Mercredi 16 février, une dizaine de conducteurs en grève de Keolis Striebig, une entreprise régionale de transports en commun rachetée en 2014 par le groupe Keolis, étaient réunis devant le dépôt du Port du Rhin, rue de Cherbourg à Strasbourg. Des mouvements similaires ont eu lieu aux dépôts d’Illkirch-Graffenstaden et de Molsheim. Selon Foudhil Benhalima, conducteur de bus et représentant des salariés (CFDT) chez Keolis Striebig, ce mouvement a réuni environ « 70 participants sur les trois sites, dans une ambiance de solidarité ».
Des tracts mais pas de blocage
Divisé en trois groupes, les grévistes se relaient toute la journée pour distribuer des tracts aux autres employés mais aussi discuter sous leur tente et partager quelques grillades. Un mouvement qui se poursuit même la nuit. « Cela est nécessaire et ça ne nous dérange pas », affirme Foudhil Benhalima, tandis que ses camarades acquiescent.
Un mouvement qui perturbe certaines lignes de bus de la CTS (voir ci-dessous), la compagnie strasbourgeoise ayant sous-traité une partie de son service à Keolis Striebig. La circulation des cars du réseau fluo Grand Est et des cars scolaires, desservant notamment des établissement en campagne, est aussi perturbée par cette grève.
La circulation des bus conduits par des employés non-grévistes n’est pas entravée, précise Bouchaib Amavir, délégué syndical de la CFDT. « Les autres conducteurs respectent notre mouvement, donc nous respectons leur choix de travailler » ajoute Foudhil Benhalima.
Prime de vacances et même temps de travail
Leur première revendication : une prime de vacances de 500 euros par an. Cette demande « ne sort pas de nulle part », explique Bouchaib Amavir. Les employés « sédentaires » (administratifs) ont obtenu une augmentation de salaire de 40 euros par mois lors des négociations annuelles. Les employés « roulants » n’ont pas été augmentés, les grévistes demandent de rétablir une forme d’équité salariale avec cette prime de vacances, au même niveau que les administratifs. « Les conducteurs sont importants, ils forment le poumon de l’entreprise », affirme Foudhil Benhalima.
Autre inégalité : le temps de travail de certains employés inclut les « temps annexes » (temps de battement, de changement d’uniforme, d’attente) alors que ces moments ne sont pas payés pour d’autres. Ces disparités existent également au sein d’employés appartenant au même service. L’intersyndicale demande à l’entreprise d’harmoniser les modes de calcul du temps de travail mais aussi les primes versées aux employés.
Le conducteur de bus CFDT dénonce aussi la multiplication des contrats précaires au sein de l’entreprise et la désuétude des véhicules « qui ne sont plus aux normes environnementales et n’assurent pas la sécurité des voyageurs ». « Cette entreprise gagne beaucoup d’argent mais ne veut pas en donner », s’offusque Foudhil Benhalima. « Si rien n’est fait, nous continuerons notre mouvement jusqu’en juin, » prévient-il.
Le directeur « esquive » les revendications
Les grévistes ont déjà porté leurs revendications à l’attention de la direction du groupe Keolis Striebig à l’occasion des négociations annuelles obligatoires de 2019, mais sans succès. « On a tenté de temporiser », souligne Foudhil Benhalima. Cependant le président Martin Godefroy n’a pas donné suite à leurs revendications. Une absence de dialogue qui a contribué à la dégradation du climat social dans l’entreprise, fondée par Hubert Striebig puis repris par son fils en tant que directeur général adjoint, qui a mis fin à ses fonctions il y a « 4 ou 5 ans » selon l’administration de Keolis Striebig. Foudhil Benhalima confie que « les contacts avec la direction se sont tendues depuis et que cela accentue les disputes entre les employés. »
Une situation qui est aussi due « à des loyers et des frais exorbitants payés par la filiale Striebig Autocars à son employeur, le groupe Keolis, » croit savoir le syndicaliste. Contactée, la direction de Keolis Striebig n’a pas répondu à nos appels.
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