Thylacine n’a pas vraiment le profil du DJ qui renverse les foules. Plus proche du chef d’orchestre, que du savant fou des platines, William Rezé a commencé la musique en étudiant le saxophone au conservatoire. L’artiste assure même n’être venu que « sur le tard » à l’électro, en arrivant aux Beaux-Arts d’Angers après son bac :
« J’ai joué dans plusieurs groupes quand j’étais plus jeune, mais j’ai vite compris que je serai limité. J’avais envie de composer un morceau de A à Z, de raconter une histoire. Et la musique électronique m’a permis ça ! Avec un ordi, un clavier et un logiciel craqué, j’ai pu écrire mes premières compos. »
Une musique « pas taillée pour les clubs »
C’est le début de l’aventure Thylacine : un projet artistique au nom de marsupial aujourd’hui disparu. « La musique électronique m’a offert beaucoup de possibilités. J’y ai trouvé une flexibilité qui n’existait pas dans le jazz et encore moins dans le classique », explique-t-il.
Mais cette liberté créatrice, l’artiste angevin l’exprime avant tout en voyage, loin de son appartement parisien. Son premier coup d’éclat remonte à 2015 avec Transsiberian (label Intuitive Records). Dans cet album-concept, les ambiances enregistrées à bord du mythique train russe (bruit des roues, annonces en gare, chants polyphoniques) ont été samplées, et se mêlent avec douceur à une electronica lancinante.
« La musique que je compose est assez intimiste, dans le sens où elle n’est pas forcément taillée pour les clubs. Elle s’inspire de pas mal de choses organiques et texturées, mais aussi de musique classique, de jazz et de musiques du monde. »
Un studio mobile
Avec Roads – Vol.1, son deuxième album sorti au début de l’année dernière, Thylacine a cette fois jeté son dévolu sur l’Amérique latine. Pendant trois mois, le musicien globe-trotteur de 27 ans a sillonné les routes de l’Argentine. Non pas à bord d’un train, mais en tractant une caravane américaine Airstream des années 1970, transformée pour l’occasion en studio mobile. « Elle est autonome, puisqu’alimentée par des panneaux solaires. C’est mon petit cocon créatif qui me permet de me couper de tout », glisse-t-il.
Fini les contraintes techniques et l’intimité du wagon, William peut intégrer à sa guise claviers, guitares et instruments traditionnels argentins (flûtes, charango). Ce nouvel opus à l’accent espagnol, c’est aussi l’occasion de retrouver un vieil ami : le saxophone.
« J’ai mis pas mal de temps à intégrer le saxo dans ma musique. Ce n’était pas forcément évident pour moi au départ. Tout est venu de la scène, où je pouvais partir en impro pendant dix minutes en fermant les yeux.
Nouvel EP le 7 février dans les bacs
Si la musique de Thylacine invite à fermer les yeux et à se laisser emporter sur les routes du monde, il serait dommage de ne pas apprécier la scénographie de l’artiste. La majorité des images ont été captées au cours des pérégrinations du voyageur en Russie, en Argentine ou sur les îles Féroé. « Je retravaille toutes les séquences enregistrées exprès pour le live, détaille William. L’image est extrêmement importante pour moi, car c’est une source d’inspiration. »
Roads – Vol.1 appelant à une suite, le musicien solitaire vient d’enregistrer un nouvel EP intitulé Roads – Vol.2. Un nouveau voyage disponible dans toutes les bonnes crémeries le 7 février, et d’ici là, vendredi sur la scène de la Laiterie.
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