C’est la fin de ce direct, merci à vous de l’avoir suivi. Voici les informations principales à connaître sur cette 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites :
- Selon nos estimations, près de 12 000 personnes ont manifesté mardi 28 mars à Strasbourg. La préfecture du Bas-Rhin avance le chiffre de 6 500 participants, l’intersyndicale en a compté 20 000.
- Au contraire des précédentes journées de mobilisation, aucun bâtiment universitaire n’a été bloqué ce matin. Dans la matinée du 27 mars, le Palais universitaire était fermé du fait de la mobilisation étudiante.
- Une manifestation contre la réforme des retraites a rassemblé une cinquantaine de personnes dès 8 heures à Wissembourg. Ces dernières ont mis en place un barrage filtrant au niveau du rond-point de la rue Bannacker.
- Suite à la manifestation déclarée à Strasbourg, plusieurs centaines de manifestants, dont de nombreux lycéens, ont continué de sillonner la ville, de Gallia à République, puis vers le campus central. À nouveau, des dégradations ciblées ont touché les panneaux publicitaires, les abribus et les banques.
- Mediapart a révélé que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré la « guerre des images » et demandé aux préfets de filmer l’action des forces de l’ordre. L’objectif : contrer les nombreuses violences policières filmées lors des dernières manifestations contre la réforme des retraites ou lors de la manifestation contre le projet de mégabassine de Sainte-Soline. À Strasbourg aussi, Rue89 Strasbourg a constaté qu’un policier était muni d’une caméra.
- Plusieurs interpellations ont eu lieu dans la soirée, dans le quartier de l’Orangerie et autour du campus central.
- À quelques heures de la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a proposé de mettre en place « un processus de médiation » et un temps de « pause » de la réforme. Les réactions syndicales locales sont plus que mitigées. Reportage de Maud de Carpentier à lire demain matin sur le sujet !
Maud de Carpentier, Camille Gantzer, Roni Gocer et Thibault Vetter étaient sur le terrain cet après-midi jusqu’au début de la soirée pour vous rendre compte de la manifestation.
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Au moins quatre interpellations ont eu lieu dans le quartier Orangerie.
Les forces de l’ordre restent déployées sur l’avenue de la Victoire et avancent en direction du campus central :
Un groupe de manifestants se trouve toujours sur le campus central de l’Université de Strasbourg. Il vient d’essuyer des tirs de grenades lacrymogènes par des policiers positionnés dans les rues autour.
Suite à la scission de la « manifestation sauvage », l’une d’entre elles a pris fin après dispersion par les forces de l’ordre selon les Dernières Nouvelles d’Alsace. Notre reporter sur place indique qu’un autre cortège est toujours mobilisé sur le campus central. Il essuie actuellement des tirs de grenades lacrymogènes.
Le cortège de la « manifestation sauvage » a été scindé suite à l’utilisation de gaz lacrymogène en grande quantité.
« Préparez la guerre des images. » Comme l’a révélé Mediapart lundi, le ministre de l’Intérieur a demandé aux préfets de « filmer au maximum » l’action des forces de l’ordre de police et de gendarmerie pour être prêts à « répliquer ». Enregistrement des menaces et autres propos racistes de la BRAV-M, deux personnes dans le coma et de nombreux blessés suite à la manifestation à Sainte-Soline (lire les témoignages d’Alsaciens de retour de la contestation du projet de mégabassine)… Gérald Darmanin fait en effet face à une multiplication des vidéos de violences policières sur les réseaux sociaux.
Plus d’une heure avant la fin de la manifestation déclarée, un important cortège de jeunes continue de sillonner la ville en reprenant ici le slogan des Gilets jaunes : « On est là, on est là, même si Macron le veut pas nous on est là ».
Sur l’itinéraire de cette manifestation non-déclarée, de multiples dégradations sont commises. Elles visent quasi-exclusivement les banques, les abribus et les panneaux publicitaires JC Decaux.
Notre reporter sur place souligne le grand nombre de manifestants présents au-delà de l’itinéraire déclaré. Il affirme aussi que le cortège est « très jeune, avec beaucoup de lycéens ».
Selon notre partenaire Mediapart, le ministre de l’Intérieur a envoyé un SMS ce matin à tous les préfets de France. Ce dernier contient notamment le passage suivant :
« Merci de faire très attention en fin de manif : ne touchez en aucun cas au carré syndical. Ils s’en plaignent fortement (gaz lacrymo, intervention de la police…).
Attention aux jeunes bien sûr également. »
La veille de la manifestation, une information des renseignements territoriaux avait fuité. Elle était reprise par BFM-TV qui évoquait un bond de la participation des jeunes à la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Deux cortèges de la « manifestation sauvage » se rejoignent en criant l’un après l’autre « ACAB (All Cops Are Bastards) »
Le cortège de la « manifestation sauvage » détruit les abribus et panneaux publicitaires JC Decaux sur son passage.
Les forces de l’ordre se déploient sur la place de la République.
Fin de la manifestation déclarée. Plusieurs centaines de personnes continuent de manifester et se dirigent vers la place de la République en passant par la station de tram Gallia.
Suite au départ d’un cortège hors de l’itinéraire déclaré auprès de la préfecture, les forces de l’ordre font usage de gaz lacrymogène.
