En décembre, Rue89 Strasbourg écrivait que le Syndicat potentiel pourrait se retrouver à la rue à la Saint-Valentin. La galerie de l’art émergent et alternatif installée dans la Krutenau depuis 1993 est pourtant toujours dans ses locaux, rue des couples.
Son bail est bien terminé, mais un accord avec les acheteurs des lieux permet de prolonger l’aventure jusqu’au 31 décembre 2017 et à titre gratuit. Ensuite, l’association d’artistes recevra une indemnisation du propriétaire équivalente à deux ans de loyer. Un pécule pour trouver un point de chute provisoire… ou définitif.
Quant à l’appartement de quatre pièces au premier étage, actuellement un espace dédié aux jeunes artistes pour la création, l’accord tient jusqu’à fin avril. L’association devra ensuite trouver un autre lieu pour cette partie de son activité.
Quatre élus sur le dossier
Arrivée il y a près de 25 ans dans un quartier encore populaire, la galerie bénéficiait toujours d’un loyer défiant toute concurrence aujourd’hui : 580 euros par mois pour un espace de 200 mètres-carrés. À budget équivalent, impossible de trouver un lieu similaire pour la petite structure, qui souhaite rester en ville. Un positionnement soutenu par les dirigeants strasbourgeois.
Il aura fallu la mobilisation de pas moins de quatre élus de poids pour suivre le dossier : le député, conseiller municipal et président des bailleurs sociaux Habitation moderne et CUS Habitat Philippe Bies (PS) ; le premier adjoint au maire, en charge notamment de la Culture, Alain Fontanel (PS) ; le vice-président de l’Eurométropole en charge de l’habitat, Syamak Agha Babaei (non-encarté) et l’adjoint au maire en charge de l’urbanisme et également vice-président de l’Eurométropole Alain Jund (EELV). Ces deux derniers sont très implantés dans le quartier de la Krutenau.
Discussions « très correctes »
Les discussions et les acheteurs ont d’ailleurs été qualifiés de « très correctes » par les élus comme les membres de l’association. Pour les convaincre, ils ont notamment mis en avant que la collectivité avait participé à des travaux de rénovation il y a deux ans.
Depuis près d’un an et la mise en vente de l’ensemble du bâtiment, plusieurs solutions avaient été envisagées, dont l’achat par un bailleur social des appartements dans les étages, mais le modèle économique du logement social n’a pas permis de faire une offre supérieure à 1,2 million d’euros, soit moins que les ambitions des vendeurs.
Pour Syamak Agha Babaei, cet épisode pose néanmoins la question de l’impuissance des pouvoirs publics :
« Même avec des tarifs sociaux, les appartements auraient eu des loyers deux fois plus élevés voire 2 fois et demi supérieurs à ceux qui étaient pratiqués. Cela pose la question des immeubles anciens dans les villes. Sur des petites actions, la collectivité est parfois démunie de moyens légaux. »
Objectif la Manufacture
Le Syndicat potentiel a donc 10 mois pour trouver un nouvel espace. Une situation que l’association montée par des étudiants en art de Strasbourg avait déjà connue en 1992, quand elle a quitté la rue du Faubourg-De-Pierre après un an d’existence. Elle est l’un des nombreux candidats pour occuper des espaces de l’ancienne Manufacture des tabacs. Un premier jury se tient ce lundi 13 mars.
D’autres pistes sont envisagées. En décembre, les artistes avaient par exemple évoqué la premier étage de la Nouvelle Douane, pont du Corbeau, après que le projet de restaurant des producteurs alsacien ait été abandonné.
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