Quelle sera la capitale régionale de la future grande région Alsace – Lorraine – Champagne-Ardennes, appelée provisoirement Alca ? Cette question, présente dans tous les esprits, a été prudemment laissée de côté lors d’une première réunion lundi matin des maires et présidents d’agglomérations présentes en Alca, à savoir Strasbourg, Colmar, Mulhouse, Metz, Nancy, Épinal, Châlons-en-Champagne, Charleville-Mézières, Troyes et Reims. Près d’une trentaine d’élus ont fait le déplacement.
Il ne fallait surtout pas aller au clash dès le début de ce processus de rencontre, dont Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg, s’est félicité qu’elle ait été « cordiale ». C’est dire toute l’électricité qu’il y avait dans l’air, après les déclarations des uns et des autres, chacun revendiquant pour sa ville soit la capitale régionale, soit des garanties sur le maintien des services publics de l’État. Quelle ville aura le siège de la future agence régionale de santé par exemple, qui conservera une cour d’appel, où iront les fonctionnaires de la Direccte ?
Ces questions sont loin d’être anodines, puisqu’on parle de dizaine de milliers de fonctionnaires en Alca, soit plusieurs milliers d’emplois concernés dans chaque ville. L’équivalent de plans sociaux majeurs à répétition… Ainsi, Benoist Apparu, le maire (UMP) de Châlons-en-Champagne craint qu’après le départ de militaires (1 000 emplois, 3 000 personnes), ce soit au tour des fonctionnaires de déserter cette ville qui ne compte que 45 000 habitants. L’actuelle préfecture de la région Champagne-Ardennes compte encore 1 200 emplois dans l’administration d’État.
Roland Ries : « la compétition, pas la guerre »
Du coup, la trentaine d’élus présents ont surtout passé la matinée à « se connaître », comme l’explique Roland Ries :
« Nous avons jeté les bases d’un groupe de contact, nous eu des échanges très francs qui ont permis de poser les problèmes auxquels nous allons être confrontés. Nous avons pu constater aussi l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir avant que nous puissions parvenir à des accords. Nos villes sont toutes en compétition, ce n’est pas une raison pour que ce soit la guerre. Ma position est qu’il n’y a aucune raison pour que tout soit concentré à Strasbourg. Après… La répartition finale… C’est plus compliqué et je ne me risquerai plus à évoquer l’une ou l’autre administration. »
Le maire (PS) de Metz, Dominique Gros, qui revendique la future capitale de région, croit aux vertus du dialogue :
« Nous avons des intérêts divergents, mais il faut les exprimer plutôt que de s’envoyer des manifestations ou des dessins désagréables à la figure. Si nous sommes dans le dialogue, nous pourrons faire en sorte que ça ne soit pas que l’État qui décide de tout. »
Aller plus vite que l’État
Car l’enjeu est bien là : prendre de vitesse le préfet préfigurateur, qui aura comme mission dès sa nomination de répartir les moyens de l’État dans la future Alca, en lui proposant un équilibre qui ferait consensus auprès des élus. Les agences d’urbanisme ont déjà été mobilisées pour réaliser une sorte d’ « audit » des agglomérations d’Alca, quels sont les atouts des villes, quelles sont leurs faiblesses, pour éviter des arbitrages trop jacobins.
Du coup, les élus se sont contentés d’une déclaration générale bien vide, où l’on lit en creux l’ampleur des questions qui les diviseront (voir ci-dessous).
Reste que l’entente affichée ce lundi sera difficile à maintenir lorsque les discussions d’aujourd’hui deviendront des négociations. Les prochaines réunions sont prévues à Châlons-en-Champagne et à Metz. Les élus n’ont pas voulu évoquer leurs revendications à ce stade, pour préserver l’élan du groupe de contact. Seul le maire (UMP) de Mulhouse, Jean Rottner, a prévenu :
« Mulhouse est dans un coin de la carte, mais je ne me laisserai pas “corneriser”. »
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur la grande région Alca
Chargement des commentaires…