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Un an après, le Shadok à la recherche de son équilibre

Inauguré en mars 2015, Le Shadok a connu des débuts foisonnants, mais épuisants. Désormais, le lieu dédié à l’univers numérique à Strasbourg veut capitaliser sur sa notoriété et raccrocher le monde des entreprises.

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La façade du Shadok (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

C’était l’un des projets phares de cette municipalité : ouvrir un lieu dédié au numérique à Strasbourg, une sorte de vaisseau amiral où pourraient se croiser les start-ups, les artistes et les créatifs dans une sorte de melting-pot digital. Ainsi est né le Shadok en mars 2015. Pour les rencontres entre artistes et créatifs, c’est fait : plus de 24 000 personnes ont visité les expositions, ont participé à des ateliers, des conférences ou diverses manifestations. Pour les entreprises et les start-ups en revanche, les connexions prendront plus de temps que prévu.

Depuis son ouverture, le Shadok a été un « lieu-outil » dont la programmation a largement été ouverte aux collaborations, citons par exemple AV Lab, le Festival du film fantastique qui y a tenu l’ensemble de sa section jeux vidéos, Horizome, Contre-Temps… De nombreuses organisations, dont Rue89 Strasbourg, ont utilisé les services du Shadok qui a ainsi pu rapidement asseoir sa notoriété dans la ville.

La façade du Shadok (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Installé sur les docks dans une opération phare d’un promoteur, les locaux du Shadok sont peut-être trop exigus (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

4 à 5 événements par semaine

Avec plus de la moitié de la programmation du Shadok portée par des partenaires, les semaines où au moins cinq événements étaient programmés en soirée n’ont pas été rares. Résultat : la petite équipe de sept personnes s’est vite épuisée, comme l’explique Géraldine Farage, la directrice :

« On a testé le lieu et nos limites, on ne savait pas vraiment vers quoi on s’engageait quand on disait « oui » à un organisateur d’événement. Résultat, on a un peu dit oui à tout… Ça a eu un effet bénéfique sur la fréquentation, mais il y a certains artistes qu’on a accueillis en résidence et qu’on n’a pas vus… Donc il y a une perte de sens qu’on va essayer de corriger dans notre deuxième année. On fera peut-être moins, mais mieux. »

Sur une année, le Shadok a pu disposer de 190 000€ pour développer des projets, ce qui, avec les partenariats, a généré une coproduction totale d’environ 400 000€. Du côté de la Ville, qui finance intégralement le Shadok, Alain Fontanel, adjoint au maire en charge de la culture, promet des renforts :

« On voit tous les jours à quel point il est urgent et indispensable que la société se saisisse des défis liés à l’irruption du numérique dans nos vies. L’exposition actuelle, From Bits to Paper, est au coeur des missions du Shadok : interroger notre rapport au numérique, par la création artistique. Et le succès du Shadok vient de là : il y a un réel besoin. Pour la suite, on va essayer de renforcer l’équipe avec une 8e personne, qui aurait un profil un peu plus économique idéalement ».

Tensions avec Alsace Digitale

Pour l’instant, le lien avec le monde économique est sous-traité à Alsace Digitale. L’association qui anime l’écosystème des start-ups à Strasbourg gère pour le compte du Shadok le lieu de coworking installé à l’étage. Mais la collaboration ne se passe pas bien. Les dirigeants d’Alsace Digitale n’ont que peu d’appétence pour la programmation du Shadok et se concentrent sur leurs propres rendez-vous, les start-ups week-end, le Hackathon santé (digital health camp), le festival EdgeFest, etc.

Pour autant, Géraldine Farage ne baisse pas les bras :

« C’est vrai qu’on espère plus d’implication d’Alsace Digitale au Shadok mais on va y travailler. En attendant, on a renforcé nos liens avec le monde évonomique, via des opération comme Tango & Scan, des partenariats qui progressent, Accro ou la CCI Alsace et avec la Ville, nous sommes autant en lien avec la direction de la culture qu’avec le service du développement économique. Et puis depuis un an, le territoire s’est développé en faveur des start-ups, il y a beaucoup plus d’espaces de coworking que lorsqu’on s’est lancés. Au final, je pense qu’on ne doit pas essayer d’être le lieu de tout ce qui touche au numérique de près ou de loin. On devra peut-être se spécialiser, par exemple sur les industries créatives ».

Conseiller municipal d’opposition, Pascal Mangin (LR), remarque aussi que le Shadok n’a pas eu les moyens de s’adresser aux entreprises :

« Il faut reconnaître à l’équipe du Shadok une belle énergie qui a permis de faire connaître ce lieu. Mais sur la dimension fédérative, je remarque qu’on est encore loin d’une réelle mixité avec les entreprises du numérique comme on peut le voir à Mulhouse à MoToCo ou bientôt avec le KM0 par exemple. Il est vraiment dommage d’avoir confié toute l’opération de rénovation à un promoteur privé car du coup, la Ville n’a pas eu les moyens d’installer un lieu suffisamment grand. »

Vers les entreprises, mais en réseau

Pour Alain Fontanel, le Shadok n’a pas vocation à devenir un hôtel d’entreprises :

« L’espace de coworking accueille les très petites entreprises, en phase de création mais clairement, ensuite, c’est au marché privé de prendre le relais. L’objectif du Shadok est d’assurer un service public de médiation sur le numérique, pas de se suppléer aux incubateurs et à tout l’écosystème des start-ups qui est en train de se mettre en place. Nous allons développer les liens et les partenariats, dans une démarche d’animation de réseau. »

Pour la suite, le Shadok va se positionner sur trois grands axes : les écritures artistiques contemporaines, les filières du Design, un secteur « de facto trans-sectoriel (recherche, industries, créativité, service public, entrepreneuriat…) » et l’accompagnement des publics sur les questions liées au numérique.


#Le ShadoK

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