Dans la salle du conseil municipal de Raon-lès-Leau en Meurthe-et-Moselle, des cartes vieilles d’environ deux siècles trônent au milieu des gravures et des photos sépia du village sous la neige. « Ce sont les plans cadastraux de la commune avant 1871 », explique Étienne Meire, qui les connaît par cœur. Lunettes sur le bout du nez, le maire de la commune scrute les documents jaunis par les ans avant de pointer l’index sur les anciennes frontières communales :
« Tout ça, ce sont des bois. Autrefois, le territoire de la commune s’étendait jusqu’au Donon sur 1 193 hectares. Aujourd’hui il ne nous en reste que 193. Nous n’avons plus de forêts, nous n’avons plus rien. »
Étienne Meire, maire de Raon-lès-Leau
Une ancienne carte retrace le territoire perdu après l’annexion de l’Alsace.
2 000 hectares de forêts annexés
Située en Meurthe-et-Moselle, Raon-lès-Leau partage une histoire singulière avec Raon-sur-Plaine, sa voisine vosgienne. En 1871, le traité de Francfort met fin à la guerre franco-allemande en annexant l’Alsace et la Moselle à l’empire allemand. Les deux petites communes se retrouvent alors du côté prussien, mais n’entendent pas le rester. « Pendant cinq mois, les habitants ont résisté, expose Etienne Meire :
« La nuit, ils creusaient des fossés pour empêcher les Allemands de sortir le bois de leurs forêts. L’ancien maire de Raon-lès-Leau, Joseph Vincent, a refusé d’obéir au préfet allemand. Il a même donné ordre au facteur de se barrer avec la clé de la boite postale, empêchant les Allemands de communiquer depuis le village. Un jour, deux gendarmes prussiens sont venus pour l’emprisonner à Sarrebourg et le gouvernement français a dû intervenir pour le faire libérer. »
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