Un écoquartier sans transports en commun. Chaque jour, les résidents du quartier des Tanneries, à Lingolsheim, subissent cette contradiction. Un collectif citoyen s’active pour trouver une solution. Il propose de prolonger le trajet de la navette circulant déjà entre le campus d’Illkirch-Graffenstaden et l’arrêt de bus Alouettes-Lingolsheim.
Pour Samy Lamamra, aussi animateur d’un groupe local de la France Insoumise, le minibus de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) pourrait continuer son chemin et marquer plusieurs arrêts dans cette zone réaménagée il y a cinq ans. Plus de 140 habitants ont signé une pétition en ce sens. Elle a été remise sur place au président de la CTS, Alain Fontanel, dans l’après-midi du mercredi 9 janvier. Celui qui est aussi premier adjoint au maire de Strasbourg a également constaté les 900 mètres séparant la station de tram Tiergaertel du coeur de l’écoquartier.
Le bus : une promesse non tenue
Dès 2014, locataires et propriétaires se sont installés dans cet écoquartier, séduisant sur le papier. L’Eurométropole de Strasbourg et les promoteurs immobiliers, comme Nexity, promettaient le passage « de plusieurs lignes de bus dont une traversant le quartier. » Il n’en est plus question aujourd’hui. Les voies sont trop étroites pour ce type de véhicule. Les habitants ont revu leur exigence à la baisse : une navette fera l’affaire. Mais le dossier en est à ses prémisses. Interrogé à l’issue de sa visite, Alain Fontanel refuse de parler d’une nécessité pour les résidents des Tanneries :
« Si je parlais de besoins, je préempterais la mise en place d’un dispositif. En venant ici, je n’ai fait qu’évaluer les enjeux d’une telle demande. »
Toujours aucun petit commerce
Double-peine pour les résidents : l’écoquartier ne dispose toujours d’aucun commerce de proximité. Plusieurs vitrines de la toute nouvelle rue Olympe de Gouges affichent le numéro de téléphone à joindre pour louer un espace à Bouygues Immobilier. Mais derrière les devantures flambant neuves, les rez-de-chaussée restent vides. Samy Lamamra dénonce un projet mal pensé : « On veut faire un écoquartier sans voiture mais il n’y a ni navette pour aller faire ses courses ni commerce de proximité… »
Comme Marc Gutlé, de nombreux habitants sont donc contraints d’utiliser leur voiture… dans une zone qui avait été pensée pour les modes de transport alternatifs. Ce père de quatre enfants a longtemps subi le manque de place de stationnement :
« On a pas assez d’argent pour acheter un parking. Du coup pendant deux ans, on s’est fait allumer en amendes… Heureusement, le collectif s’est bougé et (suite à quelques réunions avec la Ville de Lingolsheim, ndlr) des voies sont passées en sens unique, ce qui a permis de libérer des espaces pour les voitures. »
Des reventes d’appart’ à perte
Plusieurs résidents des Tanneries sont satisfaits de l’intérieur de leur appartement. La bonne isolation et le chauffage collectif à biomasse sont cités en exemples. Mais les problèmes se trouvent à l’extérieur : les immeubles voisins sont trop proches et les travaux compliquent l’accès aux halls d’entrée. Une propriétaire de la première heure a déjà cherché à revendre mais « les prix d’achat ont baissé de 20 à 30% en quatre ans… »
Pour Samy Lamamra, « l’humain n’a pas été pensé dans les décisions concernant les Tanneries. » Cet animateur spécialisé en éducation populaire en veut pour preuve les nombreux trottoirs trop étroits, voire l’absence d’espace pour piétons dans certaines rues. Depuis la rentrée 2017, il organise des goûters avec les habitants du coin pour « créer de la solidarité et faire en sorte que la construction du quartier se finisse bien. »
Le collectif des Tanneries continue de s’activer pour faire venir un transport en commun malgré la dernière réponse du maire de Lingolsheim, Yves Bur, à ce sujet, en septembre 2018 : « Cette demande a été prise en compte par le service métropolitain sans qu’une réponse favorable n’ait été donnée. Je le regrette vivement et continue d’appuyer cette possibilité. »
Chargement des commentaires…