« Il nous a tous fait rêver ». C’est avec émotion que le Strasbourgeois Majid Yahyaoui, responsable de la compagnie de danse MJD, se souvient de Karim Barouche, mort dimanche 13 octobre à l’âge de 47 ans. « Il a mis la lumière sur les B-Boy (les danseurs qui pratiquent le break, ndlr) du monde entier », poursuit Majid Yahyaoui qui le connaissait depuis 23 ans.
Ce samedi, lui et d’autres danseurs profiteront de l’événement « Elsau Connexion 2019 » organisé au centre socio-culturel du quartier, pour prononcer quelques mots sur le pionnier du breakdance en France. Largement tourné vers la jeunesse, l’événement de danse mis en place depuis 17 ans par la compagnie strasbourgeoise Mistral-Est, propose des ateliers de danse dans l’après-midi, à partir de 13h, des battles (duels) et un spectacle à partir 19h. L’occasion de raconter à la nouvelle génération et au public qui était Karim Barouche et ce qu’il a apporté à la danse hip hop.
« On a tous pioché quelque chose chez lui »
Depuis dimanche, les hommages se sont multipliés, des États-Unis, du Japon et de la France, où des artistes comme Oxmo Puccino, ont salué la carrière de Karim Barouche. Originaire de Créteil, le danseur avait débarqué dans le monde du hip hop en 1985 en intégrant le collectif francilien Aktuel Force. Surnommé « le chat » pour son agilité et sa précision, le « B-Boy » est rapidement devenu une référence dans le milieu. Mohamed El-Amroussi, directeur de Mistral-Est raconte :
« Dans les années 90, on regardait des cassettes vidéos de son collectif. Il avait son propre style : souplesse, fluidité, il ne bourrinait pas le sol. Il ne cognait pas ! Moi, j’ai pleins de cicatrices de break, je me cognais, je m’égratignais « .
À Strasbourg, la plupart de ceux qui ont démarré la danse dans les années 80 et 90 ont côtoyé Karim Barouche à Strasbourg, Paris ou ailleurs, lors d’événements hip hop. « On a tous pioché quelque chose chez lui », affirme Majid Yahyaoui. En 2017, Karim Barouche avait été juge au « Who’s Next Battle Pro », un concours de danse organisé à Haguenau. « Ça m’a brisé le coeur d’apprendre sa disparition. On avait encore des choses à faire ensemble », regrette Majid Yahyaoui.
Les bénéfices de la billetterie seront reversées à la famille du danseur
Que l’hommage rendu samedi à Karim Barouche se tienne à l’Elsau fait sens. C’est de ce quartier que sont issues quatre compagnies de danse qui ont contribué à professionnaliser la danse hip hop à Strasbourg : Magic Electro, Mémoires Vives, MJD et Mistral Est. Chico, de Magic Electro a un souvenir précis du B-Boy parisien : « Je l’avais rencontré en 1996 aux rencontres de danses urbaines de La Villette. Un soir, on s’était retrouvés dans une salle de l’hôtel où on dormait. On a commencé à danser, en totale improvisation ! ».
Les bénéfices de la billetterie de « Elsau Connexion 2019 » (3€ par personne pour le public) sera versée à la cagnotte en ligne pour la famille de Karim Barouche. Elle a pour l’instant permis de récolter plus de 7 000 euros.
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