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Contre les tentes de sans-abris, Strasbourg verrouille ses espaces verts

Alors que des campements de demandeurs d’asile se sont créés en plusieurs endroits de Strasbourg, la Ville espère empêcher leur réinstallation en condamnant l’accès à ces pelouses et ses espaces verts.

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Pas plus de 1,20 mètres et la possibilité de pouvoir passer, promis ? (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

« Quand d’autres construisent des murs, nous construisons des ponts ». C’était le slogan entonné et répété haut et fort en avril 2017 par le maire de Strasbourg lors de l’inauguration du tram vers Kehl. Mais à Strasbourg, on érige aussi des grillages, quand ce ne sont pas des blocs de béton sur les trottoirs. L’objectif ? Éviter l’installation de sans-abris sous tentes, souvent des demandeurs d’asile venus de l’Europe de l’Est.

Être visibles

Dernier lieu en date, le petit coin du quai de Malte, sur la rive de l’Ill en face du musée d’art moderne. À deux reprises, des demandeurs d’asile, souvent issus des Balkans, se sont installés à cet emplacement au pied de l’Hôtel du département. En étant visibles, ces derniers espèrent qu’une solution d’hébergement au moins provisoire leur soit proposée, au moins le temps de l’examen de leurs demandes.

Quelques agrès sportifs d'une "Vitaboucle" ont été installés dans ce petit espace vert (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Quelques agrès sportifs d’une « Vitaboucle » ont été installés dans ce petit espace vert (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Le précédent des remparts, et autres

À l’été 2017, un grand camp s’est formé pendant des mois sur une pelouse jouxtant la rue des Remparts entre la gare et l’autoroute A35. Dans cet endroit, il n’y a aucun logement, donc aucun riverain, peu de passage et la pelouse n’était utilisée par personne d’autre. Il n’empêche, après l’évacuation en septembre de ce camp, les terrains ont été entièrement labourés pour éviter toute réimplantation, puis entièrement grillagés à plus de 2 mètres de hauteur. Là où il y avait des espaces verts accessibles à tous, où certains habitants du quartier venaient piquer-niquer à la belle saison, la Ville a érigé des cages vides du plus bel effet…

Dès lors, les migrants ont opté pour la rue des Cannoniers au Neuhof, face à l’ancien hôpital militaire Lyautey. L’endroit est devenu un lieu emblématique d’installations à répétition dès la fin de l’année 2017 puis à plusieurs reprises en 2018. Après la dernière évacuation, le maire a choisi cette fois de hérisser le trottoir de blocs de béton… Et tant pis pour les poussettes.

Vue d'ensemble de l'autre côté du barrage Vauban et de l'Ill, au pied du musée d'art moderne (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Vue d’ensemble de l’autre côté du barrage Vauban et de l’Ill, au pied du musée d’art moderne (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

L’adjoint au maire de quartier Paul Meyer (La Coopérative) défend une solution médiane pour le quai de Malte :

« J’avais découvert la situation de la rue des Remparts, une décision qui relevait de la direction des affaires sociales. Cette fois-ci, le jour de la première évacuation, je me suis opposé à ce qu’on laboure le terrain et qu’on installe des grillages aussi hauts, qui auraient privatisé l’espace public de la même manière. Avec des barrières à 1m20 et des portillons que l’on peut ouvrir, nous avons un point d’équilibre. L’enjeu était de refaire de cet espace un endroit utilisé par tous, à l’instar du quai Louise Weiss à La Petite France. C’est pour cela que des agrès de sport avaient été installés, mais aussi des tables de pique-nique et des barbecues qui ont été enlevées lors de l’évacuation. Maintenant, il faut les réinstaller et il faudrait des crédits pour ajouter des espaces de jeux pour enfants. Du côté de l’eau, j’aimerais qu’un établissement flottant type guinguette puisse s’installer. »

De manière générale, la municipalité défend que l’installation de demandeurs d’asile dans les rues ou les terrains vagues n’est pas une solution satisfaisante à la crise migratoire. Reste que sans méthode politique ni moyen d’accueil plus efficace, les personnes qui fuient leur pays risquent de simplement s’implanter ailleurs dans la ville. Des terrains aux Ducs d’Alsace ou près du parc de la Bergerie ont à leur tour vus des tentes de sans-abris se monter durant cet hiver. Et la Ville aura du mal à bloquer à l’infini le moindre espace public…

Pas plus de 1,20 mètres et la possibilité de pouvoir passer, promis ? (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Pas plus de 1,20 mètre et la possibilité de pouvoir passer, promis ? (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

#mobilier anti-SDF

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