La place d’Akira Kurosawa au panthéon cinéphile est aujourd’hui indiscutable. Le cinéaste japonais y figure aux côtés d’Orson Welles, de John Ford ou encore de Jean Renoir. Pourtant, dans l’inconscient cinéphile occidental, il est encore trop souvent réduit à une poignée de films de sabre, à son œuvre phare, Les 7 Samouraïs, et à son association avec le comédien Toshiro Mifune.
Un apport inestimable à l’histoire du cinéma
Malgré l’excellent travail de certains éditeurs de DVD, le public, même averti, n’a pas encore pris la mesure de la diversité de la filmographie du maître nippon. Le cinéaste, dont l’œuvre s’étend des années 40 aux années 90, a bien sûr abordé l’histoire de son pays au fil de récits épiques. Mais il a également été l’auteur de films noirs et de récits à dominante sociale qui prenaient le pouls d’un Japon peinant à se relever d’une seconde guerre mondiale dévastatrice.
Et comme tous les maitres, Kurosawa a contribué à forger le 7ème art, à construire le média cinématographique tel qu’on le conçoit aujourd’hui. Peu avant lui ont su faire naître, en si peu de plans, une telle empathie pour des personnages aussi troubles. Au cœur des années 50, il a été précurseur dans la manière de filmer ses protagonistes, de les isoler dans l’action en usant de longues focales. Enfin, avec Rashomon, il a créé un nouveau mode de narration, où le point de vue sur l’action se trouve démultiplié.
Uniquement des copies restaurées
En choisissant de proposer l’œuvre d’un cinéaste majeur au public strasbourgeois, l’équipe des cinémas Star se trouvait face à une difficulté évidente, celle du choix des titres. Il était possible de ne proposer que des films de samouraïs ou simplement des polars. Il était envisageable de s’attacher à ses longs-métrages les moins connus ou enfin de projeter ses œuvres tardives.
Le choix, en l’occurrence, s’est fait sur le fondement de la qualité technique. Les neuf films proposés viennent de bénéficier d’une restauration et ils seront proposés en copie numérique neuve.
On pourra alors redécouvrir dans de superbes conditions Yojimbo, le film de sabre qui a inspiré Sergio Leone, ou revoir une prestigieuse Palme d’Or de trois heures, Kagemusha. Le public pourra se laisser surprendre par le tragique Vivre dans la peur, un film hanté par le spectre de la bombe atomique ou découvrir, avec Entre le ciel et l’enfer, que les Américains n’ont pas le monopole du film noir.
Avec deux à trois séances par jour, il sera peut-être complexe de tout voir, mais les cinéphiles devront se laisser guider par la curiosité. Peu importe le genre abordé, ils auront la garantie de faire la rencontre d’un réalisateur humaniste, à l’oeuvre profondément émouvante.
Chargement des commentaires…