27 ans déjà que la Chouc’ enchaîne les dates estivales gratuites, avec un sacré succès – près de 15 000 spectateurs à chaque tournée – et toujours le même crédo rappelé par l’inclassable et incorrigible Roger Siffer, troubadour elsässer et directeur du théâtre de la Choucrouterie à Strasbourg :
« Si le village ne va pas au théâtre, c’est le théâtre qui doit venir au village. On a commencé dans une roulotte, puis dans un autobus, et puis un tracteur… à force, on connaît les ronflements de tout le monde. »
Aujourd’hui, c’est dans l’air du temps, la petite équipe de la Chouc’ est passée au covoiturage pour assurer sa tournée.
La Chouc’ : formule choc
La formule, elle, n’a pas changé : un spectacle entre musique, théâtre et cabaret, de l’insolite, de la dérision, le tout en plusieurs langues. Si, comme l’explicite la devise de la Chouc’, « l’avantage d’être bilingue, c’est qu’on peut dire deux fois plus de conneries », Roger prévient : ce spectacle multilingue – qui évite de succomber à l’invasion de l’anglais – est « un tsunami de conneries. On ne sait jamais jusqu’où on peut aller trop loin ! ». Mais que les parents se rassurent : « les choses sont amenées assez subtilement pour que les petits n’entendent pas malice ».
A l’art de l’implicite, la Chouc’ joint celui du recyclage : redonner son lustre à un vieux tube, proposer une version inédite (made in Elsass) d’un succès planétaire, et bien sûr faire perdurer la coutume de la quête à la fin du spectacle, où chacun fait don de victuailles (Schnaps accepté bien entendu). « C’est une tradition du carnaval d’autrefois, les enfants récoltaient des ingrédients pour pouvoir faire des crêpes… » Roger, qui a passé une maîtrise de philosophie avant de monter sur scène, a d’ailleurs sa théorie sur le sujet : « la gratuité, c’est bête pour le public et les artistes, elle incite à ne pas être vraiment présent. Par la quête, même avec un simple paquet de nouilles, le public a payé. Il est en droit d’être content ». Et de citer Mauss et son Essai sur le don.
Car la Chouc’, c’est surtout du rire pour parler des choses sérieuses. Bien que la tournée soit moins satirique, moins ancrée dans l’actualité que la saison, elle reste politique « ne serait-ce que d’un point de vue philosophique, avec ce mélange des styles, des langues, des cultures ». Sans compter les piquantes allusions à nos politiques régionaux.
« Le soleil, la mer, et quelques coquineries » (« Hoch das Bein die Liebe Winkt »)
Partie du « sea, sex & sun » de Gainsbourg, l’équipe de la rue Saint Louis a titré sa tournée 2013 « le soleil, la mer, et quelques coquineries », un thème « fatalement macho si l’on veut être un peu fripon, sourit Roger. Je me fais huer tous les soirs, pour mon plus grand plaisir ». Au programme, sensualité et sous-entendus, avec La jeune fille du métro de Renaud, My heart belongs to daddy de Marylin, numéro de claquettes en sus, ou encore Sex Bomb… en alsacien! Les jeunes et les moins jeunes pourront également (re)découvrir le fameux Bombom Stand que Roger Siffer lui-même chantait avec succès dans les années 70 et que les jeunes strasbourgeois du groupe Bredelers ont revisité récemment à la sauce punk-rock.
Puisque la Chouc’ n’a pas l’esprit entièrement mal tourné, l’insolite, le hip-hop et la poésie seront aussi au rendez-vous, avec un origami de plus de 3 mètres et des bulles géantes, une réécriture inattendue de Ne me quitte pas, une version punk du Itsy bitsy bikini, en passant par Grease, interprété en alsacien par un kabyle. Bigarré ! Quant à Matskat, ancien candidat de The Voice, il sera le « guest » de la tournée, « bien qu’il soit avec nous depuis 10 ans. Je suis d’autant plus ému que c’est moi qui l’aie poussé à chanter », se souvient Roger. Mais halte à la nostalgie et hop ! Rendez-vous en plein air et en pleine forme.
Y aller
27ème tournée d’été de la Choucrouterie, samedi 20 juillet à 20h30, place Kléber à Strasbourg et dimanche 28 juillet à 20h, place de la Bourse à Strasbourg. Autres dates: vendredi 19 juillet à 19h dans le jardin de l’Illiade à Illkirch-Graffenstaden, jeudi 25 juillet à 20h30 au parc Salvator à Mulhouse et samedi 27 juillet à 21h au Burger Park à Offenburg.
Spectacle gratuit et quête à l’ancienne à la fin du concert.
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