Près de 600 places d’hébergement d’urgence ont été créées par la Ville de Strasbourg et l’Eurométropole. Elles s’ajoutent aux 100 places établies en 2018 par la précédente municipalité, selon un point d’étape de l’exécutif écologiste vendredi 17 mars.
Mais les élues ne s’en félicitent guère. Ces places sont déjà toutes occupées car « la situation n’a pas beaucoup évolué depuis 2021, il y a toujours du sans-abrisme, toujours des gens qui appellent en nombre le 115, » reconnaît Floriane Varieras, adjointe en charge de la Ville inclusive.
Un tiers de ces places sont gérées par l’association Accueil sans frontières (ASF 67). Elles ont permis d’héberger par exemple deux familles afghanes (neuf personnes), jusqu’ici mises à l’abri dans un gymnase de la Meinau (ouvert depuis septembre 2022) suite à l’évacuation du camp de la place de l’Étoile en décembre. Selon Floriane Varieras, le gymnase a hébergé jusqu’à 100 personnes. À ce jour, 50 personnes, dont 20 enfants, y vivent encore, sans qu’une solution à court-terme ne soit prévue. « Mais on va prendre tout le monde en charge, » assure Floriane Variéras.
Des places en partie gérées par ASF 67
Questionné sur la localisation des places d’hébergement, le directeur d’ASF 67, Vincent Jullien, explique :
« Sur les 600 places d’hébergement d’urgence dans l’Eurométropole, 191 sont gérées par l’ASF 67. Ces places sont diffuses sur tout le territoire de la métropole mais on ne va pas se mentir, elles sont surtout dans les quartiers où il y a beaucoup de bailleurs sociaux, donc à Hautepierre, Cronenbourg… ».
L’association ASF, présente dans toute la France, est spécialisée dans l’hébergement et le suivi administratif des demandeurs d’asile. Elle propose des places en « co-hébergement » pour les personnes isolées. Quant aux familles, « elles sont toujours hébergées dans un appartement pour elles seules, » précise la responsable du service ville de l’ASF 67, Sarah Reff :
« Une fois prises en charge, les personnes conservent leur place jusqu’à ce qu’elles décident d’en partir, par exemple dans le cas où elles seraient régularisées et prises en charge par un bail direct. »
Les programmes intercalaires se font attendre
Les dispositifs de mise à l’abri existants sont gérés conjointement par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg. Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des solidarités, indique que « cela représente 3,6 millions d’euros par an pour les deux collectivités ». Sur les 600 places, 300 ont été financées par l’Eurométropole. « Il faut encore des places et on doit les trouver, ce n’est pas le besoin qui manque, » poursuit-elle.
Concernant les chiffres du sans-abrisme à Strasbourg, Floriane Varieras ne dispose que des relevés du SIAO (le 115) :
« Sur les maraudes de la semaine, le SIAO a compté 200 personnes sans-abri, dont 10 enfants dans l’Eurométropole… C’est sans compter les gens qui dorment dans leurs voitures, dans les squats et tout ceux que l’on ne voit pas… »
Trois sites potentiels de « logement intercalaire » ont été identifiés par la municipalité. Le principe de ce dispositif est d’héberger des personnes sans-abri dans des bâtiments temporairement vides, entre deux projets d’aménagement ou avant une destruction. « Cela représenterait plusieurs centaines de nouvelles places d’ici deux ans et demi au plus tard, » confie Floriane Varieras qui avait déjà évoqué cette piste.
La préfecture du Bas-Rhin, qui doit légalement assurer l’hébergement d’urgence, n’a pas donné suite au recours gracieux qu’elle avait formulé contre cette politique des collectivités selon Floriane Varieras. En revanche, le recours de la Ville de Strasbourg contre l’État, formulé au lendemain de l’évacuation du camp de la place de l’Étoile, est toujours en cours d’instruction.
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