Après la Ville, le 4 février, l’Eurométropole dévoile à son tour son Plan pluriannuel d’investissements (PPI), c’est-à-dire comment elle compte dépenser 1,5 milliard d’euros en travaux jusqu’en 2026. Comme à Strasbourg, ce PPI consiste à augmenter ces dépenses exceptionnelles par rapport au mandat précédent, de l’ordre de 200 millions d’euros (+15%).
En parlant projets, dépenses d’avenir et « transformation écologique du territoire », la majorité des maires et des écologistes espèrent un peu atténuer le débat budgétaire. Car l’opposition compte répéter à l’envie que pour réaliser ses objectifs, l’exécutif instaure un quadruplement du taux de taxe foncière (soit une hausse de 300% et non 400% comme l’a mal calculé l’opposition strasbourgeoise). Les maires d’opposition devraient rappeler à leurs homologues de la majorité que certains d’entre eux avaient fait campagne sur la stabilité des impôts dans leur commune. Or, ils vont avaliser un choix différent au sein de la métropole.
65 euros de taxe foncière en plus soit +300%
En effet, la part de l’Eurométropole passera en 2022 d’un taux de 1,15 à 4,6% sur la partie imposée. Soit un effort de 64 euros par an en moyenne pour les propriétaires dans les 33 communes selon les calculs de l’Eurométropole, auquel on peut ajouter la revalorisation des bases d’imposition décidées par le gouvernement. Un effort qui rapportera 25 millions d’euros de plus par an, financera une partie du fonctionnement et limitera la hausse de l’endettement.
Face aux critiques classiques sur le « matraquage fiscal », l’exécutif rétorquera qu’il met en place une « hausse des services inégalée » notamment le développement des transports en commun qui regroupent 43% des investissements. « Une famille avec deux enfants économise 500 euros par an avec la gratuité de l’abonnement CTS », défend par exemple le strasbourgeois Syamak Agha Babaei, vice-président en charge des Finances. « Les investissements représentent 600 euros par habitant et par an », ajoute la présidente Pia Imbs (sans étiquette). Le duo assure que seule une « portion congrue de la hausse des dépenses, la plus juste et modérée possible », est demandée au contribuable.
Pour les entreprises, la hausse représentera en moyenne 247€ pour les locaux commerciaux et 1 811€ pour les établissements industriels. Dans le détail, la fiche d’impôt n’augmentera « que » de 100€ ou moins pour 61% des entreprises et de 500€ maximum pour 90% des sociétés. Pia Imbs rappelle aussi que les entreprises avaient bénéficié de la baisse d’un tiers de la Cotisation foncière des entreprises (CFE) en 2020, en réponse au Covid.
Entre 2014 et 2016, la précédente coalition droite-gauche avait augmenté 3 années de suite ses impôts locaux (dont une fois de 150% la taxe foncière, puis de 1,5% et 3%). À la Ville, les écologistes souhaitent aussi ne plus augmenter le taux d’impôt, mais ont renvoyé la responsabilité aux choix financiers du futur gouvernement vis-à-vis des communes. À l’Eurométropole (EMS), Pia Imbs prend un engagement plus ferme :
« Nous faisons la promesse d’une seule hausse sur le mandat. »
Parmi les grandes dépenses jusqu’en 2026 figurent notamment :
- Les extensions tram à l’ouest, le nord et vers les institutions européennes (100 millions d’euros pour l’EMS). À ce sujet, les documents budgétaires mentionnent « un solde » de 20 millions d’euros en 2027, ce qui pourrait faire dire aux oppositions que les lignes se seront pas achevées pour 2026.
- Les autres extensions pour transports en commun (TSPO, prolongation du BHNS G jusqu’à Danube).
- La rénovation-extension du stade de la Meinau (70 millions pour l’EMS), dont le coût prévisionnel augmente de 20% (119,6 millions).
- Le nouveau Parc des expositions au Wacken (92 millions).
- 120 kilomètres de pistes cyclables pour 100 millions et 50 millions pour les autres routes.
- 190 millions pour l’habitat dont 72,5 millions pour les logements sociaux, 46,1 pour l’habitat privé et 35,4 pour la rénovation urbaine.
- 43,3 millions pour des bâtiments pour l’Université (Paps-Pcpi ; Next-Med ; ISU ; ESPE à la Meinau).
- 10 millions pour la 2è phase de la piscine de Hautepierre et des travaux à Schiltigheim et au Wacken.
« Un tiers des projets vient du mandat précédent », explique Pia Imbs. D’autres travaux lancés en cours de mandat devraient de la même manière déborder les années suivantes, par exemple l’achèvement du quartier des Deux-Rives (38 millions pour ce mandat). « On a beaucoup parlé de la végétalisation des cours d’école à Strasbourg, mais il y a aussi beaucoup de demandes dans les communes que nous allons aider. Ce sera aussi le cas pour l’acquisition de nouveaux véhicules moins polluants ou encore des gymnases et des cimetières », poursuit Pia Imbs, la maire de Holtzheim, qui met en avant « l’aide aux communes ».
Les train du REM pour commencer
Avant cette grande explication, le premier point devrait être plus consensuel avec le « Réseau express métropolitain » (REM) réalisé avec la Région Grand Est. Comme annoncé depuis quelques années, il s’agit d’avoir des trains toutes les demi-heure de 5h à 22h sur les lignes principales, et plus de passages le week-end. Le service commencera le 12 décembre 2022.
Dans le détail, les gagnants sont Molsheim (179 arrêts par jour ; +44%), Entzheim (177 arrêts/jour +61%), Geispolsheim (79 arrêts/jours ; +93%) Vendenheim (140 arrêts/jour ; +137%) ou la gare méconnue de Graffenstaden (68 arrêts/jour +209%) au milieu de la zone commerciale de la vigie.
Les dépenses de fonctionnement supplémentaires (14,5 millions/an) sont partagées à 50/50 avec la Région Grand Est. Idem pour les nouvelles recettes.
Les communes extérieures appelées à participer et abonder
En revanche, le REM ne permet pas de meilleure desserte sur la ligne vers Lauterbourg au nord (qui passe par Schiltigheim-Bischheim) et Strasbourg-Offenbourg à l’est. L’Eurométropole espère une amélioration pour 2025. À cette date-là, la Région espère avoir ouvert à la concurrence les deux lignes « transfrontalières », dans un marché qui comprendra aussi les travaux d’entretien.
Enfin un syndicat mixte avec les communautés de communes sera fondé. Il devra veiller à améliorer les correspondances avec les autres services de transport et simplifier la tarification. Les intercommunalités pourront aussi abonder financièrement ce système de transport, financé uniquement par la Région et l’Eurométropole, pour améliorer l’offre à long terme.
L’ordre du jour compte 70 points. Il sera aussi question d’un lissage des prix pour les habitants de Hautepierre et Poteries reliés à la chaufferie de Hautepierre, non-concernée par le « bouclier tarifaire » du gouvernement, qui contient la hausse des prix du gaz à 30%.
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