Au matin du mercredi 9 avril, les étudiants du comité Palestine de Sciences Po Strasbourg ont bloqué les accès au Cardo, le bâtiment de l’institution situé dans l’enceinte de l’hôpital civil de Strasbourg. Elles et ils ont débuté ainsi un quatrième blocage depuis septembre 2024, suite à la décision du conseil d’administration prise la veille de ne pas mettre fin au partenariat avec l’institut Reichman en Israël (voir notre article).

Colère et mobilisation des étudiants
Un peu avant midi, des étudiantes de Sciences Po expriment leur inquiétude avant de participer à une assemblée générale des étudiants. « Je devais réviser pour un examen. Mais l’assemblée générale est plus importante. » Son amie enchaîne : « On veut être tenues au courant de la suite ». Camille, étudiante de 4ème année, confie « avoir honte d’être étudiante ici. Je suis très en colère, c’est un mépris de la part de la direction. »
Puis le jingle SNCF retentit : « Teum teum teleum : en raison de difficultés suite au vote du CA nous vous proposons une AG (assemblée générale NDLR)« . Mobilisé depuis le début du mouvement en septembre 2024, Charlie rassemble les troupes et exprime sa réaction après le vote du CA :
« C’est la colère et en même temps on pouvait s’y attendre d’une certaine façon. Je n’aime pas beaucoup dire ça parce que nous avions de l’espoir. Mais cet espoir découlait de l’honnêteté des membres du CA. »
Après quelques considérations, les étudiants votent à une quasi-unanimité en faveur de la poursuite du blocage du Cardo, au moins jusqu’à vendredi 11 avril. Les vacances de printemps débutent ensuite et Charlie espère que ses camarades pourront retrouver des forces pour continuer à s’opposer à ce partenariat :
« Ça peut nous permettre de nous reposer avant de reprendre la mobilisation. C’est comme ça qu’on avait tenu deux semaines en février. Il y a eu les vacances d’hiver, puis les étudiants sont revenus à fond la forme. »
Une volonté de dialogue remise en question
Dans l’après-midi, la nouvelle présidente de l’Université de Strasbourg (Unistra), Frédérique Berrod, a pris la parole devant la presse. Elle a appelé à « respecter la décision du CA de Sciences po Strasbourg après les temps d’échanges qui ont eu lieu » tout en soulignant que cette décision « a été prise après un long débat des administratrices et des administrateurs ».
Le vote des personnalités extérieures, 12 sur 35 administrateurs, a été vivement critiqué au sein du comité Palestine. Simon, élu étudiant au CA, pointe qu’il « n’y avait que deux personnes de l’extérieur présentes mardi soir. Le reste avait fait une procuration et n’a pas participé aux trois heures de débat ».

Pas de solution
Frédérique Berrod se veut « gardienne de cette délibération démocratique » et appelle les étudiants mobilisés à « cesser le blocage du bâtiment », par ailleurs utilisé par d’autres instituts universitaires comme le Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle (Ceipi) et l’Institut de préparation à l’administration générale (Ipag). Mais elle a refusé de s’impliquer davantage. Elle n’entend pas recevoir les étudiants mobilisés et s’est déclarée prête à faire intervenir la police en cas de mises en danger de personnes ou de dégradations. « Le blocage ne peut pas être le mode d’action permanent des étudiants », a-t-elle affirmé, « il y a eu un dialogue, une médiation, un vote. Je ne peux qu’en prendre acte. »
Tout juste Frédérique Berrod a-t-elle concédé qu’elle œuvrait pour l’accueil d’étudiants gazaouis, dont toutes les universités ont été détruites, dans le cadre d’un accord européen dont les détails restent encore très flous. Elle a également précisé que les partenariats internationaux futurs devront répondre à des critères éthiques, qui seront listés dans une charte en cours d’élaboration.
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