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En février à Strasbourg : des fanfares, du théâtre et des films pour réparer le monde

Des œuvres coups de poing, dont on sort avec un regard nouveau sur le monde. Voici le fil rouge de la sélection culturelle pour le mois de février.

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En février à Strasbourg : des fanfares, du théâtre et des films pour réparer le monde
Candela força a fait sensation au Festival d’Avignon l’été dernier.

En février, Strasbourg accueille le Salon international d’art contemporain (du 2 au 4), le Forum Européen de bioéthique (du 7 au 10) dédié cette année à l’intelligence artificielle, le festival de danse, de musique et de théâtre du conservatoire (du 14 au 24 ), le Burlesque festival (du 15 au 18) ou encore les 40 ans de la Chouc’. Pour sa sélection culturelle du mois, Rue89 Strasbourg a sélectionné un concentré d’événements engagés, des fanfares du Molodoï à des pièces de théâtre sur les féminicides et les violences sexuelles, en passant par un documentaire sur le génocide au Rwanda ou encore un film participatif projeté au Molodoï.

Cadela força et Les Chercheurs au Maillon

Ce mois-ci, le Maillon accueille deux spectacles aux messages forts. Coproduction du Maillon, la pièce Cadela força – Chapitre I : La Mariée et Bonne nuit Cendrillon de la Brésilienne Carolina Bianchi a fait grande sensation au festival d’Avignon cet été. Elle traite du difficile sujet des violences sexuelles et des féminicides, en interrogeant notamment la persistance des non-dits, le silence collectif et l’invisibilisation des victimes. Déconseillée aux moins de 18 ans, cette pièce présentée du 31 janvier au 2 février aborde le sujet à partir du viol et de l’assassinat de l’artiste italienne Pippa Bacca, alors partie sur les routes de l’Europe en robe de mariée pour une performance qui prônait la paix. La metteuse en scène se nourrit également de nombreuses références littéraires et cinématographiques pour donner une dimension universelle à son propos. La pièce est en portugais brésilien, surtitré en français et en anglais.

Le deuxième spectacle accueilli par le Maillon du 7 au 9 février s’intitule Les Chercheurs, du collectif intergénérationnel La Fleur avec le danseur de coupé-décalé Ordinateur et la metteuse en scène berlinoise Monika Gintersdorfer. Cette performance lie le chant, la danse, le rythme pour raconter le parcours de jeunes danseurs célèbres en Afrique et venus partager leur art en Europe. Mais ils se heurtent rapidement au racisme, à une administration kafkaïenne et aux différences culturelles. Des témoignages qui rapportent également des moments d’espoir, d’entraide et d’humour. 

Les Chercheurs, du collectif intergénérationnel La Fleur avec le danseur de coupé-décalé Ordinateur et la metteuse en scène berlinoise Monika Gintersdorfer.Photo : DR Pascal Schmidt

Une île et une nuit au Molodoï

Le 4 février, le Molodoï accueille la projection d’Une île et une nuit, un film participatif réalisé par les habitants et usagers d’un lieu autogéré de Dijon, Le Quartier Libre des Lentillères. Des voyageurs et des pirates de tous horizons seront réunis sur l’écran pour échanger leurs souvenirs, leurs rêves et leurs combat. Les récits chantés et dansés racontent l’art de vivre des membres de cette communauté du Quartier Libre des Lentillères. Le lieu autogéré a été créé il y a treize ans, en réaction à un projet d’écocité en béton qui menace encore la zone. Des habitants se sont alors emparés de cet espace de huit hectares en friche pour le transformer en quartier autogéré comprenant un habitat collectif, du maraîchage, de l’autoconstruction et des événements festifs. Le film sera projeté à 16h30 et sera suivi par une discussion autour d’une soupe de lentilles. 

A travers une fiction faite des récits chantés et dansés, les membres du Quartier Libre des Lentillères racontent leur art de vivre, leurs rêves et leurs luttes.Photo : DR Le Quartier Libre des Lentillères

Le festival Fanfarodoï au Molodoï

« Fanfarodoï est de retour pour enjailler ton mois de février », annoncent les organisateurs de ce détonnant festival de fanfares qui fait vibrer Strasbourg depuis 15 ans. Qu’elle soit professionnelle, étudiante, qu’elle joue du hip-hop, du funk ou des reprises, la fanfare peut prendre tellement de forme qu’on peut bien y dédier plusieurs jours. Organisé par l’association Pelpass, l’événement se déroule du 8 au 11 février, au Molodoï. À l’affiche, les Pompiers et leur mélange de jazz et de trans, le multiculturalisme de la Bande’a Joe ou encore l’électronique de LGMX.

