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À la réunion publique pour le tram ouest, les habitants ne croient pas à la réduction du trafic

Le tram F doit percer le quartier de Koenigshoffen pour rejoindre l’ouest de l’agglomération. Une transformation qui inquiète ses habitants, qui craignent des reports du trafic dans les rues résidentielles. Un autre danger qui menace ce quartier populaire n’a pas été évoqué lors du débat public…

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À la réunion publique pour le tram ouest, les habitants ne croient pas à la réduction du trafic

Plusieurs centaines de personnes se sont déplacées lundi soir au centre socio-culturel Camille Claus de Koenigshoffen pour participer à la réunion publique sur l’extension du tramway vers l’ouest de l’agglomération. La grande salle de réception n’a pas permis à tous les habitants présents de s’asseoir.

Le tracé choisi en mai 2021 prévoit de passer par les rues de l’Engelbreit et Virgile pour rejoindre la route de Wasselonne afin d’aller jusqu’à Wolfisheim en passant par Eckbolsheim. Un changement de culture dans ce quartier, habitué à supporter un fort trafic mais essentiellement circonscrit à la route des Romains.

Un public venu exprimer son désaccord

La majorité des personnes présentes se sont donc d'abord déplacées pour dire aux élus (entre autres, Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole et Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg) tout le mal qu'elles pensaient de la variante retenue pour le tracé. La présentation introductive, dotée de jolis visuels et d'une vidéo montrant un quartier idyllique et pacifié comme savent les faire les aménageurs, n'a guère convaincu l'assistance.

La métropole et la municipalité prévoient notamment de rendre la route des Romains inutilisable pour la traversée du quartier, en direction du centre de Strasbourg, en convertissant certaines sections en sens uniques. Pia Imbs a beau avoir précisé en introduction de la soirée que l'extension du tram était un projet de "transformation des mobilités pour ce quart ouest de l'agglomération", le public craint que le trafic de transit ne reste au même volume, tout en se reportant sur les petites voies du quartier.

Le plan de circulation du quartier en 2025 a cristallisé les oppositions Photo : doc EMS

Dès que la parole est cédée au public, les questions fusent :

"Je ne comprends pas comment vont faire les voitures pour se garer. On a déjà des difficultés pour circuler parce que les gens se garent sur les trottoirs... et vous supprimez encore des places de parking dans les rues."

Conseiller départemental, Serge Oehler estime que les rues à sens uniques empêcheront les habitants de faire leurs courses :

"Vous rendez des rues commerçantes à sens uniques mais les gens, c'est le soir qu'ils font des achats, en rentrant du travail quand ils ont un peu de temps. Donc je m'inquiète pour eux."

Vincent Duval, président de l'association des Capucins verts, renchérit :

"Ce projet va amener des véhicules et des camions rue des Capucins, qui est très étroite. C'est totalement aberrant."

"Les gens vont mourir chez eux !"

Jacques Schaupp, président de l'association Joie et santé Koenigshoffen (JSK), a le sens de la gravité :

"Ça fait 2 000 ans que Koenigshoffen est construit autour d'une rue, y'a des révolutions qui sont négatives ! Nous avons 157 lits de personnes âgées à domicile. Nos aides-soignants ont besoin de se déplacer en voiture, déjà qu'on a du mal à les recruter, vous allez rendre leur vie impossible avec ce plan de circulation. Les gens vont mourir chez eux !"

La route des Romains en 2025, entre les rues César-Julien et Terence Photo : doc Getas / EMS

Face à ces préoccupations, Philippe Pagenot, Cyril Fenech et Julien Hervé de l'administration métropolitaine, ont fait valoir des arguments techniques tels que la présence de "carrefours verrous", une "transformation des voies grâce au bordage", des "maîtrises des flux", des "réductions de capacité"... Rien à faire : "Ils répondent pas à la question", entend-t-on dans la salle. Cyril Fenech se fait alors plus direct :

"Si vous habitez le Hohberg, vous n'êtes pas obligés d'acheter une voiture ! Le choix a bien été fait de rééquilibrer l'espace public en faveur des piétons, des cyclistes et de la végétalisation. L'objectif n'est pas de reporter le trafic de la rue des Romains vers les autres, mais de baisser tout le trafic dans le quartier."

L'embourgeoisement, thème absent

Après une heure d'échanges similaires, parfois même relayés par des élus d'Eckbolsheim, Pierre de l'association Strasbourg à vélo provoque l'assistance avant de poser une question sur la largeur des pistes cyclables :

"Les gens présents refusent que leur quartier devienne plus calme et préfèrent le bruit des voitures. Ils refusent que leurs enfants puissent aller à l'école à vélo en toute sécurité. Ils refusent que leurs commerçants se portent mieux après l'arrivée du tramway, comme le montrent toutes les études..."

Mais ce que montrent aussi les études d'impact après une installation du tramway, c'est que les quartiers traversés subissent une nette augmentation de leurs valeurs foncières. Grâce aux "aménagements pacifiés" comme disent les spécialistes, les rues deviennent plus larges pour les piétons, bordées d'arbres, plus silencieuses, ce qui provoque l'installation de familles aux pouvoirs d'achat plus importants. Quartier populaire, Koenigshoffen devrait donc rapidement s'embourgeoiser comme Cronenbourg et le quartier Gare dans les années qui suivront la mise en place de l'extension du tram, prévue en 2025.

Personne n'a évoqué ce sujet pendant la soirée. Tant mieux pour les élus, qui auraient eu bien du mal à répondre puisque les 122 millions d'euros que doivent coûter ces aménagements, dont 15 de l'État, ne prévoient aucune sauvegarde foncière ni aucun programme en mesure de préserver des logements accessibles dans ce quartier de 30 000 habitants.


#Koenigshoffen

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