Depuis mardi 15 février, il n’y avait plus de chauffage ni d’eau chaude au squat rue de Bourgogne à la Meinau. Le bâtiment de 9 étages et comprenant 54 appartements est en instance de démolition. Il accueille une centaine de personnes, dont des familles avec des enfants en bas-âge.
Gilles Rougeot, directeur général d’In’li Grand Est, agence propriétaire du bâtiment, annonce que des techniciens sont intervenus vendredi 18 février au matin et ont rétabli le chauffage et l’eau chaude. Depuis midi, le radiateur de Nino, l’une des occupantes (voir notre reportage précédent), fonctionne. Mais à 19h, elle n’avait toujours pas d’eau chaude. Même situation dans les appartements d’autres occupants.
Une intervention confirmée le jour de la coupure
Mardi 15 février, à la demande du propriétaire, In’li Grand Est, des techniciens de R-GDS ont enlevé le compteur de gaz de la chaufferie de l’immeuble, selon Isabelle Ott, responsable communication du gestionnaire du réseau de gaz de Strasbourg.
D’après Gilles Rougeot d’In’li, la coupure du gaz a été demandée pour des raisons de sécurité. Il assure que « l’arrêt du chauffage et de la production d’eau chaude sanitaire ne sont pas liés à la coupure de gaz mais à un défaut d’alimentation électrique de la chaufferie », en théorie restitué lors de l’intervention du 18 février.
L’immeuble est approvisionné en chaleur par l’incinérateur Sénerval via le réseau urbain. Gilles Rougeot ajoute : « Nos chaudières (qui ne peuvent donc plus fonctionner depuis l’intervention de R-GDS, NDLR) ne sont là qu’en appoint », pour suppléer le réseau urbain lorsque son apport en chaleur n’est pas suffisant.
« Quel serait notre intérêt de détériorer notre bâtiment ? »
Pourtant, suite à l’intervention de R-GDS, brusquement, les occupants ont constaté l’absence soudaine de chauffage et d’eau chaude. Et l’opération du 18 février ne semble avoir rétabli que le chauffage.
Selon Gilles Rougeot d’In’li, « nos prestataires ont mené des investigations qui ont permis de conclure que des interventions illicites sur l’alimentation électrique de l’immeuble ont eu lieu ». D’après le directeur d’In’li Grand Est, ces actes « auraient probablement été commis par des occupants ou des personnes en lien avec l’occupation ». Aleksejs s’offusque de cette interprétation des faits :
« Quel serait notre intérêt de détériorer un système qui nous permettait enfin de vivre un peu plus dignement que lorsque nous étions à la rue ? C’est absurde. Autant que possible, nous réhabilitons ce bâtiment qui a été détérioré avant notre arrivée, pour le rendre inhabitable. »
Certains squatteurs disent avoir réhabilité les lieux
Les habitants de l’immeuble témoignent avoir constaté de nombreux sabotages dans le bâtiment, explique Aleksejs. Au sous sol, il montre des tuyaux qui ont été endommagés et qu’il a dû réparer « il y a quelques semaines ». À côté de sa porte d’entrée, Arman montre le boitier à fusible : « Dans beaucoup d’appartements, ils étaient détériorés. Quand nous sommes entrés dans notre logement en décembre avec ma famille, j’ai dû le réparer pour qu’on ait l’électricité », témoigne-t-il.
Impossible pour l’instant d’établir qui sont les auteurs de ces dégradations. Gilles Rougeot n’a pas souhaité indiquer à Rue89 Strasbourg quel est le prestataire qui a constaté une détérioration du système électrique, ni communiquer les preuves de cet acte.
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