux propositions du public. Au fil des années, les conceptions de l’Eurométropole et de la CTS sont apparues de plus en plus éloignées des préoccupations exprimées par le public et relayées par les associations. »
La surcharge de la station homme de fer pointée
Éric Elkouby regrette qu’aucune vraie solution ne soit proposée afin de décongestionner l’arrêt de l’Homme de Fer :
« La station Homme de Fer est saturée. Il convient de constater qu’aucune étude technique n’est fournie pour prouver la « désaturation » de ce nœud par le projet soumis à l’enquête. Il est uniquement proposé de réduire les fréquences, au détriment du quartier de l’Elsau, de la ligne E (qui va d’Illkirch-Graffenstaden à la Robertsau, ndlr), en les affectant à cette nouvelle ligne F. »
Principale opposante dans la campagne à venir, Elsa Schalck partage ce point de vue :
« La ligne F est une des lignes du réseau existant avec les fréquences de passage de tram les plus basses. Par conséquent, les habitants des quartiers Ouest n’auraient pas une desserte régulière. En effet, il ne sera pas possible de faire circuler des rames supplémentaires à cause du nœud déjà saturé de l’Homme de Fer. »
Une analyse développée également par Laurence Vaton. Mais voilà, en dehors des prises de position publiques, les députés n’ont pas vraiment de pouvoir sur les transports en commun de leur ville. Mais au moins, ces déclarations permettent de répondre aux habitants et d’entrer en campagne.
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