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Avec Sophie Binet, des centaines de personnes relancent la mobilisation des ouvriers de Clestra

Le plus gros rassemblement depuis que la grève des ouvriers de Clestra a commencé début juillet a eu lieu jeudi 24 août. La présence de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, et de centaines de militants venus de différentes régions de France, a donné un nouvel élan à la mobilisation.

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Avec Sophie Binet, des centaines de personnes relancent la mobilisation des ouvriers de Clestra

Les drapeaux rouges de la CGT sont nombreux à flotter devant le fabriquant de cloisons de bureaux Clestra à Illkirch-Graffenstaden ce jeudi 24 août. Les ouvriers de l’usine, quasiment tous en grève depuis le 3 juillet, craignent que leurs emplois soient supprimés depuis que leur entreprise a été reprise par le groupe Jestia en octobre 2022.

Avec la venue de Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, ils perçoivent désormais la résonance nationale de leur mobilisation : « Sa présence ici légitime notre lutte », explique l’un des grévistes, ouvrier depuis 23 ans au secteur assemblage, que la direction de Clestra envisage de délocaliser et sous-traiter.

La secrétaire nationale de la CGT Sophie Binet a apporté son soutien aux ouvriers de Clestra ce jeudi 24 août. Photo : PM / Rue89 Strasbourg

« La mobilisation va s’étendre »

Amar Ladraa, secrétaire régional de la CGT Métallurgie et membre du comité d’entreprise de Clestra, considère que « cette mobilisation donne l’envie de continuer aux ouvriers ». Il estime que « plus de 300 personnes » sont présentes au rassemblement de soutien aux grévistes, son collège secrétaire du syndicat CGT de Clestra, François Hennrich, estime la mobilisation à « plus de 500 personnes ». Des membres de différentes sections locales de la CGT comme la métallurgie ou les fonctionnaires territoriaux sont présents. Le contraste est saisissant avec les rassemblements des dernières semaines devant l’usine, où les ouvriers de Clestra n’étaient qu’une trentaine.

Des sections de la CGT sont venues de Paris, de Franche-Comté, des Vosges ou encore de Rhône-Alpes pour l’occasion. « C’est le plus grand rassemblement qu’on n’a jamais connu depuis le début de la grève », assure François Hennrich : « Il y a aussi des anciens militants CGT retraités, et des jeunes de la CGT des lycéens, étudiants et apprentis. » Micro en main devant la foule, Sophie Binet déclare que la mobilisation franchit une étape :

« Elle se nationalise. Je veux dire à la famille Jacot (Jestia, repreneur de Clestra, se présente comme une entreprise familiale, NDLR) que ce n’est que le début de cette lutte. Non seulement la mobilisation ne va pas s’arrêter là mais elle va s’étendre. Il y a aura d’autres étapes, car il est devenu urgent de mettre fin à cette grève. »

Des syndicats de la région Alsace mais aussi d’Île-de-France, de Franche-Comté, et du Rhône-Alpes étaient présents. Photo : PM / Rue89 Strasbourg / cc

Sophie Binet avait déclaré dans une interview pour Rue89 Strasbourg qu’elle exigerait le remboursement des quelques cinq millions d’euros d’aides publiques (4 millions d’euros de l’État, 800 000 euros de la Région Grand Est) accordées à Jestia pour la reprise de Clestra si les garanties annoncées, comme le fait de garder les emplois promis, ne sont pas respectées.

Le délégué CGT de Clestra François Hennrich estime qu’entre 400 et 500 personnes étaient présentes au rassemblement, ce jeudi 24 août, devant l’usine Clestra. Photo : PM / Rue89 Strasbourg / cc

« On va essayer de venir un maximum de fois »

Adhérents à la CGT en tant qu’étudiants, Mohamed (21 ans), Evan (19 ans) et Ila (22 ans) ont « été mis au courant de cette grève par les réseaux sociaux de la CGT » : « C’est inspirant de voir autant de monde qui se mobilise. Ça fait plaisir ! On va essayer de venir un maximum de fois », raconte Mohamed.

Ahmed, ouvrier dans les Vosges de l’entreprise Trane, spécialisée dans la climatisation, et membre de la CGT depuis 2005, est venu au rassemblement ce jeudi car il estime la cause importante :

« Cette situation n’a pas l’air d’émouvoir tout le monde, pourtant la lutte me semble importante. C’est par acte de solidarité qu’on est venu. La direction est dans une obstruction radicale et un rapport de force s’est installé. J’habite aussi dans un bassin fragile où le savoir-faire industriel des ouvriers est menacé par les fermetures d’usines. »

Les ouvriers de Clestra sont en grève depuis début juillet. Photo : PM / Rue89 Strasbourg

Multiplier les interpellations

La municipalité de Strasbourg, l’Eurométropole, la Région Grand Est… Les grévistes interpellent les pouvoirs publics un à un. Mercredi 23 août, les représentants syndicaux ont échangé avec des collaborateurs du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, en visioconférence. Amar Ladraa raconte :

« Le rôle du ministère de l’Industrie est de créer un dialogue entre les deux parties, salariés et direction. Ils ont écouté nos attentes et celles de la direction. On espère que ça va faire bouger les choses. »

De gauche à droite, Ila Mahmudi-Avesta (22 ans), Evan Goffic (19 ans) et Mohamed Naharat (21 ans) sont membres du syndicat CGT étudiants lycéens et apprentis d’Alsace (SELA). Photo : PM / Rue89 Strasbourg

Sur le plateau de BFM Alsace, Sophie Binet a annoncé que la CGT allait déposer un recours suite au versement de salaires aux montants négatifs à des grévistes début août (voir notre article sur le sujet). Elle compte également interpeller le président de la République Emmanuel Macron sur Clestra lors d’une rencontre avec lui dans la semaine du 28 août.

Le prochain rassemblement des ouvriers est prévu lundi 28 août à 8h30, devant le centre administratif place de l’Etoile, pendant un rendez-vous avec la maire de Strasbourg et de la présidente de l’Eurométropole.


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