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Strasbourg se lance timidement dans l’épargne solidaire

Dès le mois de janvier, les particuliers et les entreprises semi-publiques (CTS, Sers…) seront invités à placer leur épargne au Crédit municipal, qui reversera une partie des intérêts dans un nouveau fonds de dotation public baptisé « ESS’or ». La collectivité y piochera ensuite jusqu’à 270 000€ qu’elle injectera dans l’économie sociale et solidaire. Un dispositif innovant mais encore timide.

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Strasbourg se lance timidement dans l’épargne solidaire

Le fonds de dotation devrait engranger 270 000€ d'ici 6 mois (Photo Flickr / environnementBlog / Euro note currency)

La collectivité a le mérite de tenter quelque chose, fusse-t-elle marginale. Alors que les responsables publics constatent le différentiel entre les fonds disponibles pour aider les structures de l’économie sociale et solidaire (handicap, chantiers d’insertion, associations, commerce équitable…) et la demande de ces mêmes structures, ils amorcent il y a deux ans une réflexion pour créer un fonds de dotation en collaboration avec le Crédit municipal.

Aujourd’hui, la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) injecte 1 million d’euros par an dans l’ESS, la ville de Strasbourg 240 000€. Ce nouveau fonds devra collecter puis redistribuer 270 000€ d’ici 6 à 12 mois, soit un doublement de la dotation Ville. Mais pour cela, le montage est complexe.

Les plus grosses SEM de Strasbourg obligées de participer

Ce fonds, créé officiellement début décembre en conseils municipal puis communautaire, va se nourrir de 50% des intérêts de l’épargne placée là par des sociétés d’économie mixte (SEM) comme la CTS (Compagnie des transports strasbourgeois), la Sers (Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg), Parcus, Habitation moderne ou Gaz de Strasbourg (Enerest). Quelques-unes des 12 SEM de Strasbourg – les plus grosses – sont concernées. Elles devront placer au moins 20% de leur trésorerie à la Caisse d’épargne, partenaire du projet.

De façon plus « symbolique » – franchement marginale pourrait-on dire – les particuliers pourront également participer à cette levée de fonds dont les missions seront de venir en aide aux exclus bancaires et de financer des projets de l’ESS. C’est au Crédit municipal que cela se passera à partir de janvier, ou via son site internet, pour les ouvertures de livrets dématérialisées. Selon Frédéric Nitschke, si les SEM sont bien les « premiers acteurs de la collecte », les particuliers visés sont surtout des « militants de l’économie sociale et solidaire », salariés des structures d’insertion, mais également des banques et assurances coopératives, des fondations, etc. C’est vers ce public en tout cas que la communication se fera en priorité.

Non au compte à terme, pas pratique

Autrement dit, il faudra être très motivé ou impliqué pour participer à cette levée de fonds. Un peu comme le sont les particuliers qui transfèrent leurs comptes au Crédit coopératif ou à La Nef. Julie (le prénom a été changé), orthophoniste, est de ceux-là. Elle remarque :

« Si dans les choix de son compte (à la Nef par exemple), on pouvait choisir l’option ESS de Strasbourg, j’y mettrais mon argent, surtout si les sociétaires ont un droit de regard sur le placement de leur argent pour leur ville. »

Un autre sociétaire de la Nef, âgé de moins de 30 ans, soulève quant à lui le problème du compte à terme, plus intéressant pour investir dans l’économie réelle mais qui ne permet pas au particulier de récupérer son argent à tout moment :

« J’ai opté pour un compte courant et un livret Nef sur lequel je dépose l’ensemble de mon épargne. Il y a deux ans, je n’ai pas ouvert de compte à terme car, débutant dans la vie active, je n’avais pas d’épargne personnelle. Aujourd’hui, je n’ai pas la visibilité nécessaire pour me bloquer de l’épargne (2 ans minimum pour un compte à terme Nef). Si la ville de Strasbourg propose un livret ESS avec dépôts à terme, je n’y placerai pas mon argent. Dans l’absolu, je trouve l’initiative séduisante à condition de savoir comment le fonds sera géré. »

4 500€ sur 270 000€ viendront des particuliers

Si la discussion n’est pas encore achevée entre le crédit municipal de Nantes, qui négocie avec les banques pour ceux de Bordeaux et Strasbourg, et des banques partenaires, Gérard Fischer, directeur du crédit municipal de Strasbourg, assure que les livrets ESS ne seront pas bloqués. Il n’espère pas néanmoins de déferlante de clients :

« Si nous avions 300 personnes qui déposaient 1000€ chacune, nous serions déjà très contents. Cela ferait 300 000€ placés, qui, rémunérés à 3% dont 1,5% reversés au fonds, rapporteraient 4500€ à ESS’or. Sur 270 000€ attendus, ce n’est pas énorme, mais ce serait déjà ça ! »

Un premier bilan du dispositif, que la Cres (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) voit d’un très bon œil, sera tiré d’ici un an.

Délibération en faveur de la création du fonds de dotation ESS’Or


#économie sociale et solidaire

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