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Futur quartier Laiterie : les sens de circulation inversés par des habitants en réunion

La réunion publique sur la rénovation du quartier Laiterie de vendredi n’a pas débattu comme prévu des derniers aménagements, mais a inversé une des orientations majeures : les sens interdits.

Carte interactive

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« Ça fait 20 ans que j’habite dans le quartier, il n’y a pas besoin d’un sens unique rue de la Broque ! », s’exclame un habitant. Une partie de l’assemblée approuve. La réunion publique du vendredi 9 novembre devait traiter des aménagements « fins » du projet de rénovation du quartier Laiterie. Mais c’est finalement des futurs sens de circulation des rues dont il a été question pendant près de deux heures. Lors de ce grand exercice de démocratie locale, les débats ont été animés et ont conclu à l’inversion des trois sens interdits (voir la carte ci-dessus) décidés en avril.

Sentant que les arbitrages du printemps étaient loin de faire l’unanimité, l’adjoint de quartier Paul Meyer (La Coopérative) a d’ailleurs vite laissé une porte ouverte en début de séance :

« Je veux bien qu’on rouvre le débat sur le stationnement ou la circulation, je ne veux pas donner l’impression de pousser quelque chose. Je n’ai pas d’actions dans les sens uniques. »

« Comment est-ce que je rentre chez moi ? »

Et un contingent de la centaine de participants ne s’en est pas privé. Il faut dire que quand une habitante du nord de la rue de la Broque a demandé « comment est-ce que je rentre chez moi ? », aucune réponse claire n’a été apportée. Seul possibilité : contourner tout le quartier pour y revenir par le nord et Kœnigshoffen…

Alors que le but était de décourager les automobilistes qui utilisent la rue du Ban-de-la-Roche pour contourner d’autres axes plus fréquentés, les sens interdits imaginés en avril n’ont pas convaincu les habitués, comme l’explique un des riverains :

« Le sens unique va rabattre dans la rue de la Broque toutes les voitures qui ne veulent pas contourner la place de la Porte-Blanche . Même si on ajoute un feu au bout de la rue comme prévu, un feu, ce sera toujours plus court que trois… ».

La rue du Ban-de-la-Roche n’est pourtant pas si fréquentée : 40 voitures par heure en sens montant et 120 en sens descendant, soit une toutes les 30 secondes, aux heures de pointe selon les comptes de 2017 la Ville de Strasbourg.

Le maintien ou non de cette barre d'immeubles a peu été discuté, contrairement aux sens de circulation. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Le maintien ou non de cette barre d’immeubles a peu été discuté, contrairement aux sens de circulation. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Automobile et vélos

Alors que les interventions se succédaient autour de la place de l’automobile dans la rue de la Broque, un autre participant a insisté a contrario sur le fait qu’ »il ne faut pas lâcher » sur la piste cyclable à double sens prévue à cet endroit dans la continuité de celle du parc Imbs et son passage pour vélos sous l’autoroute A35. Ce rappel a été applaudi.

D’autres propositions plus ambitieuses ont pourtant émergé : des « sens interdit sauf riverains » ou encore des feux qui passent au rouge lorsque l’on roule trop vite. Mais à écouter l’adjoint de quartier ou les services administratifs, ces technologies sont bien trop compliquées pour une ville comme Strasbourg ou trop difficiles à contrôler…

Micro à la main, Paul Meyer semble un peu déstabilisé : « Au printemps, les participants avaient insisté sur le besoin de lieux de vie ». Mais celui qui est aussi adjoint au commerce a pris l’habitude des réunions publiques un peu houleuses et sait gérer ces situations. En proposant d’inverser les trois sens uniques prévus, la grogne s’est calmée. La suppression de places de stationnement, le passage en payant du parking restant ou la « cour urbaine » qui couperait la rue du Hohwald en deux, ont par ricochet très peu été discutés.

Les concertations en question

Les échanges ont d’ailleurs posé la question de ces fameuses « concertations » en général. Les réunions publiques en sont les pierres angulaires, mais il n’y a pas de vote à leur issue. On considère que quelques dizaines de personnes qui restent jusqu’au bout ne sont pas représentatifs d’un quartier. Mais en fin de séance, il faut dégager un consensus qui mécontente le moins de personnes dans la salle. Les décisions actées font foi pour la suite… sauf retournement à la réunion suivante.

Quant aux aménagement « fins, » il a été convenu facilement qu’ils feront l’objet d’autres réunions d’ici la fin du mois de novembre. Si cette soirée peut donner l’impression d’un surplace, Gabriel Goubet, habitant du quartier voit du positif à la situation :

« J’avais écrit il y a 5 ans un article sur Rue89 Strasbourg qui disait « Quartier Gare, quartier maudit » (en fait, boulevard de Lyon, la zone maudite, ndlr) ce n’est plus le cas. Beaucoup de gens sont là que je n’avais jamais vu et participent. Nous avons l’occasion de demander des choses concrètes et il faut en profiter. »

Les petites annonces

La fin de réunion a permis de présenter le maître d’œuvre pour la rénovation. Il s’agit de l’agence Parenthèse, qui a réalisé la zone de rencontre rue des Juifs

Il a aussi été question du futur du hall de la Semencerie. Selon Paul Meyer, la promesse de vente a été rompue. Il s’agissait d’un projet immobilier de 120 logements, porté par Stradim selon nos informations. Des négociations pour une auberge de jeunesse seraient en cours. Le bâtiment contiendrait un jardin, un toit végétal, une salle de sport, une salle d’exposition, un bar à vin, voire une microbrasserie.

Autre piste de travail évoquée pour la suite : ouvrir un passage piétons et cyclistes entre la rue du Hohwald et de la Broque le long de l’ancienne usine de la Laiterie, qui accueille aujourd’hui la Fabrique de théâtre..


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