Tout contes faits au Point d’eau

Un ogre végétarien, un chaperon rouge rebelle, un loup qui a peur du noir… Du jamais-vu, et même du jamais imaginé ? Trois comédiens de la Compagnie Dounya interpréteront ces personnages originaux pendant une petite heure. Du 9 au 13 février, le Point d’eau d’Ostwald accueillera leur pièce Tous contes faits qui renverse les contes traditionnels afin d’interroger les stéréotypes de genre, d’âge et d’apparence qui peuplent nos imaginaires depuis trop longtemps. À travers du théâtre, de la danse et de la musique, la compagnie propose aux spectateurs de réinventer le merveilleux avec des notions d’égalité, de consentement et de respect.

La Compagnie Dounya a été fondée par Claudine Pissenem, ethnologue de profession tombée amoureuse des cultures africaines et de leurs danses en 1991, et par Issouf Coulibaly, membre d’une caste de poètes et de musiciens du Burkina Faso. Ensemble, ils proposent des spectacles tout ou jeune public et ont également développé une école de danses et de percussions africaines. 

 À travers du théâtre, de la danse et de la musique, la compagnie propose de réinventer le merveilleux avec des notions d’égalité, de consentement et de respect.Photo : DR Compagnie Dounya

À la tâche à venir (celle d’enterrer le monde) à La Pokop

« Il faut qu’on parle de comment on finit un monde. C’est quoi les micro-effondrements ? Est-ce que finalement on finit pas chaque jour un peu le monde ? », interroge la compagnie Conférence pour les arbres. Mardi 13 février, à 15h et à 18h, la troupe présentera une étape de création de sa pièce A la tâche à venir (celle d’enterrer le monde) dans la salle de La Pokop. Constituée en trois tableaux contenant chacun un dialogue, la pièce se déroule dans une forêt, à la nuit tombée. Les personnages s’y rencontrent pour échanger au sujet de l’effondrement, du deuil et de la reconstruction du monde.

À la tâche à venir (celle d’enterrer le monde) sera jouée le 13 février à 15h et 18hPhoto : DR

La Pokop est une salle de spectacle née d’une collaboration entre le Crous et l’Unistra. En plus de proposer des spectacles pour le grand public, elle accueille des résidences d’étudiants ou de jeunes troupes. La compagnie Conférence pour les arbres y a travaillé pendant la saison 2022-2023.

Le documentaire Rwanda : le silence des mots à Malraux

Le documentaire Rwanda : le silence des mots, réalisé par le chanteur et écrivain Gaël Faye ainsi que le journaliste et réalisateur Michael Sztanke sera projeté le mardi 20 février à la médiathèque Malraux. Gaël Faye est né au Burundi, d’une mère rwandaise qui s’y était réfugiée après les premières persécutions menées contre les Tutsis au Rwanda, et d’un père français. Alors que la guerre civile a commencé au Burundi et après le début du génocide des Tutsis au Rwanda, Gaël Faye doit quitter son pays natal pour la France. À travers ses chansons, puis un livre ensuite adapté au cinéma, Petit Pays, l’artiste témoigne pour ne pas laisser cette période de l’histoire sombrer dans l’oubli.

Poursuivant ce travail de mémoire, Gaël Faye a coréalisé le documentaire « Rwanda : le silence des mots ». Il s’articule autour des témoignages de trois femmes rwandaises, rescapées du génocide. Elles racontent qu’en 1994, après avoir échappé aux massacres, elles ont été conduites dans des camps de réfugiés tenus par des militaires français, où elles pensaient être enfin en sécurité. Mais l’horreur y continue. Les trois témoins racontent y avoir été violées. « Ce film n’est pas une enquête, mais une réflexion sur l’indicible et le pouvoir des mots, sur le poids du silence », expliquent les auteurs. Une partie de l’équipe du film sera présente à la projection.


#culture

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