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Soupçons de violences policières après l’arrestation d’un sans-abri samedi

Une personne sans-abri, qui a participé à la manifestation en hommage à un réfugié afghan qui s’est suicidé, est ressorti blessé du commissariat de police de Strasbourg. Il avait été interpellé après avoir passé la manifestation en tête de cortège.

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Soupçons de violences policières après l’arrestation d’un sans-abri samedi

« On a un ami qui est mort ce matin ! », déclare Edson avec son mégaphone, les larmes aux yeux sur la place de la Gare. Une centaine de personnes sont rassemblées ce samedi 25 mai vers 17h, suite à la découverte le matin même, du corps d’Habib. Cet Afghan de 21 ans a mis fin à ses jours aux abords du camp de réfugiés du parc du Glacis où il vivait. Edson vit aussi dans une tente mais il est en situation régulière et a déjà pu travailler. Il était le voisin de tente d’Habib.

Une centaine de personnes se sont rassemblées place de la Gare en hommage au jeune afghan qui a mis fin à ses jours. (photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc)

Le groupe décide rapidement de déambuler dans les rues de Strasbourg, vers le centre-ville. Les manifestants, dont la majorité sont des réfugiés, cherchent à témoigner de leurs conditions de vie, sans solution d’hébergement ni possibilité de travailler. Plusieurs fourgons de police suivent le groupe de près.

Le rassemblement s’est transformé en manifestation au centre-ville. (photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc)

« Ça ne m’étonne pas, ils pètent les plombs. »

Edson, particulièrement touché par cette situation, prend régulièrement la parole, au sein du cortège :

« Il y a des familles entières qui dorment dehors, avec des enfants qui ont 40 de fièvre. Ce sont des associations, souvent des bénévoles, qui trouvent des solutions. L’État ne fait rien. Habib avait fait une demande pour apprendre le français. Il avait beaucoup de bonne volonté, mais personne ne lui a tendu la main. Hier encore il demandait de l’aide, il a appelé le 115 plusieurs fois. Il était en détresse. »

Edson s’est particulièrement impliqué dans la manifestation en hommage à Habib (vidéo TV / Rue89 Strasbourg)

La manifestation prend ensuite la direction de l’Accueil Halte Bayard, dans lequel le jeune afghan se rendait souvent avant une restriction de ses capacités d’accueil. Environ 10 personnes entrent dans le bâtiment et jettent des chaises par terre. Edson reste dehors et commente la scène :

« Ça ne m’étonne pas, ils pètent les plombs. On le voyait tous les jours Habib. On se dit vraiment que tout le monde se fiche de nous, même quand il y a des morts. »

La police est rapidement intervenue pour encercler le groupe de manifestants. (photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc)

Après le commissariat, les urgences

La police, qui avait pris un peu de distance, arrive très rapidement sur place. Wilson, Larsen, David et Edson sont arrêtés et emmenés à l’hôtel de police. Le lendemain, dimanche 26 mai, Edson en ressort blessé. Il témoigne :

« C’est quand on était au commissariat qu’ils nous ont dit qu’on était là pour “dégradation de biens publics.” J’ai demandé qu’ils appellent mon avocat. Ils ne l’ont pas fait. J’attendais tout seul dans un couloir, et là, un policier s’est approché de moi en me disant : “Tout l’après-midi, t’as dis de la merde !” Là j’avoue, je me suis énervé, je leur ai dit qu’un ami à moi était mort et que j’avais le droit de m’exprimer. Après ça, ils sont venus à trois. L’un d’entre eux m’a plaqué contre le mur et m’a soulevé par la gorge avec sa matraque. Ensuite ils m’ont mis à terre et frappé à plusieurs reprises. Puis ils m’ont mis en cellule en me disant de faire comme si rien ne s’était passé. »

Edson passe la nuit à l’hôtel de police en « tremblant de peur. » Après sa sortie dimanche, il s’est rendu aux urgences de l’hôpital de Hautepierre. Le médecin de garde a constaté des douleurs et a quantifié une incapacité totale de travail de 5 jours. Il souffre d’une entorse du genou, de douleurs à la gorge et doit faire des examens complémentaires pour une suspicion de blessures aux côtes.

« Il est en état de choc »

Edson marche maintenant avec des béquilles à cause d’une entorse provoquée par les violences policières qu’il a subi. (photo Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc)

Rencontré, lundi 27 mai, au campement du parc du Glacis, Edson marche avec des béquilles et parle avec la voie enrouée. Gabriel Cardoen, de l’association « D’ailleurs nous sommes d’ici » ne sait pas comment la situation va évoluer :

« Il est en état de choc. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir des poursuites contre lui, il n’était pas présent à l’intérieur du bâtiment lors des dégradations. Les policiers l’ont d’ailleurs relâché sans aucune convocation. En gros, ils l’ont frappé parce qu’il s’est impliqué dans une manifestation en hommage à son voisin de tente… »

« Aucune violence particulière » selon la police

De son côté, la police nationale indique qu’Edson a été appréhendé avec deux autres personnes, placé en garde à vue puis relâché après qu’il ait été établi que l’infraction était « insuffisamment caractérisée » :

« M. Edson a vu un médecin avant son placement en garde à vue comme il est d’usage. Il ne ressort pas des éléments de la procédure que des violences aient dû être appliquées contre lui. En outre, lors de son audition, dimanche à 9h, aucune remarque n’a été faite concernant les conditions de sa détention, en présence de son avocat. »

Le campement du Glacis regroupe 80 à 100 personnes depuis plusieurs mois. D’après Florian, également membre de « D’ailleurs nous sommes d’ici », plusieurs d’entre eux nécessitent un suivi psychiatrique. Pour le moment, la Ville de Strasbourg n’a pas fourni de toilettes ni d’accès à de l’eau potable, malgré les demandes récurrentes des bénévoles et une situation sanitaire qui se dégrade.


#violences policières

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