Orange a déployé la « 4G », une norme de transfert des données mobiles plus rapide, à Paris, Lyon, Bordeaux, Metz, Nancy… L’absence de Strasbourg dans ce peloton des villes raccordées au très haut débit mobile commençait à faire tâche. Mais le directeur d’Orange Est, Pierre-Antoine Badoz, a finalement confirmé mardi que la 4G serait disponible « cet été » à Strasbourg.
Orange rejoint ainsi SFR, qui a annoncé fin mars l’arrivée de la 4G à Strasbourg « au cours du 2e trimestre 2013 », et Bouygues Télécoms, qui a tiré le premier avec une offre commerciale disponible à Strasbourg depuis lundi 6 mai. Avec cette technologie pour recevoir l’Internet sur les téléphones mobiles dix fois plus rapidement, les opérateurs espèrent bien récupérer une partie de leur clientèle émigrée vers les offres illimitées à 20€ de Free Mobile, Sosh, B&You, Red…
Les abonnements mensuels « 4G » sont 5 à 10€ plus chers et pour l’instant réservés aux marques directes des opérateurs. Peu de téléphones sont encore compatibles, citons néanmoins le Samsung Galaxy S4 ou le HTC One
Free devra composer
Free Mobile observe pour l’instant un prudent silence, car il est dépendant du déploiement du réseau de ses concurrents. Il n’y avait que trois licences « 800 MHz » disponibles, issues du basculement de la télévision hertzienne vers la TNT. Ces fréquences sont précieuses car elles offrent une longue portée ainsi qu’une bonne pénétration des bâtiments. Orange, SFR et Bouygues ont payé collectivement plus de 3,6 milliards d’euros pour les obtenir ! Free devra conclure un accord d’itinérance pour y accéder. D’autres gammes de fréquences accueillent la 4G, la 1800 MHz, uniquement pour Bouygues, et la 2,6 GHz, disponible pour tous, mais à la portée nettement plus courte. C’est avec cette bande de fréquence que sera déployée la 4G d’Orange et de SFR à Strasbourg.
L’Arcep (autorité de régulation des télécoms) et l’Agence nationale des fréquences (ANFR) suivent de près le déploiement des antennes 4G et constatent un léger avantage pour Orange dans les objectifs de couverture assignés à tous les titulaires de licences 4G. A Strasbourg, les travaux de remplacement des matériels ont débuté, comme le constate Robert Herrmann, premier adjoint au maire de Strasbourg et en charge de ce dossier :
« A près de 90%, toutes les nouvelle déclarations d’émissions qui nous sont soumises, dans le cadre de l’application de la charte de déploiement des antennes relais que nous avons fait signer à tous les opérateurs en septembre, sont des réutilisations de points existants. Aucune ne dépasse 5 Volts / mètre. Les opérateurs ont jusqu’au 20 mai pour soumettre l’ensemble de leurs données d’émissions, afin que nous puissions les intégrer dans notre logiciel de modélisation. Nous discuterons ensuite d’une méthodologie, avec comme objectif de réduire les « points atypiques », zones où les expositions aux rayonnements sont trop élevées. »
« Un débit mobile proche de l’ADSL »
Nicolas Guillaume, consultant spécialiste en télécoms, a pu tester la 4G lors de l’Idate, un salon professionnel en novembre 2012 à Montpellier. Selon lui, la « 4G » va apporter aux opérateurs un « effet wahou » ardemment recherché :
« J’ai mesuré des débits autour de 20-25 Mbit/s en téléchargement à l’intérieur des bâtiments, et autour de 10-15 Mbit/s en envoi. On se rapproche de ce qui existe avec l’ADSL pour les accès à l’Internet des particuliers. Mais c’est surtout la latence qui est impressionnante, de 40 à 50 ms. C’est presque le plus important puisque l’utilisation d’Internet en mobilité est constituée de milliers de petites requêtes, elles sont traitées beaucoup plus rapidement. L’impression générale est un accès aux applications plus fluide. Evidemment, il faut nuancer ces constatations, car la performance d’un réseau se mesure quand il est chargé, c’est à dire utilisé conjointement par des milliers d’utilisateurs… »
Le déploiement de la nouvelle technologie est lourd car tous les équipements doivent être changés, et chaque point de captage doit être raccordé au réseau par de la fibre optique. Du coup, les opérateurs tentent de rentabiliser ces infrastructures par des « offres fibres » pour l’accès à l’Internet des particuliers. Car il leur suffit alors de tirer une fibre de plus jusqu’au toit d’un immeuble pour y installer une nouvelle antenne… Alors que le déploiement de ces offres stagnent à Strasbourg, les contraintes liées au déploiement de la 4G vont permettre à plus de Strasbourgeois d’avoir accès à la fibre chez eux.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Les opérateurs de téléphonie heureux de pouvoir accéder aux bâtiments publics
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