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Un étudiant infirmier de l’Epsan se suicide

Mardi 23 mai, un étudiant infirmier qui était en reconversion professionnelle après avoir été aide-soignant à l’Établissement public de santé d’Alsace du nord (Epsan) s’est donné la mort dans la chambre de sa résidence étudiante. C’est le quatrième suicide qui touche l’établissement en un an et demi.

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Un étudiant infirmier de l’Epsan se suicide

À 36 ans, il avait décidé de se lancer dans une reconversion professionnelle. Après cinq années en tant qu’aide-soignant à l’Établissement public de santé d’Alsace du nord (Epsan), un hôpital psychiatrique, V. avait repris ses études pour devenir infirmier. À la rentrée de septembre 2022, il s’était inscrit à l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Brumath, en première année, et vivait dans le « Home infirmier », une résidence qui appartient à l’Epsan où sont logés les étudiants qui en ont besoin.

La résidence où sont logés les étudiants qui travaillent à l’Epsan. Photo : Google Maps

Retrouvé dans la chambre de sa résidence étudiante

Mardi 23 mai, en début d’après-midi, V. a été retrouvé mort dans sa chambre, une lettre à ses côtés comme l’ont indiqué les Dernières nouvelles d’Alsace mercredi. Un choc pour les 120 étudiants de cet institut de formation, toutes promos confondues, qui ont appris la nouvelle par les voix de la directrice des soins de l’Epsan et par la directrice adjointe de l’école d’infirmiers.

En fin d’après-midi, Yasmine Sammour, la directrice de l’Epsan, a également envoyé un mail à tous les élèves et à tous les agents de l’hôpital psychiatrique :

« Nous avons la douleur de vous annoncer le décès au Home infirmier d’un étudiant de notre IFSI découvert dans sa chambre (…). Cet évènement dramatique touche durement tous les étudiants de l’IFSI et de l’IFAS (Institut de formation pour aide soignant, NDLR), la direction des écoles mais aussi l’ensemble de l’équipe pédagogique. Elle bouleverse à nouveau l’ensemble de la communauté hospitalière, et nous avons une pensée particulière pour ses collègues. »

« Ça n’a rien à voir avec le suicide de l’infirmier du travail en janvier dernier »

« Bouleverse à nouveau », car depuis décembre 2021, c’est le quatrième suicide d’un agent hospitalier ou d’un professionnel du soin, qui frappe l’établissement. Après une psychologue retrouvée pendue près de chez elle en décembre 2021, c’est Sébastien S., 54 ans, qui a été retrouvé dans son bureau en janvier 2023. Il s’était pendu lui aussi. Depuis ce décès, l’établissement fait l’objet d’une enquête de l’inspection du travail et de la gendarmerie de Brumath. Début avril, Sandra L., une animatrice de l’Unité de soins longue durée (USLD – La Source) s’est également suicidée chez elle.

Mais Yasmine Sammour tient à distinguer tous ces faits et insiste :

« Attention, ici, il s’agit d’un étudiant qui n’était pas en exercice professionnel, donc les conditions de travail n’ont rien à voir avec le drame. Je tiens à insister là-dessus afin d’éviter tout amalgame : ce n’est pas comme la situation de l’infirmier du travail en janvier. »

Certes, mais V. avait tout de même travaillé de 2018 à 2022, en tant qu’aide-soignant à l’Epsan. D’abord dans une unité de Brumath, puis dans une unité fermée pour adultes, sur le site de Cronenbourg à partir de 2020. Une unité réputée difficile, selon plusieurs soignants interrogés.

Sa reconversion était par ailleurs financée par l’Epsan. Une année à l’IFSI coûte en moyenne 8 000 euros (8 200 euros pour la rentrée 2021 / 2022). Une somme et un soutien qui peuvent générer des tensions et un stress important pour un étudiant.

Un jeune homme accompagné sur le plan pédagogique et psychologique

Selon Yasmine Sammour, directrice de l’Epsan depuis octobre 2022, l’étudiant en reconversion « avait sollicité l’école d’infirmières parce qu’il n’allait pas très bien ». Le jeune homme était suivi au niveau pédagogique par un référent.

« Nous lui avions demandé s’il était accompagné par un psychologue, il nous avait assuré que oui. » Cette demande de soutien, Yasmine Sammour explique qu’elle était assez récente, puisque « les derniers échanges dataient d’il y a quelques jours, mais évidemment personne ne pouvait imaginer qu’il allait passer à l’acte », confie la directrice.

La direction de l’Epsan explique également que V. était en instance de séparation et qu’il était père d’une petite fille.

« Nous n’avons pas demandé aux étudiants de se taire »

Interrogée sur des pressions qui auraient été exercées sur les étudiants de l’IFSI après l’annonce du décès de V. selon France 3 Alsace, Yasmine Sammour déclare :

« Je ne comprends pas ces accusations. Mercredi, en effet, devant toutes les promotions, nous avons précisé qu’ils avaient leur liberté d’expression mais nous leur avons également demandé un peu de discrétion. Nous n’avons évidemment pas parlé de secret professionnel, ce qui n’a aucun sens puisqu’ils ne sont pas encore professionnels. C’est simplement par respect pour la famille. Nous n’avons demandé à personne de se taire. On leur a simplement dit de faire attention à ce qu’ils disaient sur les réseaux sociaux. Peut être que ça a été mal compris par les étudiants. »

Après discussions internes entre enseignants et direction, il a été décidé de maintenir le planning des cours des étudiants cette semaine, « mais de l’alléger », précise encore Yasmine Sammour. Un accompagnement psychologique est également proposé aux étudiants ou aux professionnels de l’Epsan qui en feraient la demande. Deux temps de recueillement sont prévus, vendredi 26 et mardi 30 mai. Selon Yasmine Sammour, les gendarmes de Brumath ont été saisis de l’enquête.


#Brumath

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