Il y a d’abord Johnny, ce Danois a la bougeotte. Issu d’une famille de marins et marin lui-même, il est allé sur tous les continents du globe. À 62 ans, il ne s’arrête pas de bouger, il ne sait pas où il va et il appelle ça « sa liberté ». Éducatrice spécialisée et militante strasbourgeoise engagée en faveur des personnes handicapées, des plus pauvres et des demandeurs d’asile, Simone Fluhr a tout de même réussi à le rencontrer pendant ses étapes à Strasbourg. L’écouter est déroutant.
Simone Fluhr explique sa démarche :
« Dans ce film, il n’y a pas de message, pas de position politique… Je n’explique pas comment ni pourquoi il y a de plus en plus de SDF, souvent de plus en plus jeunes… Il s’agit simplement de trois rencontres et j’avais envie de leur laisser le temps de se construire, parce qu’elles sont belles et que ça prend du temps de faire tomber les barrières. »
Le film sera projeté en avant-première lundi 21 novembre à 19h45 au cinéma Star Saint-Exupéry à Strasbourg.
Trois rencontres, trois parcours
Outre Johnny, le film permet aussi de faire connaissance avec Jean-Luc, qui a établi domicile sous un pont de la périphérie de Strasbourg. Au milieu des sous-bocks de bières, Jean-Luc sort son album de famille, des photos jaunies et minuscules du siècle passé. Et là encore, on se laisse embarquer par cette histoire de vie qui aboutit à l’exclusion puis la rue comme seule capable de l’accueillir.
Les foyers, le système caritatif, les aides sociales… Tout ça est bien loin de Johnny et Jean-Luc : trop violent, trop contraignant. Dans Rivages, les personnes sans domicile fixe (SDF) ont comme été éjectées de la société, presque mécaniquement.
Le témoignage de Monique est différent. Parce qu’elle n’habite plus dans la rue même si, comme elle le dit, « la rue l’habite. » Vivant à Mulhouse, Monique milite aujourd’hui en faveur des personnes SDF dont elle se fait la porte-parole. Au départ, Simone Fluhr voulait la rencontrer pour qu’elle évoque son expérience afin de l’aider dans son travail documentaire :
« Mais dès nos premières conversations, les mots de Monique étaient tellement forts que je lui ai proposé d’intégrer le film directement. »
Tous ont connu la violence, la drogue, l’exil… Au final, le documentaire de Simone Fluhr touche chacun dans ce qu’il a de plus précieux, son rapport à la vie. Qu’est-ce qui nous fait avancer ? Leur réponse est bouleversante et c’est ce qui rend ce film si indispensable.
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