La Ville de Strasbourg a mis à disposition deux gymnases pour loger des manifestants venus de France ou d’ailleurs en Europe pour protester contre le traité de libre-échange avec le Canada, le Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) mercredi 15 février. Leur capacité était d’environ 250 places à eux deux, même s’ils n’ont pas été pleins mardi soir selon un organisateur. Il s’agit d’un gymnase au Heyritz et d’un autre à la Musau.
Une demande des Amis de la terre
En mettant à disposition ces locaux, la municipalité de Strasbourg a accédé à une demande de l’association Les Amis de la Terre, membre du collectif STOP Tafta, qui milite aussi contre le CETA. Cette organisation écologiste a déjà participé à plusieurs reprises à des travaux sur l’évasion fiscale avec Chantal Cutajar au sein de la plateforme « Paradis Fiscaux et judiciaires » dont l’Observatoire citoyen pour la transparence financière internationale de l’universitaire strasbourgeoise fait partie. L’association a sollicité l’adjointe à la démocratie locale Chantal Cutajar (non-encartée, apparentée PS).
Ce soutien matériel peut étonner. À titre personnel ou de sénateur, le maire Roland Ries (PS) a toujours fait valoir ses convictions européennes, il a rarement impliqué sa collectivité dans les débats politiques du moment, en dehors des questions sur le siège du Parlement. Encore moins pour une manifestation qui va contre l’avis du Parlement européen, qui a adopté mercredi le texte par 408 voix contre 254.
Le maire ne s’était pas non plus exprimé sur le projet de traité avec les États-Unis (TTIP ou TAFTA), pourtant plus contesté, mais qui semble au point mort depuis que des fuites ont révélé son contenu au grand public. La contestation contre le traité ACTA (qui avait obtenu un vote défavorable au Parlement en 2012) n’avait pas non plus été particulièrement soutenue par la Ville de Strasbourg.
Un avis et tout s’enchaîne
Selon la municipalité, c’est un avis intitulé « Ne sacrifions pas les Droits de l’Homme aux intérêts commerciaux » de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme du 16 décembre 2016 qui justifie cette position nouvelle.
Pour Chantal Cutajar, qui à titre personnel a déjà dénoncé dans le CETA « un outil de contournement de la régulation et une arme de destruction massive des États de droit », il ne faut pas y voir un engagement sur le fond :
« Ce n’est pas une prise de position de la municipalité pour ou contre le CETA, mais contre la manière dont la débat a été mené. Personne ou presque ne sait ce qu’est le CETA. Or quand des décisions sont prises au nom des citoyens, elles doivent faire l’objet d’une information. Tout le monde a le droit de dire qu’il est pour ou contre le CETA et les mobilisations sont plus habituelles à Bruxelles qu’à Strasbourg. »
Quant au gymnases, « on a considéré que c’était utile et juste, » avance l’adjointe au maire. Mais dans les services de la Ville ou parmi les élus de la municipalité, certains s’interrogent si la situation pourrait créer un précédent et qu’à chaque manifestation d’envergure, les organisateurs demandent un point de chute. « Tout le monde peut faire des demandes et on étudiera à nouveau si c’est utile et juste », répond Chantal Cutajar.
Un débat lundi
Lundi 13 février, la municipalité avait également organisé un débat sur le CETA au centre administratif, avec Samuel Leré, chargé de projets Climat-Energie à la Fondation Nicolas Hulot et rapporteur de l’avis au sein de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et Thomas Borrell de l’association Les Amis de la Terre France. Il était animé par Chantal Cutajar.
Le texte voté sera appliqué en partie dans les pays membres, mais il doit être ratifié par les Parlements nationaux (et certaines régions de plusieurs pays).
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