« Ces derniers jours, on m’interroge beaucoup sur le campement place Brandt. Mais la question, c’est pourquoi on voit, dans toutes les grandes villes françaises, des campements qui émergent, qui se développent, et de plus en plus de personnes à la rue. » Au dernier étage du centre administratif, face à une poignée de journalistes ce lundi 9 octobre, la maire Jeanne Barseghian (EE-LV) présente les contours du recours à la préfecture contre l’État qu’elle va déposer. Le matin même, elle signait une tribune publiée par Libération avec d’autres maires pour alerter sur la prise en charge lacunaire des sans-abris.
Avec les municipalités de Rennes, Bordeaux, Paris, Grenoble et Lyon, dont les exécutifs sont tous à gauche, la Ville de Strasbourg dépose ainsi un recours gracieux pour demander le remboursement des sommes qu’elle a engagées dans l’hébergement d’urgence. L’État a l’obligation légale de proposer un logement aux sans-abris qui le demandent, même s’ils sont étrangers et sans titre de séjour. Juridiquement, ce recours gracieux constitue « l’étape préalable avant un recours contentieux », prévient la maire.
« Nous ne pouvons pas pallier les carences de l’État »
Concrètement, les différentes villes vont présenter les factures des sommes dépensées dans l’hébergement d’urgence. Pour Strasbourg, la municipalité et le Centre communal d’action sociale (CCAS) présenteront les 900 000€ dépensés pour la mise à disposition d’un gymnase, entre septembre 2022 et mars 2023. « En déposant ces factures, nous voulons montrer ce que nous sommes obligés d’assumer au-delà de nos compétences, et dire que nous ne pouvons pas pallier les carences de l’État. »
À la fin de la tribune, les édiles signataires demandent la « refondation » du système de prise en charge des sans-abris. Pour Jeanne Barseghian, cela passe par mettre « l’ensemble des acteurs autour de la table » et plus de « transparence sur les chiffres du sans-abrisme et de la grande précarité ».
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