Satisfait, Jacques Bigot. Alors que le rapport d’enquête publique, qui s’est déroulée du 20 novembre au 22 décembre 2012, doit être présenté au prochain conseil de communauté urbaine de Strasbourg, il valide l’option prise par le maire d’Illkirch-Graffenstaden et président de la CUS pour l’extension du tram A vers le sud de l’agglomération.
Joint jeudi, Jacques Bigot notait :
« Du point de vue du développement de l’urbanisme, il est plus opportun de desservir le centre de la commune que les quartiers Est (Liebermann et Alcatel) et surtout de proposer une liaison de centre-ville à centre-ville. [Avec ce tracé,] le tram desservira la salle des fêtes, les services de la commune et les nouveaux logements.
C’est vrai qu’en novembre, des critiques ont été exprimées. Mais bizarrement, les habitants des quartiers qui auraient pu se sentir abandonnés, eux, ne sont pas venus. Nous avons fait une réunion avec les commerçants, qui n’étaient d’ailleurs pas tous du même avis [ndlr, pas tous contre]… »
Démarrage des travaux cet été
Sur la défensive, Jacques Bigot ? Compte tenu du climat jugé « tendu, voire malsain » par les commissaires enquêteurs, il peut.
Alors que l’avis sur le projet est globalement favorable et que les travaux pourraient démarrer pas plus tard que cet été, l’option centre-ville est toujours loin de faire l’unanimité. Un bon nombre d’habitants est remonté contre le maire, qu’ils continuent d’accuser de ne pas écouter les riverains. Denis Menger, bijoutier du centre-ville, membre de l’association « Un tram pour qui ?« , explique :
« Le maire n’est vraiment pas à l’écoute des habitants, nous avons récolté 3 000 signatures à notre pétition contre le tracé proposé par la CUS. Mais il n’a rien voulu entendre, il s’obstine à vouloir ramener son tram (sic) au centre-ville malgré nos recommandations, qui privilégient le quartier Libermann, zone populaire et peuplée. Regardez la ligne 7, ses bus sont pleins à craquer alors que les autres lignes sont vides » .
Mais la CUS n’a plus le temps de tergiverser, pour bénéficier des 5,27 millions d’euros d’aide de l’Etat en rapport avec le Grenelle de l’environnement, les travaux doivent absolument débuter avant la fin de l’année 2013.
Pour l’extension du tram, mais contre le tracé
L’alternative proposée par l’association Opale (Ostwald)
Dès l’annonce du tracé de l’extension du tram A vers le centre-ville d’Illkirch, l’association « Un tram pour qui ? », réunissant des habitants de l’avenue Messmer concernés par le tracé, s’est créée. Ses membres, de nombreux habitants de l’avenue Messmer mais également d’autres Illkirchois se sentant affectés par ce projet, précisent ne pas être contre l’extension du tram vers le sud mais contre le tracé proposé par la CUS. Alfano Alfonsa, présidente de l’association, précise les griefs :
« Pourquoi dépenser 30 millions d’euros pour une extension d’à peine 1,8 kilomètre se terminant par un cul-de-sac, détruisant des maisons, supprimant de nombreuses places de parking, rendant impossible l’accès aux commerces de proximité qui, pour la plupart, annonceraient leur fermeture et surtout pour un tram qui ne s’adresserait qu’à une minorité ? »
Pour un terminus à l’Illiade
L’association TC Alsace critique aussi l’emplacement du terminus, un choix « incompréhensible » selon Damien Senger, son président:
« Il serait plus logique de construire le terminus à l’Illiade, qui est beaucoup plus dynamique que la salle des fêtes. On pourrait par la suite relier le terminus de l’Illiade à la gare de Geispolsheim afin que les jeunes qui étudient à Illkirch et habitent dans les villages alentour puissent se rendre directement sur le campus. Cela leur éviterait de faire un détour par la gare de Strasbourg ».
La réponse de l’enquête publique sur ce point :
D’autres problèmes se posent. D’abord, le tracé prévoit deux virages à angles droits, qui ralentiront les trams et pourraient augmenter les nuisances sonores. La création d’une voie unique du fait de l’étroitesse de l’avenue Messmer, partagée par les deux sens de circulation, est aussi une source de vives critiques.
La réponse de l’enquête publique sur ces points :
La fin des commerces de proximité ?
La suppression de nombreuses places de parking pour faire place au tram est un autre problème soulevé par les différentes associations (Opale, Un tram pour qui ?, TC Alsace), et surtout, comme c’est systématiquement le cas dans ce type de projet, par les commerçants. A Illkirch-Graffenstaden, ces derniers font valoir que leurs clients ne viennent pas du centre de Strasbourg, mais des villages en périphérie (Geispolsheim, Fegersheim…) non desservis par le tram. Comme à chaque fois, certains ont menacé de fermer leur rideau, malgré la promesse du maire de créer une centaine de places de parking derrière la salle des fêtes et l’instauration d’une zone bleue à proximité des commerces pour éviter les voitures-ventouses.
Un parking mais pas de P+R
Il n’est en revanche pas question d’accompagner le nouveau terminus d’un parking-relais (P+R). Selon Jacques-Bigot, les futurs utilisateurs du tram A à partir du centre d’Illkirch ne seront pas des habitants des communes périphériques :
« Cette extension n’a pas vocation à drainer les flux du sud de l’agglomération parce qu’il ne sera pas intéressant pour quelqu’un de Geispolsheim ou Fegersheim de se garer à Illkirch pour faire ensuite 25 minutes de tram vers Strasbourg. C’est trop long par rapport aux 15 minutes qu’il faut en voiture pour faire Geispolsheim-Strasbourg. »
Dommage, note l’association EcoCité Strasbourg, qui aurait bien vu un P+R sur les terrains à proximité d’Alcatel, et donc privilégier l’option Illiade pour l’extension de la A.
Avec Marie Marty
Aller plus loin
La délibération CUS avec rapport d’enquête publique sur l’extension du tram A à Illkirch-Graffenstaden (PDF)
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