Alexandre Welsch, secrétaire régional du syndicat Sud rail Alsace, exprime une détermination sans faille :
« Cette réforme ne mérite aucune suspension (référence à la pause de manifestation demandée par le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger pour entamer des négociations avec le gouvernement, NDLR). Le gouvernement ne donne aucun répit, donc il faut nous aussi aller jusqu’au bout. La violence policière s’accroît. On a un camarade à Paris qui a perdu un œil. Il faut aller jusqu’au bout et jusqu’au retrait : hors de question de faire une pause. »
L’ambiance musicale toujours assurée par la CGT sur sa camionnette.
La thématique de la répression et des violences policières se fait plus présente dans le cortège en cette dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Au départ de la manifestation, des syndicalistes de la fédération Solidaires, qui réunit les syndicats Sud, portait le message suivant inscrit sur une banderole : « La police mutile, on pardonne pas ! »
La manifestation du 28 mars avait une autre particularité concernant le rapport aux forces de l’ordre : un cordon constitué de membres de syndicats a constamment séparé les manifestants des policiers et autres CRS.
Le cortège de cette dixième manifestation intersyndicale contre la réforme des retraites s’étend à 15h du pont du Théâtre jusqu’aux galeries Lafayette. Il mesure un peu plus de 900 mètres. C’est deux fois moins que lors de la mobilisation record du jeudi 23 mars.
Selon nos estimations, réalisées à partir du logiciel Mapchecking, plus de 12 000 personnes manifestent à Strasbourg ce mardi 28 mars.
Ethan, 22 ans, vendeur en stage :
« Je ne participerai pas, mais je ne peux pas être contre ce qu’ils font. Je trouve ça beau et cool qu’un peuple soit révolté contre la situation actuelle. Je n’ai juste pas la culture des manifs, pas assez pour participer. »
Jean-Claude et Jean-Paul, 74 et 60 ans, policier et cheminot à la retraite :
« On ne lâche rien, on ira jusqu’au bout. J.-C. se bat pour ses collègues policiers, qui ne peuvent pas bosser jusqu’à 64 ans. Quant aux violences policières : le responsable c’est Macron et lui seul. »
Mireille, 78 ans, syndicaliste depuis 38 ans à la CFTC Santé Sociaux et toujours en forme pour aller manifester :
« Même dans notre syndicat, on n’est pas particulièrement virulents mais le 49-3 nous fait bouillir. Moi ça me donne envie de continuer, pour toutes les manifestations à venir, jusqu’à ce que le grand chef cède. »
« Et la réforme ? On en veut pas ! Et de Macron ? On en veut pas ! » Puis un autre slogan : « Police nationale, milice du capital ! »
Marie-Agnès, 53 ans, éducatrice :
« C’est ma 9e manif. On sent plus d’agitation et plus d’émulation aussi. Ma motivation est toujours là, surtout face au mépris du gouvernement pour les gens qui sont dans la rue, qui sont là pacifiquement pour faire passer un message. »
Le cortège avance place Broglie.
Emma, 59 ans, fonctionnaire :
« Je ne lâche rien. Je suis mobilisée comme jamais. J’étais là en 1995 contre Juppé, en 2010 contre Sarko, et en 2023 contre Macron qui n’écoute pas le peuple. Cette réforme est contre le peuple. J’espère que le Conseil constitutionnel invalidera la réforme. »
Un petit « Bookblock » s’est constitué près de la Bibliothèque Nationale Universitaire (BNU). Des salariés venant des différentes bibliothèques de la ville se sont réunis avec des premières de couverture sur leurs pancartes. Petits conseils de lectures pour continuer la lutte !
Floriane, Lise, Marvin et Lily, étudiantes en première année de graphisme. Pour la plupart d’entre elles, c’est la première ou deuxième manifestation de leur vie. L’une d’elle dit se mobiliser depuis le recours au 49-3 pour adopter la réforme des retraites : « Les manifestations nous ont motivées. Et puis les neuf voix manquantes pour dissoudre le gouvernement nous ont révoltées. Il n’y a plus de démocratie à notre goût. »
Le cortège quitte la place de la République.
Angèle, étudiante en première année de licence en psychologie :
« J’ai raté les trois premières manifestations. Depuis début mars, je vais à presque tous les rassemblements. J’ai beaucoup pleuré après les premiers gazages, ça m’a marqué. Mais après, j’ai transformé ça en rage. C’est devenu un moteur. Ils nous ont gazé. On ne va pas reculer. Je tiens surtout grâce au soutien des autres, c’est grâce à ça que j’ai pu surmonter mon anxiété. J’ai l’impression que quelque chose avance. Je vais continuer. Je me sens plus motivée qu’au début. Je suis prête à me mobiliser plus encore. Le 49-3 et le massacre de Sainte-Soline, ce sont des raisons qui s’additionnent, qui montrent l’urgence de changer de système. C’est impossible de s’arrêter à ce stade. »
Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Ce nouvel appel intersyndical à manifester contre la réforme des retraites fait suite à une mobilisation record le jeudi 23 mars à Strasbourg, avec plus de 20 000 manifestants selon nos estimations. À Strasbourg, c’est le niveau de participation le plus élevé depuis le début du mouvement social entamé en janvier. Selon l’historien strasbourgeois et spécialiste des mouvements sociaux en Alsace, Jean-Claude Richez, « depuis 1933, Strasbourg n’a jamais connu une telle explosion de colère ». Rien que ça.
De nombreuses dégradations ont été commises après la fin de la manifestation déclarée jeudi 23 mars. Dans les quartiers Krutenau et Conseil des XV en particulier, des banques et des panneaux publicitaires ont été tagués et leurs vitrines brisées (voir notre diaporama).
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