Que reste-t-il de la fièvre du disco ? Le Tube, un regroupement de sept jeunes critiques d’art, propose Timelight, quatre expositions itinérantes, du 5 octobre au 4 novembre, au CEAAC, Faubourg 12, à la galerie AEDAEN ainsi qu’à la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis (Haut-Rhin).
À la fois workshop, exposition et édition limitée, Timelight est un projet qui se saisit de la fièvre disco des années 1970. Les commissaires Margot Rieder et Violette Doire ont envisagé six week-ends de réflexion avec le collectif de jeunes artistes Shàllplàttadànzbooda pour aboutir à un mois de diffusion itinérante dans les quatre lieux alsaciens.
Au centre-ville de Strasbourg, au fond d’un passage entre des immeubles, c’est une constellation d’œuvres qui attend le public à la galerie Faubourg 12. Les œuvres présentées captivent la curiosité par leur dimension ludique et leur diversité. Les six artistes exposés, originaires de différentes régions de France, Océan Delbes, Claire Guetta, Coralie Lhote, Jonathan Naas, Marie Primard et Anna Tjé forment le collectif Shàllplàttadànzbooda.
Leur collaboration pour Timelight nourrit plusieurs travaux artistiques : la vidéo Pure 1.0 (PUR) (Cover de Sudbodh Gupta) et la série photographique You make me feel, signées par Claire Guetta et dans lesquelles tous les membres du collectif figurent, et témoignent de ce travail communautaire.
Les notions de « races » et de genre questionnées
Entre soul et funk, le disco puise ses sources dans les courants culturels afro-américains. Installations, performances ou pièces audiovisuelles, les seize explorations artistiques présentées s’intéressent aux problématiques ethniques et de genre mobilisées par la danse et la musique. Si l’outrance et l’extravagance caractérisent le courant disco, Timelight n’y échappe pas : ces traits esthétiques sont omniprésents dans l’exposition. C’est sans aucune mélancolie que l’exposition travaille la mémoire de cette époque révolue. Joie, humour, couleurs, goût du jeu et de la parodie, le plaisir des artistes est visible et communicatif.
Les détournements des codes vestimentaires et des objets fétiches – comme la disco ball chez Jonathan Naas, le rétroprojecteur et les vinyles chez Marie Primard – constituent le fil rouge de l’exposition. Le parcours célèbre la liberté des formes et la multiculturalité en particulier dans Nyum Elucubris, une installation d’Anna Tjé qui entrelace religion, afro-futurisme et féminisme.
Tournant le dos à la culture d’élite, la Drag Queen Noximä Marley interprète la performance You make me feel de Claire Guetta, qui ouvre l’exposition et lui donne son caractère subversif et affranchi des normes de l’art contemporain. Entre références populaires et exploration des matières, Océan Delbes a approfondi sa recherche sur les moteurs dans l’installation Tournée collective, à travers des pièces rotatives en plastique reprenant certaines pièces vestimentaires du disco.
L’affirmation des minorités sociales dans ce moment culturel a inspiré une nouvelle approche plastique à Coralie Lhote : elle propose une sphère en plâtre se propageant aléatoirement sur le sol dans l’installation More. Si ces installations transmettent peut-être un ambiance « fin de fête », Timelight stimule l’imaginaire et revivifie l’esprit délirant et festif du disco grâce à la place centrale donnée aux performances d’Anna Tjé et Claire Guetta.
L’art contemporain se conjugue encore au disco à la galerie Aeden du 18 au 21 octobre et à la Fondation Fernet-Branca du 24 octobre au 4 novembre, où les spectateurs pourront notamment découvrir les performances de Claire Guetta et Anna Tjé le 27 octobre. Deux événements complètent ces propositions : une projection-rencontre autour du film de culte Saturday Night Live au Musée d’Art Moderne le 30 octobre et une soirée Drag Show Disco Never Dies au club La Clandestine le 31 octobre mettront un point final de ces manifestations entre nostalgie et pur plaisir.
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