Environ 150 personnes présentes au squat Bugatti ont été relogées dans le calme ce mercredi 21 octobre. L’évacuation de ces anciens bureaux à Eckbolsheim était prévue par l’État, qui a mobilisé depuis plusieurs semaines ses services sociaux. Les gendarmes se sont en partie déployés la veille au soir. L’évacuation a débuté à partir de six heures du matin.
Environ 250 gendarmes dont deux escadrons de gendarmerie mobile ont été mobilisés, aux côtés de la Croix blanche, la Croix rouge et l’association de protection civile. Les services administratifs de l’État (préfecture du Bas-Rhin, Office français de l’immigration et de l’intégration, Agence régionale de Santé) ont supervisé les opérations et procédé aux inscriptions des personnes sans-abri.
Plus d’un an d’occupation
Les habitants ont été enregistrés avec leurs bagages et acheminés en bus de la CTS dans deux lieux, un hôtel Ibis à Lingolsheim et le centre Lyautey au Neuhof, notamment pour les familles. Sur place leur situation administrative sera examinée plus en détail. L’hébergement des demandeurs d’asile pour les étrangers et des personnes sans-abri pour les Français est une responsabilité de l’État.
Le squat Bugatti avait été ouvert en septembre 2019. Selon Lahcen Oualhaci, le référent et gérant des lieux, plus d’un millier de personnes y ont trouvé un toit en attendant une solution plus pérenne. Les locaux n’étaient cependant pas adaptés pour accueillir autant de personnes, si bien que les problèmes liés à une grande promiscuité ont généré des tensions parfois violentes. Une personne a même été retrouvée décédée le 17 octobre (lire nos articles).
Réaction de Lahcen Oualhaci, référent du squat Bugatti
Cédric : « Avec le Covid, je me suis perdu »
Parmi les occupants, en majorité des Africains ou Européens de l’Est, se trouvait Cédric, 22 ans, né à Strasbourg. Viré sans ménagement de chez sa mère par son beau-père, il a vécu depuis mars au squat Bugatti :
« On s’est battus avec mon beau-père, j’ai déjà fait de la prison, j’ai un historique violent. Il m’a dit que je devais partir ou il appelait les flics. Je suis parti. J’ai été hébergé par quelques amis mais au bout d’un moment, je me suis retrouvé sans solution. J’étais suivi par l’association L’Étage mais avec le covid, tout s’est arrêté et je me suis retrouvé à la rue. »
Installé dans une chambre avec sa propre clé, Cédric n’a pas trop souffert de la promiscuité :
« J’ai dû faire ma place bien sûr, mais personne ne m’a embêté. Je n’ai eu qu’un accrochage avec un résident mais c’est tout. Comme je parle français, j’ai aidé pas mal d’entre eux avec leurs papiers. »
Manutentionnaire, Cédric espère désormais disposer d’un environnement plus stable, pour s’inscrire auprès des agences d’intérim.
À 10h30 les derniers occupants ont été enregistrés auprès des services de l’État. L’ensemble des lieux a ensuite été sécurisé par les forces de l’ordre.
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