Début 2014, la Ville et l’Eurométropole confient les clés de sa société d’économie mixte Strasbourg Événements à GL Events, une groupe international de l’événementiel basé à Lyon. La municipalité et l’Eurométropole restent majoritaires, mais c’est la société lyonnaise (47% du capital) qui gère le quotidien de l’entreprise. Les pouvoirs publics demandent des comptes et donnent les grandes orientations à travers un conseil de surveillance, qui se réunit quatre fois par an.
Cette prise de participation s’accompagne d’une délégation de service public (DSP), initiée en 2015 pour une durée de 20 ans. Cette alliance était justifiée par l’expérience du Zenith, où la société Vega l’avait emporté face à Strasbourg Événements. GL Events est un leader mondial dans l’événementiel et devait apporter de nouvelles compétences à une équipe que l’on jugeait endormie.
Les bons comptes font les bons amis
L’année 2016 est la première année en fonctionnement « plein ». Depuis 2016, Strasbourg Événements dispose d’un Palais de la musique et des Congrès (PMC) rénové, en plus des halls vétustes du Wacken progressivement démolis pour faire place au quartier d’affaires Archipel. Et après trois ans, les élus strasbourgeois ne regrettent pas le mariage. De 16 millions d’euros en 2014, le chiffre d’affaires est passé à 19,7 en 2016. Et l’année 2017 s’annonce encore meilleure, au-delà des 20 millions d’euros.
Après trois ans, la présidente Nawel Rafik-Elmrini (LREM) affiche sa satisfaction :
« Avec un meilleur résultat prévu pour 2017 qu’en 2016, nous avons réussi à lisser la biennalité du chiffre d’affaires, qui était historiquement liée au salon gastronomique Egast, qui n’a lieu que les années paires. C’était un objectif fort de la nouvelle gouvernance. GL Events a notamment pris en mains le service traiteur, qui peut paraître secondaire mais qui est souvent le premier retour que l’on peut avoir sur un salon si la qualité n’est pas an rendez-vous, ainsi que dans le développement commercial qui affiche de très bons résultats »
Tout ceci se répercute par des dividendes plus intéressantes pour la Ville et l’Eurométropole de 300 000 euros en 2015 à 694 000 euros en 2016. 2017 devrait rapporter davantage. Les 114 membres du personnel se sont partagés 64 000 euros en 2015, 210 000 euros en 2016.
Nawel Rafik-Elmrini constate cette reprise également dans la programmation :
« Des salons qui étaient partis dans d’autres villes pendant les travaux sont de retour comme Photonics ou E-MRS. Et nous en accueillons des nouveaux comme le congrès des matériaux en 2018. »
L’impact se chiffre aussi en retombées pour les hôtels, « de 85 081 nuitées de congressistes en 2013 à environ 126 000 en 2017. » En plus de la hausse du nombres d’événements, certains drainent plus d’affluence qu’anticipée. L’un d’eux a beaucoup fait parler en septembre, le congrès du logement social, dans un contexte de contestation par les bailleurs sociaux des choix du gouvernement.
Dans le chiffre d’affaires de 2016, 8 millions proviennent de la location du PMC et des halls d’exposition pour des événements, 1 million pour des spectacles et concerts au PMC et 10 autres millions proviennent des événements organisés directement par Strasbourg Événements (la Foire européenne, Egast, Tourissimo, le salon de l’Habitat et St’art). La proportion s’inverse en 2017, avec davantage de revenus provenant des locations.
Toute cette activité n’a pas été sans conséquence sur la santé des équipes (voir notre article).
La Foire européenne toujours scrutée
Vaisseau amiral de la programmation, la Foire européenne est très observée, alors que son site d’accueil est empêtré dans les travaux pour plusieurs années, ce qui bouleverse les habitudes. Une demi-critique via Facebook avait déclenché une mini-tempête municipale au printemps.
En 2017, plusieurs changements visibles ont été apportés. Des « salon Passion » avaient par exemple été instaurés pour toucher différents publics, notamment les plus jeunes. Les horaires ont aussi été élargis, et l’entrée rendue gratuite entre 18h et 20h (et 22h lors des trois nocturnes) pour toucher les actifs travaillant à Strasbourg.
La fréquentation s’est établie à 177 000 visiteurs, à peine 1,6% de plus que l’année d’avant, jugée décevante (-10% de fréquentation). Mais Strasbourg Événement insiste à nouveau sur un taux de satisfaction fort, 95% des visiteurs ayant indiqué leur souhait de revenir.
Et le mécontentement par exemple des stands japonais qui est remonté jusqu’aux oreilles de France 3 ? Nawel Rafik-Elmrini démine :
« Les commerçants étaient les mêmes que ceux du salon Digital Manga Show Digital qui avait drainé 16 000 personnes en juin ou lors de l’année 2012 ou le Japon était le pays invité, une année à plus de 200 000 visiteurs. Il y a eu une déception car l’affluence spécifique pour ces stands était moindre. Les derniers jours, nous avons d’ailleurs procédé à plusieurs ajustements. Qu’un salon trouve sa place, cela prend plusieurs années. »
Malgré certaines critiques récurrentes, la Foire reviendra bel et bien en 2018 avec « le même périmètre ». S’il y a des nouveautés inhérentes à chaque édition (on parle d’un retour d’un pays invité, après s’être contenté d’une « ambiance » cubaine en 2017), il n’y aura pas de bouleversement majeur.
Du développement lié à la politique
Strasbourg Événements affiche aussi sa satisfaction aussi pour St’art, la foire d’art contemporain de novembre. Le bilan met l’accent sur « une montée en gamme » et la présence de davantage d’artistes européens, notamment allemands. Pas anodin, à l’heure où Bâle, Karlsruhe, Paris ou Luxembourg disposent aussi d’événements d’art contemporain d’envergure. D’après d’autres retours de participants, l’événement a néanmoins perdu 200 000 euros en location d’espace par rapport à l’année précédente et l’affluence a été jugée décevante par plusieurs galeristes.
Quelles sont les pistes de développement pour les 17 ans à venir de la DSP ? L’un des axes est l’organisation des sommets européens, à teneur politique. Le 18è sommet des ministres franco-allemand s’est tenu à Metz en 2016. À Strasbourg-Événements, on verrait bien le prochain aller un peu plus à l’Est.
Le président de la République Emmanuel Macron et « La République en Marche » ont aussi indiqué leur souhait d’organiser de grandes « conventions démocratiques » au sujet de projets européens. Reste à convaincre administrations et dirigeants parisiens d’investir l’une des capitales européennes…
Le Pex qui vient
Strasbourg Événement tente d’attirer des congrès internationaux qui doivent donner « un écho à notre développement et à nos politiques », dixit Nawel Rafik-Elmrini à l’instar de celui sur les « mobilités innovantes » (Ertico) qui a eu lieu en juin.
Le projet remanié de parc des expositions (Pex), entre l’hôtel Hilton et la chaufferie biomasse du Wacken, permettra des prestations davantage « sur-mesure », que l’immense ensemble un temps prévu, revu à la baisse avec les difficultés budgétaires. Pas de quoi inquiéter Strasbourg Événements, pas mécontent de traverser deux rues pour quitter ses vieux hangars.
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