Lorsque le 15 mai, le tribunal de Strasbourg a motivé sa décision d’interdire l’ouverture des commerces le dimanche à Strasbourg en s’appuyant sur un statut municipal de 1936 interdisant formellement tout commerce ce jour-là, les regards s’étaient rapidement tournés vers le maire. Ce dernier avait alors annoncé une concertation.
Mais la concertation, ça prend du temps et chaque dimanche fermé, les dirigeants des sept enseignes concernées par la procédure initiée par l’inspection du travail, en appelaient au maire pour qu’il abroge ce texte, et à son adjoint en charge du commerce Jean-Jacques Gsell. Ce dernier a finalement indiqué qu’il était opposé à la fermeture des supérettes les dimanches, en mettant en cause au passage le travail des inspecteurs du travail.
Et Roland Ries a fini par se décider. Il a déclaré cet après-midi devant la presse qu’il allait proposer au conseil municipal du 24 juin d’abroger l’arrêté de 1936 pour le remplacer par un autre, qui reprendra les termes du statut départemental de 1938 sur le travail dominical. Ce statut prévoit que les commerces peuvent ouvrir les dimanches, mais le matin seulement et pendant trois heures maximum.
Le statut départemental de 1938
Parallèlement, le maire lance un groupe de travail avec les partenaires sociaux dans l’objectif d’aboutir à un compromis sur l’ouverture dominicale des commerces à Strasbourg : l’objectif serait d’arriver à un nombre d’heures ouvrables (les syndicats proposent cinq) et une surface maximale de vente, pour éviter que la grande distribution « ne s’engouffre dans la brèche » selon ses mots. Les syndicats proposent 100 m² maximum de surface de vente, ce qui exclut la plupart des supérettes concernées par la procédure de l’inspection du travail.
Un dossier épineux d’évacué, un
Si Roland Ries a décidé d’aller vite sur cette question, c’est d’une part parce qu’il était pressé par les commerçants concernés, qui n’ont pas manqué de mettre leur prochaine cessation d’activité dans la balance. Le chiffre d’affaire des commerces de proximité est réalisé pour une large part les dimanches. Mais le maire a aussi voulu se débarrasser d’un dossier qui promettait de s’ajouter aux thèmes de la future campagne municipale. Les syndicats l’ont rappelé lundi.
Et Roland Ries a avoué qu’il « se serait bien passé de ça » et qu’il « trouvait le statu quo acceptable », d’autant que la question du travail dominical est un dossier clivant au delà des lignes politiques. Le parti socialiste bas-rhinois avait pris position contre l’extension du travail dominical, voulue par Nicolas Sarkozy en 2008 par exemple. Et les petits commerçants, réclamant l’ouverture, ne sont pas connus pour être les plus fervents soutiens de la gauche. Fabienne Keller, sénatrice UMP et candidate à la mairie en 2014, vient d’ailleurs d’apporter son soutien à la « solution équilibrée » de Roland Ries, ce qu’elle fait rarement.
Le maire de Strasbourg aimerait en fait complètement se désengager de cette question, en alignant la situation en ville sur celle qui prévaut dans le département. Roland Ries ne voit aucune spécificité strasbourgeoise sur cette question. Mais l’arrêté départemental exclut spécifiquement Strasbourg de son champ d’application. Il faudrait donc le modifier. Un appel du pied pour Guy-Dominique Kennel, le président du conseil général du Bas-Rhin, à s’impliquer dans ce dossier. Mais jusqu’à présent, Strasbourg et le Bas-Rhin n’ont guère montré de capacité à travailler de concert. Peut-être une première ?
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