Pour les journalistes, le « bureau miroir » est un peu comme une légende. Il existerait certains bureaux qui, par une espèce de magie sociologique, donnerait systématiquement une photographie à peu près fidèle du résultat d’un scrutin. On n’aurait qu’à observer les tendances de ce petit échantillon pour avoir une prévision fiable de ce qui se prépare pour l’ensemble. Aux États-Unis par exemple, tous les journalistes scrutent les résultats de l’Ohio, qui depuis 60 ans penche systématiquement pour la vainqueur des présidentielles américaines.
L’étonnant bureau 1011
Dans le cas du premier tour de dimanche, une piste intéressante se profile du côté du bureau 1011, celui qui est rattaché à l’école maternelle Ampère, à l’est de Strasbourg. Seuls 550 des 1 312 inscrits sont allés aux urnes pour le premier tour des élections municipales, mais les scores de ce bureau se rapprochent malgré tout le plus du résultat final, comme on peut le constater sur le graphique suivant :
On relèvera tout de même deux différences majeures par rapport à l’ensemble de la ville :
- le score particulièrement élevé du candidat Jean-Luc Schaffhauser, qui atteint dans ce bureau quasiment le double des suffrages que tous les électeurs de la ville lui ont accordés
- le score un poil plus élevé de la candidate d’extrême gauche Pierrette Morinaud par rapport à Armand Tenesso, seule différence par rapport à l’ordre final
Simple coïncidence ? Ok, mais les électeurs du bureau 1011 ont aussi voté pour le vainqueur des municipales de 2008 et de 2001, qu’il fût de droite ou de gauche :
Et ceux qui ont tendance à rapprocher les municipales de la présidentielle pourront vérifier qu’il faut remonter à 1995 pour que le bureau 1011 se trompe sur le vainqueur de ce scrutin :
Certes, il s’en est fallu de peu (onze voix précisément) pour que le bureau 1011 bascule pour Nicolas Sarkozy en 2007. Mais cela fait aussi partie du charme des « bureaux miroirs », ils peuvent parfois être déformants, mais jamais trop.
Les limites de la magie
On ne va pas prêter au bureau 1011 des pouvoirs qu’il n’a pas. Il suffit de considérer les législatives des années 2000 pour se rendre compte que les électeurs de bureau ne penchaient pas franchement pour le vainqueur.
C’est notamment le cas en 2002 où le bureau 1011 a majoritairement voté pour Roland Ries quand Marc Reymann allait finalement être élu.
Certes, ce bureau regroupant à la fois maisons individuelles, immeubles résidentiels et blocs proprets n’est pas encore au niveau de l’Ohio. Il n’empêche que les plus curieux pourront toujours jeter un coup d’oeil à ses scores dimanche soir, l’histoire de voir si son pouvoir prophétique se vérifie encore.
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