Lorsque Martial Bellon nous disait en juillet que « la SIG peut devenir un des 20 grands clubs européens », l’objectif était à moyen terme. Si l’on prend les propos du président du club au mot, l’équipe de basketball Strasbourg a réussi cet objectif dès cette année. Certes, elle ne s’est pas qualifiée au Top 16 de l’Euroleague, comme aucun club français depuis 2007. Mais parmi les équipes reversées dans la deuxième compétition européenne, l’Eurocup, elle joue la finale, une première pour une équipe française depuis 15 ans. Avec l’équipe turque de Galatasaray contre qui le match aller se joue ce vendredi 22 avril, on peut considérer que les deux adversaires se classent 17e et 18e dans la hiérarchie européenne cette année.
La SIG saura-t-elle capitaliser sur son beau parcours européen pour s’installer dans le Top 20 ? Malgré son projet de nouvelle salle, rien n’est moins sûr. Au-delà des aléas sportifs qui font la beauté du sport, elle ne sait pas encore dans quelle(s) compétition(s) elle pourra jouer dans les années à venir. La raison à cela, un bras de fer entre les instances internationales de basket. D’un côté, la fédération internationale de basket (FIBA), la FIFA du basket, de l’autre la société privée qui organise l’Euroligue et l’Eurocup depuis 2000 (Euroleague Commercial Assets, appelée plus simplement Euroleague).
Deux mauvaises solutions
Sportivement, deux mauvaises solution s’opposent dans ce conflit. L’Euroleauge souhaite une ligue fermée où les clubs sont les mêmes d’une année sur l’autre, quels que soient leurs résultats. Un système qui rappelle celui des franchises de la ligue américaine de la NBA. Mais l’Europe n’est pas les États-Unis. Au pays du libéralisme, les salaires individuels et collectifs sont plafonnés dans les 4 grands sports. Les équipes classées dernières ont le droit de piocher en premier dans la génération de joueurs qui passent professionnels (la draft). Ces garde-fous permettent à toutes les équipes de pouvoir être compétitives si elles sont bien gérées. Ils n’existent pas en Europe.
De l’autre la FIBA veut une compétition la plus ouverte, qu’elle qualifie de « League des Champions » du basket avec un renouvellement constant. Elle veut surtout en assurer l’organisation, notamment pour garder le contrôle sur le calendrier , elle qui ne se contentait que d’organiser l’obscure compétition de troisième niveau, l’Eurochallenge.
Mais depuis 15 ans, l’Euroleague (dont les clubs sont actionnaires) a réussi à faire de sa compétition un « produit » reconnu et rentable, et ne voit pas pourquoi elle devrait laisser la main. La situation est connue depuis presqu’un an et pourtant aucun compromis ne se dessine, bien au contraire. Une avancée semblait se concrétiser lorsque la FIBA a accepté de laisser la gestion de la compétition de premier rang à l’Euroleague. Mais la société a décidé restreindre sa coupe de 24 à 16 clubs, dont 11 serait qualifiés « à vie » comme le CSKA Moscou, le Real Madrid, le Maccabi Tel-Aviv ou le FC Barcelone… Pire, elle a aussi proposé une formule pour la deuxième Coupe d’Europe à 24 clubs, tout en distribuant des invitations pour 3 ans à 20 autres clubs prestigieux européens.
Dans ces conditions, beaucoup de bons clubs ont exprimé leur intention de jouer cette compétition. Celle de la FIBA s’en retrouverait donc fortement dévaluée. En représailles, la FIBA a menacé d’exclusion du prochain championnat européen (en 2017) les 14 nations dont les clubs ont décidé de suivre l’Euroleague. Parmi elles, l’Espagne, championne d’Europe en titre. On a connu plus serein comme climat sur la planète de la balle orange. La fédération française et ses clubs ont pour le moment décidé de rester loyal à la fédération internationale.
La SIG entre le marteau et l’enclume
Et la SIG ? Si elle gagne sa finale d’Eurocup, elle sera de droit qualifiée à l’Euroligue, la compétition de premier niveau. Même la ligue française pourrait difficilement s’opposer à ce qu’elle rejoigne (pour un an) la plus prestigieuse des compétions. Si elle perd, son sort dépendrait de son résultat en championnat de France. Même championne, elle pourrait se retrouver de fait dans une compétition de troisième rang, si les autres clubs et fédérations maintiennent leur position.
C’est surtout le manque de visibilité sur les compétitions de basket internationales comme des clubs qui pourraient refroidir les joueurs comme les partenaires de s’engager sur le long terme dans ce sport, en pleine saison des négociations de contrat…
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