Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

« Signer une convention sur le climat c’est bien, passer à l’action c’est mieux ! »

Après le vote d’une convention qui vise à réduire les gaz à effet de serre, six associations environnementales listent dans une tribune 10 propositions pour réduire vraiment ces émissions polluantes à Strasbourg.

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Des associations lancent 10 propositions pour que la municipalité strasbourgeoise agisse limiter ses émission de gaz à effets de serre. (photo Pascal Bastien / Divergence)

Le conseil municipal de Strasbourg a décidé dans une délibération en date du 25 mars de signer la Convention des maires pour le climat et l’énergie, mouvement de collectivités locales de 53 pays (dont l’Eurométropole est déjà signataire depuis 2009, sans avoir jamais rapporté aucun progrès dans ses objectifs depuis lors, voire a empiré la situation en soutenant la construction du Grand Contournement Ouest, projet climaticide par excellence) appelant à réduire leurs émissions de Gaz à Effet de Serre (GES ou CO2) de 40 % d’ici à 2030 par rapport aux émissions relevées en 2010.

Bravo, mais soyez ambitieux !

Nous, associations strasbourgeoises engagées dans la lutte contre le changement climatique, tenons tout d’abord à féliciter la municipalité pour ce premier objectif, qui n’est que le premier pas en direction d’une société décarbonée, seule apte à relever le plus grand défi de notre génération.

Mais des objectifs à long terme ne sont pas une garantie d’actions concrètes et efficaces, pourtant indispensables. Nous tenons à rappeler qu’une diminution de 40 % des GES d’ici 2030 pour les pays développés reste insuffisante. L’objectif fixé n’est en effet pas à la hauteur de l’enjeu puisque, comme le soulignent les experts du GIEC dans leur rapport de 2018, limiter le changement à 1,5 degrés nécessite des transitions « rapides et de grande envergure ». Cela implique une neutralité des émissions carbone d’ici 2030, ce qui signifie que la quantité de GES captée devra a minima compenser exactement la quantité de GES produite.

Si l’on s’en réfère uniquement à la convention des maires pour le climat et l’énergie, cet objectif de neutralité carbone globale ne serait atteinte que 20 ans au-delà de la date limite, soit en 2050.

Des associations lancent 10 propositions pour que la municipalité strasbourgeoise agisse limiter ses émission de gaz à effets de serre. (photo Pascal Bastien / Divergence)
Des associations lancent 10 propositions pour que la municipalité strasbourgeoise agisse dans le but de limiter les émissions de gaz à effets de serre. (photo Pascal Bastien / Divergence)

Sans actions supplémentaires nous ne respections plus l’accord de Paris

Selon le rapport de WWF France de Juillet 2018 sur « le défi climatique des villes » et dans le cadre d’une limitation de l’augmentation de 2 degrés du réchauffement climatique, les villes françaises disposent à ce jour d’un budget carbone restant qui sera utilisé en seulement 10 ans au rythme des émissions actuelles.

Ne perdons pas non plus de vue que les différents pays ne pourront atteindre simultanément cet objectif. En effet, ceux d’entre eux qui sont aujourd’hui plus directement concernés par le changement climatique – et qui sont pour la majorité des pays moins développés tant sur le plan économique que humain – auront besoin de plus de temps pour mettre en oeuvre les mesures de réduction des émissions de GES et en même temps permettre à leur population de satisfaire leurs besoins de base. Raison de plus pour agir dès maintenant, car nous en sommes capables.

Échouer à atteindre la neutralité carbone en France d’ici 2030 et se contenter d’une réduction de 40 % des GES alors que nous avons les capacités financière et technique pour aller plus loin et plus vite que bien d’autres pays, c’est sortir concrètement du cadre de l’accord de Paris pour le climat de 2015.
Un Français produit actuellement en moyenne 10,5 tonnes de GES chaque année – en considérant aussi les importations – alors que la neutralité carbone supposerait de ne pas dépasser les 4 tonnes annuelles par individu, sans prendre en compte les possibilités supplémentaires de captation. Si nous ignorons ce fait, nous nous acheminerons immanquablement vers un réchauffement d’au moins 3 degrés.

Nos dix solutions

C’est pourquoi nous demandons à la ville de Strasbourg de faire preuve de plus d’ambition et de viser, grâce à des objectifs à court et moyen terme, la neutralité en GES d’ici 2030. Pour appuyer notre demande, nous proposons à la municipalité de Strasbourg 10 solutions concrètes à mettre en oeuvre dès maintenant pour initier cette transition dans les 2 ans à venir, avant la mise en place de mesures plus ambitieuses encore :

  • Réduire de 50 % la consommation de viande dans toutes les cantines – scolaires ou professionnelles – dépendantes de la municipalité.
  • Passer à la tarification incitative du ramassage des déchets pour ne pas dissocier production et responsabilité, et inciter chacun à faire des efforts.
  • S’emparer de la question des biodéchets, soit en installant 1 000 composteurs partagés dans toute la ville, soit en les collectant en porte-à-porte, ou via un mix des deux.
  • Restreindre la circulation et la pollution des véhicules thermiques en ville par la mise en place d’une Zone à Faible Émission (ZFE) pour les véhicules les plus polluants, et d’une zone 30 km/h généralisée pour réduire les émissions de GES.
  • Convertir la flotte de véhicules municipaux en vélos et vélos-cargos, dans la mesure du possible.
  • Lutter contre la pollution de l’air en déclenchant l’alerte et en rendant les transport en commun gratuits pour tous dès le 2e jour de dépassement des seuils OMS (parfois plus stricts que ceux de l’Union Européenne).
  • Doubler la superficie des pistes cyclables et convertir le quart des places de stationnement de l’hypercentre en parkings à vélo sécurisés.
  • Financer la rénovation thermique (chauffage et isolation) de 1 000 logements par an grâce à un guichet unique sur le modèle du service de rénovation “Oktave”, combiné avec des prêts à taux zéro, dont le montant sera compensé par la réduction des frais de chauffage.
  • Instaurer un moratoire sur l’étalement urbain – y compris pour les zones commerciales – et sur la construction de nouveaux logements pour inciter à la rénovation.
  • Favoriser la renaturation de l’espace urbain (les arbres étant de véritable absorbeurs de CO2) pour diminuer la chaleur urbaine. Tout nouvel espace bétonné devra être compensé par une surface équivalente naturelle protégée.

Il ne s’agit là que de quelques mesures réalistes pour engager la transition et permettre à la ville d’atteindre une neutralité en GES d’ici 2030. Non contentes d’être peu coûteuses, elles peuvent même pour certaines d’entre elles générer des économies de fonctionnement tout en réduisant efficacement et rapidement les émissions de GES de la municipalité, voire de l’Eurométropole.

On peut vous aider

Les solutions sont variées, et certaines seront plus drastiques que d’autres. Nous sommes prêts à faire des propositions supplémentaires aux collectivités et à co-animer des ateliers d’initiative citoyenne.

En attendant, nous restons mobilisés et offrirons aux citoyens la possibilité d’exprimer leur engagement dans la lutte contre le changement climatique. Nous vous donnons toutes et tous rendez vous le 24 mai prochain pour la 2ème grève mondiale pour le climat.

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Strasbourg Respire


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